Lu et validé.
J'ai relu le T1 pour me remettre bien dans l'ambiance.
J'ai bien aimé !
Malgré tout l'ensemble n'est pas exempt de défauts et — comme pour Shangri La — je trouve que le travail manque un peu de maturité. Bon pourtant j'ai regardé (vu que je ne connaissais pas l'auteur, Chauzy est né en 1966, donc pas un jeunot non plus quoi, si on m'avait demandé j'aurais dit qu'il s'agissait d'une œuvre d'un jeune artiste. Je pense que certaines réactions auraient pu être peaufinées, plus vraisemblables, voire que certaines sont manquantes, par exemple :
quand la mère meure les deux garçons ne semblent que peu affectés. Je me serais attendus à ce que le plus jeune craque et que le grand le secoue en lui criant dessus qu'il faut continuer, avancer et survivre, qu'ils n'ont pas le choix... J'aurais attendu aussi ce discours de la part de la mère à un moment donné ou à un autre. Et aussi qu'elle leur interdise de gâcher des cartouches pour s'amuser, qu'elle leur demande de prendre au maximum de la nourriture qui se garde quand ils ont le choix, qu'elle leur apprenne à se tenir prêt à se mettre en embuscade en triangle pour garantir leur survie/défense en cas de danger, qu'elle se serve du dicco pour reconnaître des trucs à manger dans la nature, qu'elle pense à embarquer les flingues des flics qu'ils ont tués
De même que certains détails manquent de réalisme, par exemple :
une famille se fait arrêter en voiture, la fille et la mère sont séparés du père et du fils qui sont tués. OK ça me semble réaliste dans le cadre d'une situation apocalyptique, mais le truc con, c'est qu'ils leur ont piqué les fringues ensuite, et on voit bien qu'ils ont été shootés en pleine poitrine. Je veux bien mais qui, même dans ces conditions aurait envie de mettre un tee-shirt et un pull criblé et sanguignolant ? Ou bien encore les coups de feu à répétition de fusils qui semblent plutôt être des modèles de chasse... Marcher la nuit : OK ! Très bonne idée ! Mais si c'est pour s'éclairer à la lampe torche on devient encore plus visible qu'en plein jour ! Idem pour le refuge qu'ils trouvent dans une maison : ils ne font pas de feu pour cuire leur viande mais toute la maison est allumée grâce à l'électricité qui fonctionne. Par ailleurs, pourquoi un morceau de viande aurait dû être cuit au feu dans la cheminée et qu'il deviendrait à peine mangeable cuit à la poêle ??? Faut m'expliquer... Il l'aurait cuit à la bougie OK mais là on mange tous les jours comme ça en chauffant sur une gazinière quoi...
Pas mal de détails qui agacent un peu, c'est dommage...
Enfin le dessin est parfois maladroit dans les visages, la physionomie ou les postures (cheval, biche) ou certains détails (canon et mire d'un fusil).
Une fois n'est pas coutume donc, j'ai commencé mon avis par les défauts. Peut-être parce que sans ça on avait un truc qui aurait pu être encore plus prenant et meilleur...
Bref, globalement pas sans défauts donc et manquant de maturité pour moi — malgré l'âge avancé de l'auteur !
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et pourtant je trouve que ça putain de fonctionne bien ! Si je puis me permettre ! Ceci grâce :
- à une tension constante tout le long des 200 pages de cette histoire
- à l'absence de temps mort
- à la dynamique de la mise en scène (découpage et forme des cases, dessin pleine page, panoramique extra large sur une double page, etc.)
- à la colorimétrie variée en fonction des scènes, souvent pastel et grisâtre, mais parfois contrastée, de couleurs vives quand un événement survient
15/20
PS : pour moi le diptyque peut s'arrêter là. Inutile de continuer pour avoir plus d'explications sur le pourquoi de la situation. La situation est ce qu'elle est. De savoir si c'est un mouvement tectonique de la plaque asie ou autre n'a aucune importance amha... La fin reste ouverte,
on sait qu'ils vont devoir continuer à survivre dans un monde devenu hostile...