Ainsi se trouve-t-on amené au cœur du fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l'événement doit opter pour l'une des deux solutions possibles : ou bien il s'agit d'une illusion des sens, d'un produit de l'imagination et les lois du monde restent alors ce qu'elles sont ; ou bien l'événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire, ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu'on le rencontre rarement.
Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu'on choisit l'une ou l'autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel.
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Je vais m'inscrire un peu en faux par rapport à l'analyse de Catel si je garde la définition du fantastique donnée par le critique Todorov dans son ouvrage "Introduction à la littérature fantastique".
L'hésitation entre l'hallucination (étrange) et le phénomène surnaturel avéré (merveilleux) apparaît peu ou pas du tout dans les scénar d'Uderzo, qui me donnent plutôt l'impression d'un grand parc d'attractions enfantin bourré de clichés mal digérés, un grand n'importe quoi comico-burlesque sans le talent des Marx Brothers.
Le problème n'est pas qu'Uderzo ait voulu transformer la série, le problème est qu'il l'ait fait sans pertinence ni maturité, qualités qui auraient été nécessaires à un traitement "fantastique" d'Astérix.
Encore heureux qu'il n'ait même pas essayé, d'ailleurs: car il aurait pu s'inspirer de l'imaginaire celtique, de la légendaire forêt de Brocéliande, et là le massacre aurait été bien plus grave. Qu'il détruise son personnage si ça l'amuse mais par pitié, qu'il laisse la Bretagne tranquille...