L'éditeur qui ne fait plus le boulot technique, scan et autres. Refourgué aux auteurs. Ce qui était un boulot à part entière, scannériste (chromiste), photograveur, etc. a disparu. On se demande alors, s'il économise sur ces charges, pourquoi il baisse les revenus des auteurs, alors que ces derniers, faisant leur travail, sont moins rémunérés ? Ironie.
On pourrait (aisément) penser que le prix des albums, s'il y a moins de gens pour les réaliser, devrait baisser. Or il n'en est rien. Ils ne font qu'augmenter depuis 10 ans. Mais où va l'argent ?
Je m'étais insurgé, dans mon métier, quand on m'a demandé de faire le travail d'un autre, sans plus de rémunération. Résultat : j'ai été viré. "Si je prends son taf en plus du mien, je veux son salaire aussi". J'aurai du garder cette réflexion pour moi.
Le danger est là. Appauvrissement des auteurs, de la qualité au détriment de la quantité pour favoriser le profit. Démarche que l'on rencontre dans nombres de secteurs. Pas uniquement celui de la culture. Regardez l'agro-alimentaire... A quand la BD bio ?
Qui en souffrira ? Les auteurs compositeurs, dans un 1er temps. Dans un 2e temps, pour moi, je pense que la jeunesse en pâtira. Comment j'étais heureux quand j'avais mon Rahan, ou pif gadget ou dernier spirou et fantasio, tout fraîchement imprimé. Et comment ces lectures ont façonné ma culture et ma vie. Alors, bon, nos "djeuns" aujourd'hui ont le nez dans leur smartphone. je vois bien ma fille (13 ans), entourée de 2000 albums, mais préfère "tchater" que d'ouvrir un bouquin, pourtant sous sa main. Je ne suis plus certain aujourd'hui d'être aussi fermement contre la bande dessinée numérique. Et pourtant, en tant que maquettiste à l'ancienne, le support papier est pour moi le plus noble pour ce genre de revues. Mais si le numérique peut sauver une profession (bien qu'apparemment ce soit le contraire) alors pourquoi pas ? Et les auteurs ont-ils le choix ? Les éditeurs risquent gros. Car un auteur pourra donc (avec quelques connaissances techniques internet) facilement devenir son propre éditeur "digital". Ce qui est déjà le cas pour quelques auteurs "autoédités", ou avec système Ulule.
Les collectionneurs d'albums papier vont devenir des collectionneurs de fossiles.
Et dans 2 siècles, si la BD existe encore (je lui souhaite), un libraire (bds, livres, magazines) aura figure de paléontologue ou de gardien de musée
.
N'est-ce pas ce que l'on appelle l'évolution ? (bonne ou mauvaise)
"L'éternité c'est long ! surtout vers la fin". Woody Allen.