Quelle série!
Je ne rappellerais jamais assez quand même que la série Man-thing de Steve Gerber est un must-have.. avec celle-i et Omega The Unknown on a une plongée dans la psyché d'un auteur foutraque et bien engagé!
Notre canard se retrouve donc piégé dans un monde qu'il n'a pas bâti.. Ne le sommes-nous pas tous? Il va y rencontrer l'amitié, l'amour, le désespoir, l'envie de se foutre en l'air, les délires de puissance, un homme grenouille, un vache vampire, un comptable qui veut bénéficier du dividende cosmique, un homme radis ou de la théorie du complot, des sorciers, des super-héros, l'incompétence, le racisme et Kiss.. Il va être candidat à la présidence, faire une sorte de burn-out, rencontrer souvent l'injustice..
Bon cette intégrale (comme les tp US divers et variés) commencent avec des bouts d'une histoire de Man-Thing déjà alambiquée.. ca n'aide pas. Parfois aussi ca peut aller trop loin ou pas assez et prendre des raccourcis.. mais bon sang quelle série!! Je redis que Steve Gerber est pour moi le prototype de les auteurs modernes, qu'il fait déjà du "proto-Vertigo" mélangeant discours politique, satire, absurde, action. Et dans Howard, il est à son meilleur! Le personnage est d'ailleurs un prête voix à l'auteur qui peut pousser ses coup de gueule mais qui ne se loupe pas non plus lui-même. Howard peut être autocentré et borné et parfois méchant.
Les bonus en fin de tome avec l'interview de Steve Gerber est assez émouvante..
Je terminerais aussi sur le fait que Frank Brunner et Gene Colan sont aussi à leur meilleur dans le trait et le découpage. Que Steve Leiahola offre un encrage en finesse. Et que sinon on a du dessin de John et Sal Buscema ou de l'encrage de Tom Palmer et Klaus Janson, ce qui n'est pas mal non plus.
Le Canard c'est bon!
La série continue dans sa première version. En effet, 2 numéros reviendront à l'époque de la sortie du film mais aussi un magazine noir et blanc prendra la suite chronologique de ce qui est publié ici.
Le gros de l'histoire est une longue histoire avec Dr Bong que Steve Gerber ne finira pas entrecoupé d'histoires où Howard devient humain, une saga cosmique avec Dakhim et Jennifer Kale ou le cirque du crime.
Tout au long des ces histoires Howard va se retrouver confronté à ce monde dans lequel il est piégé et dont l'absurdité peut le rendre fou. Alors ce monde est bien le notre, certes avec des du fantastique donc un peu plus merveilleux que le notre.. c'est dire.
On part certes sur des satires des 1001 nuits, Dr Fatalis, Star Wars, Iron Man mais la vraie satire est sur le monde réel et qui reste malheureusement en résonance avec l'actualité.
Howard passe encore par toutes les émotions et souvent la colère voire des envies suicidaire (oui c'est la satire rigolote mais pas que) avec la censure, la pauvreté, l'égocentrisme humain, le matérialisme sans parler d'un superbe épisode sur les délais pour les scénaristes et les dessinateurs (deadlines).
Le tome est peut-être un peu moins fort que le premier. D'abord car l'intrigue avec Bong est très diluée mais aussi car Steve Gerber sera débarqué de la série suite à des problèmes de deadline avec le strip Howard mais aussi sa volonté de récupérer le personnage d'Howard qui le conduira à engager des poursuites à l'encontre de Marvel. Mais aussi il est donc remplacé par Bill Mantlo avec aussi Marv Wolfman ou Mark Evanier qui prendront la relève ou serviront des fill-ins et ne seront pas à la hauteur de Steve Gerber. Il faut aussi dire que peu d'auteurs de l'époque l'étaient. S'ils suivent le coté satirique culturelle, il peinent à dégager une satire politique et sociétale et surtout font de Howard plus un râleur simple à la Ben Grimm ou Nick Fury et manqueront tout le coté plus humain. En effet, Howard est un relais qui permet à Steve Gerber de se mettre à nu et donc il est le seul à pouvoir donner toute la nuance du personnage.
De l'autre coté si Colan est toujours à son meilleur encré par Klaus Janson. On peut penser que Colan aura deux séries majeures avec Dracula et Howard même si Dr Strange et Daredevil sont trés proches. Cependant il est aussi remplacé par M. Netzer, Carmine Infantino ou Will Meugniot qui sont moins intéressants. D'autre part si Val Mayerick revient sur le personnage qu'il a crée dans Man-Thing, force est de constater qu'il n'est pas au niveau qu'il avait sur cette série.
Il y a le fameux épisode sur les deadlines qui est constitué double page par pleins d'artistes.
Malgré tout ces bémols, Howard reste une des grandes séries Marvel d tous les temps et l'une des plus singulières que je recommande particulièrement.