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Dans un futur aseptisé et indéterminé, la société est hiérarchisée en trois classes sociales distinctes. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Aujourd’hui, pour avoir découvert des graines de tomate et avoir osé les faire pousser chez elle, une jeune femme est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.
Un one shot absolument brillant qui sort le mois prochain :
je trouve ça excellent. beaucoup plus réussi, sur un sujet très proche, que le récent Sérum, de Pedrosa/Gaignard. c'est glaçant, construit avec une intelligence rare, une économie de moyen tout aussi rare, une foule de choses passe par le non-dit, on évite les lourdes démonstrations appuyées de nombre de fables dystopiques (à part le coup de la Joconde, mais c'est plus un clin d'œil qu'une lourdeur). Un bouquin qui va me rester en tête durablement, à la manière d'un SOS bonheur. Premier coup de cœur de 2018 pour moi.
la société décrite est d'une normalité quasi absolue, l'absurde n'y a pas sa place. et l'on perçoit très clairement vers où nous emmène la police de la pensée qui se déploie pas après pas, ce néopuritanisme insidieux qui chemine dans nos sociétés, cette aspiration vers toujours plus de désincarnation de l'humanité... il y a tout cela dans cette tomate, et plus encore, rarement une telle économie de moyen aura produit une telle richesse thématique.
(le scénario semble coécrit par Régis Penet et sa compagne, Anne-Laure Reboul, et si graphiquement on est loin de la grâce de son Antigone ou de la puissance de son Lorenzaccio, la rigueur et la froideur qu'il impose ici à son trait sont parfaitement en phase avec le sujet)