«
Je vais te montrer quelque chose» éditeur
Carabas
D’abord intrigué par le titre, mais que veut il bien vouloir nous montrer ? (D’ailleurs tous les albums de
Jason on des titres plus ou moins énigmatique) je fus surpris de découvrir un Thriller, l’histoire d’
Alex témoin d’un meurtre, qui va tenter d’échapper à un tueur à gage… Mais très vite je m’aperçois que l’intrigue n’est pas essentielle ici. Et
Jason s’intéresse plus à ses personnages et à l’observation d’un échantillon de la communauté humaine pour en retranscrire ses maux.
Comme la difficulté, voir l’incapacité, à s’intégré à la société qui ne tolère pas la marginalité,
Alex est obnubilé par le fait qu’il n’a aucune anecdote à raconter lors d’une soirée. La misère affective et sexuelle,
Alex n’arrivant pas à oublier son amour perdu, reste enfermé chez lui à écouter en boucle une chanson racontant une séparation déchirante, ou bien est surpris par son ex-petite amie dans une maison de la presse à mater une revue porno. L’envie d’un foyer socialement normalisé, de
Géraldine est flagrante, elle et sa fille rêvent de former une vraie famille et vont même jouer une scène à trois de la vie quotidienne, pendant un repas, avec
Alex dans le rôle du père absent. Séquence surréaliste et tellement banale à la foi. A noter que
Géraldine est la seule personne à lui avoir fait confiance dans ce monde où la TV vous juges avant la justice légale. Et c’est elle qui va lever le voile sur le titre de cet album en montrant quelque chose à
Alex … sa blessure laissée par un mec violent, père indigne qu’elle a rejeté. C’est cette cicatrice qu’elle tient à montrer. D’ailleurs tous les personnages ont des blessures qu’elles soient physiques ou morales, comme le commanditaire du meurtre ; Un vieil homme pleurant sa femme décédée lors d’un accident de voiture et devenue icône dans son appartement …
Mais
Jason pointe aussi les petites faiblesses quotidiennes, comme la lâcheté du responsable de ce bain de sang incapable de ce dénoncé aux autorités judiciaires et qui va ainsi livrer
Alex à une mort certaine. Ou bien l’usage de la dénonciation au flic, du moindre fait étrange de son voisin. La police parlons-en, prompt à tendre l’oreille au premier témoin venu, et à utiliser les medias comme renfort, elle tue le temps avec des jeux confinant au plus profond ennuie, l‘inspecteur
Libens construit des châteaux de cartes dans son bureau ou bien s’exerce au tire à l’élastique sur des boites de conserves.
Je n’ai pas parler du tueur, un être calculateur froid et sans pitié, ne dégagent aucune humanité, à la question a-t-il déjà connu l’amour, la détonation de son arme vient confirmer que nous sommes en présence d’une machine.
L’épilogue nous ramène à la vie quotidienne ou durant une banale soirée entre amis, et pour paraître tout aussi intégré à cet échantillon de la société,
Géraldine va interrompre les inévitables « Beau » parleurs et leurs anecdotes vides de sens, pour raconter son expérience avec la mort d’un homme.
Rien d’hollywoodien donc, dans le traitement de cette histoire. Ici on est dans l’intime.
Une remarque sur la couverture de cet album qui est remarquable et graphiquement très réussit, l’utilisation de la fenêtre. Vous remarquerez que
Jason utilise souvent, dans ses autres récits, la fenêtre et le cadre que forme celle-ci à l’intérieur de la case. C’est assez symptomatique pour ne pas être anodin, il nous signifie par ce code à quel point ses personnages sont prisonniers d’un système coercitif qu’ils ne peuvent maîtriser.
Ici la chasse à l’homme est jouée d’avance.
Alex en contre jour est enfermé par le cadre de la fenêtre, face au tueur en pleine lumière, sa mort est inévitable.
MERCI et Bonne lecture
MA
NU … prochainement je parlerai de «
Mauvais chemin » aux éditions
Atrabile