« Quand les tomates sont farcies, y a plus qu’à les mettre au four ». C’est sur cette pensée profonde que Gabriel prend son courage à deux mains avant de franchir la porte de la maison. Celle où vit désormais la petite Qinaya. À ce moment précis, dix-huit mois se sont écoulés depuis que les services sociaux sont venus la chercher pour la ramener auprès de sa mère biologique au Pérou, à Lima.
Avec pour prétexte de ramener son vélo, lequel symbolisait le début de complicité avec sa petite-fille adoptive, Gabriel ne pouvait s’attendre à mieux que de revoir une enfant heureuse et épanouie. En espérant intiment qu’elle reconnaisse son achachi. Qinaya finira par lui apporter la quiétude nécessaire pour qu’il laisse passer le petit nuage. Désormais, telle une Garùa, Gabriel va devoir affronter la brume épaisse qui se trouve face à lui et pour se frayer un chemin, il pourra compter sur un compagnon nommé Marco.
Car ce n’est pas encore le moment pour le patriarche Van Oosterbeeck de rentrer auprès des siens. Le destin et le nombre de vols limités en décident autrement. Le temps pour lui de comprendre ce qui l’a vraiment conduit jusqu’au Pérou. Quelques points communs vont rapprocher naturellement Gabriel et Marco. Ce dernier, avec sa propre quête, va aider notre protagoniste à comprendre que ce qu’il était venu chercher en Amérique du Sud, il le possédait déjà. Le boucher retraité qui clame à qui veut l’entendre « qu’il n’y a pas plus tendre comme viande que le cœur d’un papa », ne s’était pas rendu compte qu’il avait endurci le sien. Jusqu’à ce qu’une petite fille de quatre ans lui ouvre les yeux.
Monin offre avec L’adoption toute l’étendue de son talent. Si l’on devait donner un exemple, ce serait celui où ne l’on voit pas toujours le regard de Gabriel à travers ses verres de lunettes teintés. Le visage de ce dernier étant tellement expressif que cela n’est aucunement gênant. Des couvertures à la profondeur de ses personnages. Des ambiances chaudes et colorées à celles plus troublantes. A. Monin donne cette agréable sensation qu’il s’est complètement approprié cette histoire.
Pour toutes ces raisons évoquées, ce serait avec grand plaisir de pouvoir retrouver ces deux auteurs dans un nouveau projet commun.
Au final, en relisant le diptyque dans son intégralité, on s’aperçoit que cette tranche de vie remplie de sensibilité et d’humanité, est d’une constante fluidité. L’adoption est une comédie dramatique qu’on découvre, qui nous séduit et qu’on adopte sans hésitation.
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