Sentiment franchement mitigé de mon côté à la lecture de ce T.2, pour ne pas dire déçu.
Je crois que ça tient en bonne partie au fait que je ne m'étais pas du tout posé la question de
quand se passait l'histoire du T.1 (n'ayant jamais lu
Les Rochester) -- ou si je l'ai fait, ce n'était pas une préoccupation majeure --, alors que le T.2, lui, m'a répondu...
Dans le T.1, n'était la voiture de police de la dernière case qui nous ramenait un peu brusquement vers le temps présent, c'est peu dire qu'il n'y avait pas grand chose pour évoquer de façon "réaliste" l'Angleterre d'aujourd'hui, mais l'intrigue fantastique et l'ambiance campagnarde faisaient passer les choses. On était dans une sorte de fantasme (franco-belge) d'Angleterre éternelle, qui, dans le cadre d'un petit divertissement pas prise de tête et assez bien mené, ma foi, fonctionnait plus ou moins.
La vente Coco Brown commet, à mon sens, l'erreur de ne pas nous laisser ce luxe. J'ai dû relire plusieurs fois les premières pages tellement j'étais perturbé par la différence entre les images et ce que je comprenais par le texte. L'allusion à
Sex & the city, c'est un clin d'oeil pour le lecteur, mais ça ne peut pas vraiment être à ça que le personnage pense... La "crise" évoquée avant... c'est forcément celle du siècle dernier, pas d'aujourd'hui... non ??? Non. Et Dufaux d'enfoncer le clou (de cercueil) avec des références précises et explicites à Rupert Murdoch et l'affaire
News of the World.
Le scénario dissémine cette fois des éléments (références à l'actualité, présence de téléphones portables, d'appareil photo numérique...) qui ne nous laissent pas ignorer que cela est censé se passer dans les années 2010, alors même que tout le reste, les décors, la majorité des costumes, la typologie et le comportement des personnages, évoque plutôt le Londres des années 50-60 (et encore)... À croire que ni Dufaux ni Wurm n'ont plus fichu les pieds dans la capitale de la perfide Albion depuis des lustres, s'ils l'ont jamais fait !
Un exemple révélateur, parmi d'autres, de cette paresse ? Regardez ce qui roule dans les rues. Le parc automobile anglais semble se composer à 95% d'autobus rouge à impériale (entre lesquels se faufile de temps en temps une Rolls ou une Mercedes). J'ai fini par les compter tellement ça tourne au gag, il y en a pas moins d'une quarantaine : pas mal pour un album de 46 pages ! (Il faut dire qu'ils semblent se déplacer en troupeaux : fréquence de passage à l'arrêt, un toutes les dix secondes...)
Dans ce contexte, le "
So british !..." en grosses lettres de la 4e de couverture prête à rire -- jaune.
Tout cela serait encore de l'ordre de la coquetterie de style ou du péché véniel si au moins le reste de l'intrigue tournait rond. Hélas, entre l'humour lourd et rarement efficace, et une enquête policière assez mal fichue qui ne se résout que par des pages et des pages et des pages et des pages d'explications
a posteriori, je n'ai pas trouvé grand chose à sauver de cette lecture en dehors du charme de son héroïne. Qui ne saurait suffire à tout.