Ce n'est pas à proprement parlé un happy end, mais je crois que c'était plutôt dans les mœurs de l'époque que d'avoir des récits avec une note un peu tragique à la fin (le passe-muraille), un peu dans la suite d'un Maupassant.Mais surtout, il me semble que le cœur du récit, c'est justement cet attachement d'un visage à une personnalité: le héros se rend compte qu'avec un visage plus jeune, plus avenant, il devient désirable et désiré, il peut aussi s'en servir en atout de sa réussite professionnelle, il est donc plus sur de lui, plus entreprenant, plus ambitieux. Mais, le retour à son état initial brise un peu ses espérances, surtout, il ne lui permet plus de prétendre à certaines choses (cf. la réaction de la Sarrazine). Il doit donc se contenter de reprendre sa vie précédente, comme si rien ne s'était passé (est-ce qu'une des morales de l'histoire est qu'on ne peut radicalement changer du jour au lendemain, qu'on es condamné par nos actes antérieurs, notre être matériel, à ne vivre qu'en dessous de nos rêves et que l'évasion n'est qu'éphémère... et cruelle? Je ne sais pas.) Il connaît désormais ses limites selon sa femme mais il n'a pas les moyens de les dépasser. Dans le même temps, lui a aussi appris qu'elles étaient les limites propres à son épouse, et j'ai l'impression qu'il s'y attache d'autant plus: à la fin du récit, tous deux savent qu'ils ne sont pas des êtres parfaits, pas invincibles, ni en vérité, ni même aux yeux de leur moitié, mais ils en sont d'autant plus attachés l'un à l'autre ("tu m'aimes enfin pour ce que je suis, pas pour ce que tu rêves que je sois").
Enfin, pourquoi n'explique-t-il pas tout à sa femme? Je pense qu'elle ne le croirait pas, mais surtout, comment expliquer à votre épouse que vous l'avez trompée, que vous lui avait fait révéler le plus profond de sa pensée sur vous-même, par le mensonge, et comment lui faire admettre que merveilleux un temps, vous êtes redevenu le lourdeau ordinaire, l'homme si basique qui ne la fait plus rêver?