toque a écrit:Et Rachel Khan je l'ai jamais vu intéressante et je l'ai toujours trouvé dans l'excès. Mais ça se trouve je me trompe.
De mon côté, je la trouve plutôt intéressante,
Rachel Khan.
Si je n'ai pas (encore) lu son bouquin,
Racée, ce que j'ai pu apprendre d'elle dans divers articles et émissions ne m'a jamais fait soupçonner un quelconque excès de sa part. Si j'ai bien compris, c'est même l'inverse de l'excès qu'elle prône lorsqu'elle dit :
« Cette déclaration de la maire de Chicago n'advient pas comme ça d'un coup comme un cheveu sur la soupe. C'est la logique du dogme racialiste poussé à l'extrême, par certaines associations comme celle de Fara Khan. Depuis plus d'une trentaine d'années, et c'est ce que j'évoque dans mon livre Racée, certaines personnalités afro-américaines ont pris ce genre de positions radicales ».Ainsi que :
« J’espère qu’un jour on pourra se définir seulement par son nom et son prénom. »Ce qui n'est à mon avis pas près d'être acquis, même chez nous où certain(e)s se voient encore refuser un logement ou un boulot parce que leur nom sonne « trop ceci » ou « trop cela ».
Elle-même refuse de s'adjoindre une couleur lorsqu'elle s'exprime et insiste sur le fait qu'il est de plus en plus difficile de se définir. Pourtant, elle ne rejette pas les étiquettes et indique que
« En France, on aime bien coller une étiquette selon ce qu’on fait, comment on se définit. Ce n’est pas méchant, les gens ont besoin de repères ».
Par définition, ce n'est pas « méchant », une étiquette. Et ça nous aide autant à « comprendre » les autres que nous-mêmes. Mais pourquoi s'enfermer dans cette empoignade sur les étiquettes ?
Cette femme qui se « définit » elle-même comme
« Afro-Yiddish tourangelle » (ni noire ni blanche mais les deux, ainsi que plein d'autres choses), refuse de « choisir un camp » et son bouquin pose plusieurs questions importantes, dont :
« [...] comment vivre cet excès de « races » à l’heure des replis identitaires où seule la radicalité importe ? Comment se positionner avec ce « pedigree » alors que l’injonction est de choisir un camp ? »Ce qui est regrettable, c'est que l'article du Figaro ne fera que conforter les certitudes des uns et des autres (les commentaires à cet article sont majoritairement affligeants, certains indiquant d'emblée que l'article n'a même pas été lu), les encrera dans leur douillet et rassurant
« je vous l'avais bien dit » plutôt que de réellement réfléchir aux questions soulevées.
L'heure ne semble toujours pas être à la discussion mais bel et bien à l'empoignade générale. Un peu comme ici, quoi... C'est loin d'être nouveau mais ça n'en est pas moins triste à pleurer.