euh, pour moi, s'il y a un malaise, c'est qu'il y a une part de verite
pour ma part, ca m'interesse d'avoir son avis
ca m'interesse qu'on me montre sous un angle different, et po forcement joli joli, des comportements qui me semblait banals jusque la
je n'ai aucune raison de croire a son desespoir, a la repression que nous, heteros, imposons au reste du monde inconsciement la plupart du temps
j'ai vraiment po envie de lui faire fermer sa gueule
ca peut po faire de mal de se retrouver le nez dans son caca, meme si c'est po forcement agreable
Je n'ai pas non plus envie de lui faire fermer sa gueule non plus ! Sinon je n'aurai jamais été jusqu'au bout du tome 3 !
Là où le bas blesse dans son discours, c'est qu'il se victimise en tout. Il n'est responsable de rien, ce sont les autres qui sont coupables d'être différents, de ne être tels qu'il voudrait qu'ils soient et de refuser la vie qu'il conçoit.
Il y a certainement des choses sensées dans sa définition des rapports homo/hétéro, avec le rejet du système "d'acception" ou de "tolérance" des uns par rapport aux autres ; puisque cela entend qu'il y a quand même une catégorie qui se sent supérieure à l'autre. Mais ce discours n'est pas nouveau et les associations homo ne cessent d'en parler.
Sauf que dans son "Journal", la situation homo de Fabrice Neaud sert souvent de prétexte pour expliquer des malentendus qui peuvent n'avoir aucun rapport avec sa sexualité.
Autant le dire tout net, Neaud était certainement dans l'époque qu'il décrit un incroyable emmerdeur.
Quand tu écris
"euh, pour moi, s'il y a un malaise, c'est qu'il y a une part de verite", j'avoue qu'au contraire, le malaise que j'ai vécu à la lecture de certains chapitres découlait d'une impression de manipulation du lecteur par le narrateur.
Il y a des blancs qui persistent dans les relations qu'il a avec son entourage. Certains faits ignorés de nous sont sous-entendus dans les répliques des autres.
Je prends juste un exemple de tête (je n'ai pas le livre sous la main au moment où je tape ces lignes) : dans la dernière partie, juste avant l'engueulade monstrueuse qui aura lieu au sujet du transport pour la fête finale, le narrateur présente avec une sorte de fierté la "machination" qu'il a monté pour avoir suffisamment de voitures pour aller en boite. Il y a même un plan rapide pour montrer l'ingénuosité de l'organisation. Pour rappel, il arrive à "convaincre" une amie d'utiliser sa voiture. Et c'est justement pendant ce trajet "victorieux" qu'explose l'engueulade qui va déclenché la fin du séjour dans une ambiance épouvantable.
La raison ?
Si on prend les explications de F. Neaud : grosso modo la fille passe pour une conne (pardon de l'expression) absolue qui pique sa crise d'un coup sans raison. Elle devient responsable de tout.
Les faits semblent être autres, surtout si on s'arrête sur une seule réplique de la nana en question : elle en a marre (entre autre) de servir de chauffeur à tout bout de champ sans qu'on lui demande son avis et à l'impression d'être la bonne poire sur qui tout le monde s'assoie.
Or qu'est ce qui a bien pu déclencher un tel état d'esprit ? Une crise de ce genre ne se déclenche pas comme ça en une seconde. Il devait y avoir des signes extérieurs qui annonçaient l'exaspération. On les gomme.
Qui plus est, dans le discours du narrateur il n'y a aucune trace qu'un lien puisse exister entre l'explosion et ce qui
doit en être le détonateur : la manière qu'on a eu pour lui faire prendre sa voiture ce soir là. Et qui s'est chargé de l'en convaincre ? Le narrateur !!
Comment cela a t'il été présenté ? Lui a t'on demandé si ça la gênait ou l'a t'on mise devant le fait accompli ? Nous n'en avons aucune idée... et pourtant c'est ce qui a déclenché la suite. Ce moment était important, et il est effacé.
Mettons nous dans la même situation quelques heures plus tard : vous avez une voiture et vous conduisez des amis en boîte. Vous le faites volontairement, cela n'exige donc aucune félicitation particulière, mais le geste peut au moins être apprécié comme un service rendu. Là vos amis s'engueulent violemment. Votre soirée est donc bien partie pour être foutue, mais vous n'avez pas fait des kilomètres avec
votre voiture pour vous retrouver le bec dans l'eau. Survient alors un de vos amis, lequel n'est pas véhiculé, qui
exige d'être reconduit immédiatement parce que son amour propre a été blessé.
Entre nous, comment pouvons nous considérer un tel individu ? Le ton de la narration est sans remord, sans la moindre parcelle de doute sur son bon droit. Vous ne sentez aucune gêne, vous ?!
Il ne s'agit que d'un exemple au mileu de bien d'autres.
Ce que j'essaie d'expliquer, c'est qu'il y a à mon sens une opposition totale et continuelle entre le message exprimé tout le long du livre et le comportement du personnage : voilà un individu qui exige, demande, supplie pour bénéficier d'un minimum de considération dans les yeux des autres et qui, page après page, ne cesse de s'essuyer les pieds sur celle qu'il devrait avoir pour ses proches.
Quand on lui fait injure, c'est un crime, quand il fait exactement la même chose à autrui, c'est son droit.
Mes commentaires sont certainement très durs. Mais je tiens à être clair : pour les lecteurs prêts à entrer dans un livre difficile, ils connaitront une véritable expérience de lecture. Ce n'est pas un album mauvais, c'est un album violent.