de Folatre » 02/05/2012 16:14
Bon dans la suite logique de mon arrivée sur le forum je me devais de dire pourquoi j'avais aimé cet BD à laquelle j'ai emprunté mon avatar !
Après avoir eu longtemps le nez plongé dans les longues séries de comics, de mangas ou de productions de chez Soleil je reconnais que me plonger dans un "one-shot" fut comme un grand bol d'air frais.
Je crois que l'objet dans son ensemble est très agréable à découvrir. Il se présente un peu comme un livre à l'ambition faussement historique avec la préface et la postface qui se présentent en complément de l'histoire pour instaurer un réalisme plaisant. La BD semble en effet émerger du XIXème siècle. Le trait d'Edith n'est pas sans nous rappeler parfois ces dessins que l'on retrouve sur les vieux journaux humoristiques aujourd'hui vendus sur les brocantes. Quant aux paysages et à l'histoire, ils nous replongent dans le Paris de la fin du XIXème avec le souvenir encore amer de l'échec de la Commune de Paris.
La BD reprend d'ailleurs avec un certain talent le style et les thèmes du mouvement "décadentiste" de l'époque. Elle se fait la plupart du temps sombre lorsqu'elle traite du mal-être des personnages, et elle gagne en lumière et en humour lorsqu'elle dépeint les rassemblements festifs des zutistes (un cercle qui a véritablement existé) ou encore lorsque les personnages s'essayent à la drogue.
Et puis il y a le fantôme du Comte de Lautréamont en toile de fond qui est bouleversant ! Des visions d'horreur discrètement dispersées dans les recoins des planches, le fantôme de Lautréamont qui revient aussi souvent et avec autant d'intensité qu'il obsède les divers personnages, des extraits des Chants de Maldoror viennent couronner parfois l'histoire et le dessin comme pour mieux accompagner la BD.
Le tout est servi par une histoire très fluide qui approche du registre de l'enquête. Le scénario parait tellement efficace qu'on ne trouve presque rien à redire dans l'histoire, qu'il n'y a aucun moment qui nous inspire de la lassitude ou du doute, tant cela tient bien à cette l'aura que dégagent les poètes maudits qui ont fait durant cette période la richesse de notre littérature. Cela me fait penser que nous avons connu biens des poètes maudits dans la littérature et la musique principalement, un peu au cinéma. Par curiosité, est ce que vous songez à des auteurs de BD semblables ?