Jopo de Pojo a écrit:Oui, revu aussi hier soir. Et toujours la même impression : au fond, Jodo ne voulait pas vraiment réaliser ce film, mais ciseler sa légende en contactant le maximum de stars. La scène avec Mick Jagger est un peu ridicule… Et finalement ce making of est exactement ce qu'il voulait, tout à sa gloire.
Si on le considère uniquement comme un gourou, ce point de vue se défend. Mais Jodo ne serait alors qu'un simple manipulateur, un génie malhonnête, jouant la comédie jusqu'au bout, y compris au moment où le tournage du documentaire eut lieu.
Mais on peut aussi voir derrière ce meneur, un homme profondément mystique littéralement habité par son projet. Il déclare qu'il se serait coupé un bras pour que le film se réalisât. Il était prêt à endosser les infirmités de ses personnages de papier, Arno ou le Bouncer, sans parler de ceux de ses films. Ou alors, il ment comme il respire.
Effectivement, le "gourou" Jodo n'avait eu aucun mal à entraîner dans son sillage des gars un peu dans son genre, les Moebius, Giger, Foss, O'Bannon, les membres du Floyd, de Magma. Ainsi que les plus coriaces et redoutables (Dali, Welles). Et cette force de persuasion avait dû le gonfler à bloc encore davantage qu'il ne l'était, lui donner une confiance en lui démesurée.
Fourmillant d'idées et se voulant un deus ex machina, il était aveuglé et croyait en sa bonne étoile. Des forces cosmiques étaient à ses côtés (dans sa tête). Ayant surmonté les obstacles précédents, convaincre les comptables d'Hollywood n'était que l'étape finale ; il se voyait emporter leur adhésion comme il avait réussi à le faire avec les artistes précités.
Et du coup, tellement habité par son truc mystique, il aurait manqué de lucidité pour évaluer la réticence des studios devant les coûts et la longueur du film. Ces mecs ne partageaient ni sa foi, ni son enthousiasme. Mais Jodo ne s'étant entouré que de gens talentueux mais en phase avec lui, il était trop détaché des réalités, n'avait plus suffisamment les pieds sur terre.
La même mésaventure était arrivée bien des années plus tôt à Erich Von Stroheim (film excessivement long de 6 ou 7 heures, et trop en avance sur son temps, trop audacieux, avec des scènes orgiaques d'un réalisme très cru, à la limite du porno) et l'aide financière de la star Gloria Swanson n'avait pas suffi pour que le film vît le jour.