J’étais totalement passé à côté du one shot originel en 2020, mais avec la sortie de ce tome 2 mes libraires ont insisté, comme le 1 était l’un de leurs gros coups de cœur à l’époque, pour que je teste.
Acheté le 1, lu en début de semaine. Et j’ai adoré : je ne regrette qu’une chose, ne pas l’avoir fait à l’époque. Si les graphismes sont effectivement variables (jolis décors, belles ambiances, personnages parfois inégaux), ils restent solides et offrent une bonne immersion (encore une fois, la force des ambiances).
Surtout, le récit étant une lente descente de la surface vers les entrailles, il y a une réelle alternance de décors et d’ambiance, et le dessinateur maîtrise bien les passages des uns aux autres.
J’ai particulièrement apprécié l’arrivée dans les serres hydroponiques de ceux de la Terre, c’est très beau.
En effet, le fait que le récit soit un véritable « planet-opera » comme spécifié par l’éditeur nécessitait une grande adaptabilité pour Rochebrune (que je ne connaissais pas du tout jusqu’alors), pour passer de la mer à la forêt, de la nature aux machines.
Scénaristiquement, le tome 1 est vraiment très prenant, malgré un début un peu poussif, tout en noir et rouge, nous sommes balancés directement dans l’action et j’ai mis du temps à bien rentrer dans l’histoire. Par contre, une fois dedans, on ne lâche plus jusqu’au bout. Et, si la fin est partiellement anticipable (j’avais déjà une vague idée sur l’identité
), il n’empêche que c’est bien maîtrisé.
Cette fin, propre et nette, laisse effectivement une ouverture, mais on peut tout à fait s’arrêter-là, sans aucun manque.
J’ai ensuite fait le choix d’acheter puis de lire ce tome 2. Comme souvent, avec en plus le côté « découverte » en moins, le récit n’égale pas son prédécesseur.
Côté positif : les graphismes sont toujours propres niveau ambiances et décors, la narration est toujours bien rythmée et on se retrouve vraiment directement dans la suite du tome 1. De plus, l’angle d’approche proposé par Bajram/Mangin est intéressant et intelligent, faisant écho à l’actualité de notre monde
avec les volontés de révolte de quelques abrutis, souvent jeunes, autour d’idéaux non-maîtrisés et d’une certaine culture de haine de l’autre.
Il n’y a donc pas de redondance, ce n’est pas « on prend les mêmes et on recommence », mais bien une nouvelle histoire dans le même univers, avec les mêmes personnages et à la temporalité très proche.
Côté négatif : les graphismes sont toujours moyens sur les personnages (j’ai eu du mal à différencier pas mal des nouveaux, et parfois même à retrouver les anciens du tome 1, c’est dire…), le récit a offert moins de variété de paysages, c’est plus monotone et sombre, plus renfermé et étouffant.
La narration, bien que maîtrisée et offrant un angle original, souffre parfois de lenteurs (j’ai eu du mal par exemple avec
tout le côté psychédélique autour du Grand tout, les planches bordéliques sans lisibilité. Ce n’est pas ma came, on dirait du Druillet ou du comics type Swamp Thing d’Alan Moore. C’est trop décousu pour moi, qui préfère le classicisme.
Au final, je dirais que le tome 1 est une vraie valeur sûre, un excellent opus de S-F que je relirai plusieurs fois avec grand plaisir. Par contre, pour le 2, je me referai une lecture dans 2-3 ans mais pas certain de le garder à vie.
Pour ceux qui l’ont lu d’ailleurs, une question sur la fin du 2 :
est-ce que vous pensez qu’il y a une production de robots Ellis en batterie, et qu’il s’agit d’un nouveau modèle, ou est-ce qu’il y a un bidouillage temporel à la UWO ?
"Mais la plus belle des victoires, mon fils, est de faire battre le coeur de ton peuple.
Je te confie cela, car lorsque ma vie s'achèvera,
Toi, tu seras roi. »
Terenas Menethill II