Les états généraux de la Bande dessinée

[El_Flocon]

Message précédent :
Ce n'est malheureusement pas neuf que de nombreux auteurs de bande dessinée (et illustrateurs) ont du mal à s'en sortir en raison de droits faibles, de ventes qui ne permettent pas un profit, etc.
La publication directe en album, sans passer par un organe de prépublication (type Tintin, (À Suivre) fait que les auteurs ne sont plus rémunérés par les journaux / revues, et on oublie la publicité pour l'album à sortir que permettaient ces organes de presse.

Du point de vue des éditeurs, qui cherchent comme toute entreprise à rentabiliser leur mise et à faire du profit, il faut publier suffisamment de titre pour que les succès compensent certains échecs commerciaux. La concentration en vogue depuis quelques temps dans le monde de l'édition (Soleil racheté par Delcourt, émergence de Madrigall, Bamboo qui rachète AUDIE etc) amène une concurrence toujours plus forte, et un climat économique de plus en plus tendu.

[Mr.Vince]

L'éditeur qui ne fait plus le boulot technique, scan et autres. Refourgué aux auteurs. Ce qui était un boulot à part entière, scannériste (chromiste), photograveur, etc. a disparu. On se demande alors, s'il économise sur ces charges, pourquoi il baisse les revenus des auteurs, alors que ces derniers, faisant leur travail, sont moins rémunérés ? Ironie.
On pourrait (aisément) penser que le prix des albums, s'il y a moins de gens pour les réaliser, devrait baisser. Or il n'en est rien. Ils ne font qu'augmenter depuis 10 ans. Mais où va l'argent ?
Je m'étais insurgé, dans mon métier, quand on m'a demandé de faire le travail d'un autre, sans plus de rémunération. Résultat : j'ai été viré. "Si je prends son taf en plus du mien, je veux son salaire aussi". J'aurai du garder cette réflexion pour moi.
Le danger est là. Appauvrissement des auteurs, de la qualité au détriment de la quantité pour favoriser le profit. Démarche que l'on rencontre dans nombres de secteurs. Pas uniquement celui de la culture. Regardez l'agro-alimentaire... A quand la BD bio ?
Qui en souffrira ? Les auteurs compositeurs, dans un 1er temps. Dans un 2e temps, pour moi, je pense que la jeunesse en pâtira. Comment j'étais heureux quand j'avais mon Rahan, ou pif gadget ou dernier spirou et fantasio, tout fraîchement imprimé. Et comment ces lectures ont façonné ma culture et ma vie. Alors, bon, nos "djeuns" aujourd'hui ont le nez dans leur smartphone. je vois bien ma fille (13 ans), entourée de 2000 albums, mais préfère "tchater" que d'ouvrir un bouquin, pourtant sous sa main. Je ne suis plus certain aujourd'hui d'être aussi fermement contre la bande dessinée numérique. Et pourtant, en tant que maquettiste à l'ancienne, le support papier est pour moi le plus noble pour ce genre de revues. Mais si le numérique peut sauver une profession (bien qu'apparemment ce soit le contraire) alors pourquoi pas ? Et les auteurs ont-ils le choix ? Les éditeurs risquent gros. Car un auteur pourra donc (avec quelques connaissances techniques internet) facilement devenir son propre éditeur "digital". Ce qui est déjà le cas pour quelques auteurs "autoédités", ou avec système Ulule.
Les collectionneurs d'albums papier vont devenir des collectionneurs de fossiles.
Et dans 2 siècles, si la BD existe encore (je lui souhaite), un libraire (bds, livres, magazines) aura figure de paléontologue ou de gardien de musée .
N'est-ce pas ce que l'on appelle l'évolution ? (bonne ou mauvaise)

[cronos59]

Y'a un truc que j'ai pas suivi, pour moi l'enquête auteurs c'était en 2015 et on avait déja eu les résultats... ils ont refait une enquête entre temps ou ils ont approfondi sur la base de 2015?

Je pensais que le plan c'était:

-2015 enquête auteurs
-2016 enquête éditeurs
-2017 enquête libraires

Ou un truc du genre. L'enquête éditeurs a été avortée finalement?

[nexus4]

Nope, 2015 c'est l’enquête quantitative sur formulaire avec participation spontanée. Résultats dévoilés en 2016. Cette enquête a été poursuivi par une étude qualitative sous forment d'entretiens dont ils ont résumé la substantifique moëlle lors de la session de cette année. Pour meubler un peu vu qu'il y a bcp moins à dire, en plus ce n'est jamais inutile, ils ont rappelé les chiffres de l’enquête en début de séance.

A venir éditeurs, libraires.
Et les lecteurs qui font vivre tout ce beau monde peuvent se la mettre sur l'oreille, c'est pas prévu ni souhaité.
On ne demande pas son avis à une vache à lait.

[cronos59]

D'ac merci. C'est vrai que les lecteurs et la presse auraient pu aussi être interrogés.

Bon aprés j'ai tendance à penser que tout ça ne pourra déboucher au mieux que sur une forme d'interventionnisme de l'état bien compliquée a mettre en place pour peu qu'elle ne soit pas stérile. Je vois mal les éditeurs changer quoi que ce soit suite a des résultats qu'ils connaissent de toute façon déjà.

[El_Flocon]

A venir éditeurs, libraires.
Et les lecteurs qui font vivre tout ce beau monde peuvent se la mettre sur l'oreille, c'est pas prévu ni souhaité.
On ne demande pas son avis à une vache à lait.

Ou alors, peut-être que les EGDB considèrent qu'ils se focalisent sur les professionnels du livre, ce qui ne serait pas insensé comme raisonnement.
Par ailleurs, la question du lectorat de BD a déjà été abordée dans La bande dessinée: quelle lecture, quelle culture ?
http://books.openedition.org/bibpompidou/1672. On peut télécharger le livre en PDF, il est en libre accès.

[nexus4]

Ok, ca me va. Surtout avec Guilbert dans la boucle. Mais il faudrait l'intégrer ne serait-ce que par une citation ou un lien à la démarche. Etudier un secteur d'activité sans évoquer le marché je trouve ça étonnant. Surtout que visiblement l'idée ne les avait pas effleuré un instant "Euh... oui, non, écoutez faites un truc à vous dans votre coin on vous rappellera".

[El_Flocon]

C'est vrai qu'il aurait été pertinent de mentionner cette étude, ne serait-ce que pour justifier l'idée que les EGBD se focalisent sur les professionnels uniquement.

[Xavier Guilbert]

C'est vrai qu'il aurait été pertinent de mentionner cette étude, ne serait-ce que pour justifier l'idée que les EGBD se focalisent sur les professionnels uniquement.

C'est un peu la limite des EGBD jusqu'ici, je trouve: ils ont été très attachés à se situer à l'écart des initiatives qui étaient déjà en place, dans une volonté d'affirmer leur indépendance et leur neutralité. Résultat, il y a plein de choses existantes et intéressantes qu'il serait bien de verser au dossier, mais qu'ils ne font pas, pour des raisons qui m'échappent.
(j'en ai un peu discuté avec Denis Bajram, mais sans que cela aille plus loin...)

[nexus4]

Du coup je le rajoute dans le premier post de "C'est la crise ?" où je réunis tous les documents intéressants sur le sujet.

[nexus4]

Je le remets ici :

CSG : UNE INJUSTICE EN VOIE D'ÊTRE RÉPARÉE ?
allo les chartistes
Le Conseil Permanent des Ecrivains remercie vivement Catherine Morin-Desailly, présidente de la Commission de la culture, de la communication et de l’éducation du Sénat, et la sénatrice Sylvie Robert ainsi que l’ensemble des sénateurs pour avoir déposé et adopté le 15 novembre un amendement permettant de revenir sur l’absence de compensation de la hausse de la CSG pour les auteurs et les artistes.

Cet amendement, qui prévoit de compenser dès 2018 la hausse de la CSG par une réduction du taux de la cotisation vieillesse, doit encore fait l’objet d’un vote favorable à l’Assemblée nationale.

La ministre de la Culture a indiqué dans un communiqué publié après le vote au Sénat qu’elle défendrait cette solution pérenne devant l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen en deuxième lecture du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Pour rétablir totalement l’équité entre la population des artistes-auteurs et le reste des actifs, il conviendrait toutefois qu’une solution complémentaire transitoire puisse être mise en place pour les auteurs et les artistes non affiliés, puisque ce n’est qu’en 2019 que tous cotiseront pour la retraite de base.

Le soutien du Sénat et, nous l’espérons, de l’Assemblée nationale sur la situation des auteurs et des artistes, constituera un signe fort dans le cadre des grandes réformes annoncées pour le statut social de ces populations.

Le Conseil Permanent des Écrivains :
ADAGP, ATLF, Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, Cose Calcre, EAT, Maison de Poésie, Pen Club, SACD, SACEM, SAIF, SCA, SCAM, SELF, SGDL, SNAC, Union des poètes, UNPI, UPP.

[Bolt]

(avec des commentaires écrits par des personnes méritant d'être privées de rotules).

Je digresse mais ces commentaires ne sont qu'un miroir de cette chasse aux sorcières généralisée (depuis quelques années ?) appliquée à tous les domaines (artistiques, secteurs publics, etc... ). Pour positiver, j'ai envie de dire que ce n'est pas la pensée dominante mais certaines discussions au détour d'un café me font (très) peur. Fin du HS

[cronos59]

Je me demandais ça en est ou cette histoire... Il y avait pas une enquête éditeur sur le feu?

[Anianka]

Pour l instant j ai pas l.impression que ca avance pour trouver unesolutionsur le fond du probleme.
Y a eu une petite avancée sur la CSG , mais a part ca a par quelques guides pratique a destination des auteurs sur comment ne pas(trop) se faire baiser en negociant son contrat, on n est pas vraiment au courant des avancées.
A mon avis tant que le circuit de distribution restera le même je ne pense pas que la situation des auteurs s ameliore.