Le vrai problème de tout changement à la tête d'une maison d'édition, c'est que par nature, les auteurs les mieux traités - souvent les meilleurs vendeurs mais pas que, il ne faut pas généraliser - ont développé des liens d'affinité avec la personne à la tête de la maison, et c'est bien naturel.
Du coup, quand on vous annonce que celui ou celle qui vous chouchoutait depuis des années s'en va, même sans processus de fusion/acquisition (facteur aggravant ici car d'autres personnes auxquelles les auteurs sont habitués et liés vont sans doute sauter), c'est rarement bien accueilli, faut être honnête.
Rajoutez la personnalité du nouveau propriétaire et patron du SNE, et sa bévue sur le fait d'annoncer la possibilité de revendre éventuellement Casterman pour faire face à la crise, transformant lesdits auteurs en vulgaires actifs financiers (ce que tout auteur est par contrat, ne nous voilons pas la face), et vous obtenez ce mouvement d'humeur.
Tout cela est finalement assez humain. On l'a déjà vu (Dupuis), et je gage qu'on le reverra bientôt ailleurs. (Le secteur va encore se concentrer, ma main à couper)
Il est assez inédit en ce sens que là, on parle de facilement 60 voire 70% du chiffre de Casterman. Donc forcément, ça fait bizarre.
En vrai, les auteurs signataires ne font que rappeler une évidence: une maison d'édition n'existe que grâce à ses auteurs. Ce n'est pas nier tout le boulot fait par les différents services de l'éditeur que de dire cela. Même quand on sait bien vendre des bouquins, avoir des bouquins à vendre, de préférence avec des "noms" dessus, c'est le BA-BA.
Finalement, ces auteurs rappellent préventivement qu'ils sont les patrons et qu'il faudrait voir à les considérer un peu mieux que comme de simples vaches à lait.
Prétentieux? Peut-être, mais l'ego des artistes, ça fait aussi leur charme...
Exagéré? Sur le fond, j'ai envie de dire pas tant que ça.
Maintenant, au SNAC-BD, on serait ravis que ces prestigieux confrères prennent leur adhésion et nous rejoignent dans nos combats.
