Les seconds métiers des dessinateurs

[Endorphine]

Dans une interview radio Fred Campoy raconte qu'il enseigne quelques heures par semaine en tant que prof de dessin. Ce second boulot lui permet d'arrondir ses fins de mois, son "salaire" de dessinateur de BD n'étant pas suffisant pour vivre.

1) Quel est le pourcentage de dessinateurs ayant un boulot en parallèle?
2) Dans quelle branche bossent-ils? Ils ne doivent pas tous être profs de dessin.

[Dark-Ranma]

C'est difficile de répondre à ce genre de question, il n'y a pas de règle établi.
C'est comme pour toute forme d'art, si tu as une reconnaissance suffisante, tu pourras vivre de ta passion ! Sinon tu seras obligé d'avoir un boulot alimentaire à côté. Cela est des fois un métier en rapport avec ton art mais ce n'est pas toujours le cas.
Après il se peut que certains grands dessinateurs, donnent des cours de dessins pour partager et transmettre leur technique.

[Dark-Ranma]

Pour exemple: au niveau scénariste, Olivier Legrand (Les quatre de Baker Street, Les derniers Argonautes, ...) est également prof de français en lycée. C'est un collègue de mon amie.

[Oncle Hermes]

C'est comme pour toute forme d'art, si tu as une reconnaissance suffisante, tu pourras vivre de ta passion ! Sinon tu seras obligé d'avoir un boulot alimentaire à côté.

Quand on voit la crise que traverse le monde de la BD, et où en sont certains auteurs pourtant pas de troisième zone, la reconnaissance suffisante, on peut se demander où on en place la barre. À mon avis ça relève plus d'une question de "sacerdoce" : est-ce que je suis prêt(e) à bouffer des pâtes pendant des années pour vivre ma passion et uniquement ma passion, même si ça veut dire être payé(e) en retour des clopinettes ?

Pour les autres, plus que profs, je pense que pas mal de dessinateurs bossent à côté soit dans le "graphisme" au sens large (publicité, tout ça), soit dans l'animation. Mais je n'ai aucune statistique là-dessus. Pour les plus chanceux / les mieux introduits peut-être, un poste "officiel" dans l'édition ?

Souvenir de deux discussions avec deux auteurs, pour alimenter le débat de cas concrets :

* Alexe, jeune dessinatrice de Lancelot. J'avais beau savoir que "c'est la crise", je me souviens d'avoir été effaré en découvrant combien elle était rémunérée. Je ne voudrais pas dire de bêtise car je ne me souviens plus avec précision, mais je crois que c'était de l'ordre de l'équivalent d'un mois de Smic par album. Et Soleil est réputé pour être l'éditeur qui paye le mieux les jeunes auteurs... Elle vendait ses planches originales pour arrondir les fins de mois.

* Man Arenas, scénariste et dessinateur de Yaxin le faune. Belle BD très poétique, onirico-contemplative, bref pas franchement commerciale. Mais son métier "de base", c'est animateur chez Disney, et pour le coup (à son niveau en tout cas) ça paye confortablement. Il a donc pu aborder son projet BD l'esprit libre de considérations financières, et faire ce qui lui plaisait, car il n'en attendait rien en termes de rentrée d'argent en retour...

[Jobe27]

2) Dans quelle branche bossent-ils? Ils ne doivent pas tous être profs de dessin.

Topic très intéressant, je serais curieux d'avoir des retours aussi car effectivement ils ne doivent pas tous être prof de dessin. Et puis la passion c'est bien beau mais il faut manger aussi

[Thierry_2]

à l'époque, fabien Lacaf bossait aussi dans le monde du storyboard (Astérix, entre autres)
Je crois que plusieurs auteurs font des piges dans le monde du ciné ou du jeu vidéo, pour du storyboard, du character design, de l'écriture (Letendre a travaillé un temps dans le staff d'auteurs de Dreamworks, il me semble)...
Frank (Excalibur, l'ours Plume 2) ou Conrad (le prince d'Egypte?) ont pas mal bossé dans l'animation, comme Wendling, il me semble (Excalibur)
Bézian a collaboré au dessin animé Belphégor (si, si, quand les studios français croyaient que la daube avec Sophie Marceau serait un triomphe et une franchise multi-média)
Il y a aussi des auteurs comme Igor Alban-Chevalier (la grenouille noire) qui travaille pas mal dans tous ces milieux. Son livre "conscience de vacuite" (tome 0 de ses carnets) revient sur son parcours et est très intéressant de ce point de vue (et pas que, c'est une lecture très agréable et édifiante sur les problèmes des jeunes auteurs). Il le republie ces jours-ci sur son tumbler:http://lagrenouillenoire.tumblr.com/
il y a aussi toutes les piges en illustrations en tous genres pour la presse: Pierre la Police dans GQ, Serge Clerc un peu partout... et la pub (Trondheim et une compagnie d'assurance qui m'échappe)
Réaliser une affiche est aussi un très bon "placement": moins de travail que pour une planche mais un prix largement supérieur.
et les activités plus surprenantes comme Laurent Vicomte qui faisait du design de bijoux.

[Oncle Hermes]

il y a aussi toutes les piges en illustrations en tous genres pour la presse: Pierre la Police dans GQ, Serge Clerc un peu partout... et la pub (Trondheim et une compagnie d'assurance qui m'échappe)
Réaliser une affiche est aussi un très bon "placement": moins de travail que pour une planche mais un prix largement supérieur.

Oui. Avec d'autres contraintes, cela dit. Je renvoie à la vidéo de l'intervention de Pénélope "Jolicœur" Bagieu lors d'une soirée "antiraciste" au Théâtre du Rond-Point l'hiver dernier, racontant comment un client ("grosse marque d'électroménager française") louvoyait en lui refusant ses différentes propositions pour le personnage : trop "métisse", trop "méditerranéenne"... jusqu'à la version à laquelle "toutes les Françaises vont pouvoir s'identifier".

(La vidéo avait fait parler d'elle avant d'être, mystérieusement, retirée d'un peu partout, y compris le site du Théâtre qui héberge pourtant d'autres vidéos de la soirée... Pression du client qui se serait reconnu ?... Mais comme rien ne se perd sur Internet, on arrive encore à la retrouver sur quelques sites, pas toujours très fréquentables il est vrai, genre "BuzzMoiÇa".)

[Thierry_2]

il y a aussi toutes les piges en illustrations en tous genres pour la presse: Pierre la Police dans GQ, Serge Clerc un peu partout... et la pub (Trondheim et une compagnie d'assurance qui m'échappe)
Réaliser une affiche est aussi un très bon "placement": moins de travail que pour une planche mais un prix largement supérieur.

Oui. Avec d'autres contraintes, cela dit. Je renvoie à la vidéo de l'intervention de Pénélope "Jolicœur" Bagieu lors d'une soirée "antiraciste" au Théâtre du Rond-Point l'hiver dernier, racontant comment un client ("grosse marque d'électroménager française") louvoyait en lui refusant ses différentes propositions pour le personnage : trop "métisse", trop "méditerranéenne"... jusqu'à la version à laquelle "toutes les Françaises vont pouvoir s'identifier".

(La vidéo avait fait parler d'elle avant d'être, mystérieusement, retirée d'un peu partout, y compris le site du Théâtre qui héberge pourtant d'autres vidéos de la soirée... Pression du client qui se serait reconnu ?... Mais comme rien ne se perd sur Internet, on arrive encore à la retrouver sur quelques sites, pas toujours très fréquentables il est vrai, genre "BuzzMoiÇa".)

Un peu la même histoire que celle racontée par Beigbéder dans 99Frs, avec la campagne pour le yaourt "maigrelette"

[Blueskin Pierre]

Quelques auteurs et leur "vrai" boulot:
Thierry Lamy (Hell West, Skraeling, Les combattants du rail) = bibliothécaire
Damien Venzi (Skraeling) = veilleur de nuit
Will Argunas (Missing, Black Jake) = Illustration, stages de bande dessinée (professionnel, ou même aux plus jeunes dans les écoles ou centres de loisirs), sérigraphiste
Denis van P (Joseph Carrey Merrick): banquier
Jérôme Jouvray, Jean-Denis Pendanx: profs de dessin / bande dessinée en école d'art

Comme dit par Oncle Hermès, beaucoup d'auteurs rencontrés sont graphistes / illustrateurs indépendants, aussi bien pour des affiches, dépliants comemrciaux, publicités, communication dans les entreprises, etc.

Malheureusement, je connais d'autres auteurs qui ont tout lâché il y a plusieurs années pour faire de la BD et en vivre suite à un premier succès, mais hélas par reproduit, et qui sont désormais dans la difficulté... Voire abandonné la BD pour prendre un boulot "normal" en entreprise, des fois très éloigné du dessin. Même vouloir refaire de l'illustration en indépendant est très difficile car pour avoir des commandes ça marche par réseau, et il faut avoir un bon carnet d'adresses qui se construit avec les années.

[Tibo!]

Laurent Seigneuret parle aussi de sa deuxième activité dans cette interview.

[henscher]

Je ne voudrais pas dire de bêtise car je ne me souviens plus avec précision, mais je crois que c'était de l'ordre de l'équivalent d'un mois de Smic par album. Et Soleil est réputé pour être l'éditeur qui paye le mieux les jeunes auteurs... Elle vendait ses planches originales pour arrondir les fins de mois.

Alors non, certainement pas.

Elle doit toucher l'équivalent d'un peu moins d'un smic par mois avec un album. Mais en aucun cas un album n'est rémunéré un mois de Smic, pas chez Soleil.

Par contre, grosso modo faut qu'elle tombe 5 à 6 planches par mois pour espérer toucher un vague Smic, en effet.

L'album entier équivalent à un Smic, c'est chez les escr... les petits éditeurs sans le sou.

[dundee]

[
Pour les autres, plus que profs, je pense que pas mal de dessinateurs bossent à côté soit dans le "graphisme" au sens large (publicité, tout ça), soit dans l'animation. Mais je n'ai aucune statistique là-dessus.

Il y a beaucoup de profs, peut-être 1/4 sur la quinzaine que je connais. A un stade tel, que ça devient presque une caricature... Prof de dessin = auteur raté/sans (gros) succès.
Par contre, à ma connaissance il y a peu de publicitaires, hors occasionnel. Parce que le dessinateur de bd français est souvent considéré comme assez lent, et peu apte à faire des nuits blanches. Et certaines boîtes de pub ont vu leurs effectifs salariés divisés par 7 ou 8 depuis la crise financière, ce qui permet de beaucoup relativiser la prétendue crise en BD.

Pour ton anecdote sur Soleil, c' était effectivement l' éditeur qui rémunérait le mieux les jeunes auteurs il y a 15 ans, période Boudjellal (raison pour laquelle le tirage d' amortissement était très élevé, et donc pas toujours de suite). Maintenant c' est Delcourt qui détient Soleil depuis 3 ans, le même Delcourt qui proposait parfois 2 fois moins de fric à projet égal il y a 12-15 ans.

Et il y a plein de cas particuliers, de l' ingénieur qui fait de la BD en hobbie et qui réussit à vendre 2 à 15 000 ex., à l' auteur très connu qui ne se rémunère que sur la vente de ses originaux sur 3 albums parce qu' il estime ne pas avoir besoin d' être payé , ou à l' auteur qui change subitement de métier (Sorel était devenu restaurateur pendant qq années).

[Boulon31]

Et il y a plein de cas particuliers, de l' ingénieur qui fait de la BD en hobbie et qui réussit à vendre 2 à 15 000 ex.,

C'est qui?

l' auteur très connu qui ne se rémunère que sur la vente de ses originaux sur 3 albums parce qu' il estime ne pas avoir besoin d' être payé

C'est qui?


Je suis pas curieux hein... mais j'aime bien de savoir

[spionkop]

Cossu, Foerster, Goffaux et Beuriot sont prof!
Jürg est tatoueur!

[buzznico3000]

il y a aussi Daniel Goossens qui enseigne et fait (je crois me rappeler) de la recherche ! c'est un brillant scientifique !

[Supergilgamesh]

Hergé bossait chez Mc Donalds pour arrondir ses fins de mois...

[ulys]

Quick plutôt...

[Supergilgamesh]

Quick plutôt...

En effet, autant pour moi...

[Boulon31]

N'importe quoi, il bossait dans un Apple Store c'est bien connu

[Supergilgamesh]

N'importe quoi, il bossait dans un Apple Store c'est bien connu

Non, ça c'était Edgar P. Jacobs, qui par ailleurs, avait une formation de garagiste...