de the frog » 14/11/2017 18:46
Soit Le Lombard nous a menti, soit les auteurs ont estime qu'ils avaient encore quelque chose a dire. En effet, quand le premier album sortit en 2014, on nous avait annonce qu'il n'y en aurait que 3. J'avais beaucoup aime comme je vous en avais fait part a l'epoque. L'annonce de cet album m'a donc surpris car non seulement je pensais que la serie etait finie mais aussi que si un quatrieme etait donc annonce, cela voulait dire qu'elle avait remporte suffisamment de succes pour que Le Lombard la continue. Or, je n'ai pas beaucoup lu d'interventions dessus.
Ce qui est un tort car c'est presque aussi bien que Largo Winch, le cote bling-bling en moins. Pour faire image, Largo Winch serait Las Vegas avec tous ces neons clinquants, et Hedge Fund aurait l'aspect austere d'une rue du quartier de Wall Street a New York le soir apres 19h. Et j'aime bien cela.
Mais attention, austere ne veut pas dire chiant, Hedge Fund ne l'est pas et cet album confirme tout le bien que j'avais pense des 3 premiers. Apres les deboires qu'il y a vecus, le heros, Franck Carvale, a decide de se racheter et de gerer son hedge fund en respectant des valeurs ethiques telles que respecter le droit du travail et l'environnement. Oups! se disent les actionnaires de ce fond d'investissement qui ne veulent pas entendre ce genre de discours puisqu'ils ne pensent qu'a la rentabilite a court terme et non a long terme comme le preconise notre heros. Ce fond a perdu beaucoup d'argent recemment a cause de cela et menace Franck de le virer afin qu'il aille cultiver son jardin. Notre Candide est bien embete. Il doit rechercher un nouvel investisseur. Par chance, une jeune femme, sensible a ce discours, decide de lui confier une partie de son argent. Or, cette tres jolie jeune femme a herite de $20 milliards. Elle est originaire d'Erythree et a ete adoptee par de tres riches milliardaires qui a leurs deces lui ont legue leur fortune. Elle veut faire quelque chose pour son pays d'origine et a pense a Franck Carnavale et son beau discours. De fait, ils partent tous les deux la-bas et decouvrent ce que peut etre un des pays les plus pauvres du monde (le cinquieme selon la BD), et ils ne sont pas decus. La dictature y regne et tout le monde y est corrompu, le dictateur en tete cela va de soit. Il ne faut pas oublier l'ex-tuteur de la belle qui a bien l'intention de mettre son grain de sel dans cette histoire, il est difficile de voir echapper la gestion d'une telle fortune quand on n'est pas tres scupuleux. Finalement, la belle est volage et prefere aller s'amuser ailleurs avec ses amis (?) et sniffer de la coke plutot que de rester dans ce pays misereux. Tout cela forme un cocktail bien fort et au gout tres interessant.
Le scenario est bien ecrit alternant les quelques scenes explicatives pour les neophytes comme moi, peu au fait des questions de la finance internationale, et les autres. Il n'y a pas de scenes d'action a la Winch, mais cela ne veut du tout dire que l'action n'est pas soutenue, bien au contraire, elle l'est tout au long de l'album. Les scenaristes, dont l'un, Philippe Sabbah, est banquier, ce qui explique le contexte de la BD, respectent les conventions du genre et delivrent un excellent travail. Les personnages sont bien caracterises bien que tombant parfois dans les cliches mais cela permet au lecteur de suivre l'histoire sans etre perdu en cours de route quand il y a de legeres digressions qui enrichissent certains personnages. Mais on ne sait pas encore si elles en sont, nous le saurons dans le prochain episode car evidemment, cette histoire se termine sur un cliffhanger.
Le dessin de Patrick Henaff est tout fait conforme aux canons de la collection Troisieme Vague dans laquelle cette serie s'inscrit. Il est realiste bien entendu, ses personnages sont bien types et on ne les confond pas les uns avec les autres, comme cela arrive trop souvent. Et surtout, j'ai l'impression qu'il utilise un miroir pour dessiner les expressions de ses personnages tel Jacobs ou Herge qui demandait a ses collaborateurs de le croquer afin qu'ils capturent l'expression qu'il voulait donner a un des ses caracteres. De ce cote-la, je dois dire que c'est une reussite et cela ne rend que l'ensemble que plus vivant. Je presume qu'il utilise la table lumineuse pour les decors afin qu'ils soient le plus realiste possible mais j'ai aussi la tres nette impression qu'il le fait avec parcimonie ou a tout le moins qu'il a suffisamment de metier et qu'il est sur de son coup de crayon pour que cela ne soit pas trop visible et ecrase trop les personnages, ce qui arrive egalement trop souvent parfois. Pour finir sur le dessin, les planches sont bien composees et l'ensemble est d'une lisibilite exemplaire.
A l'issue de ma lecture, je suis ravi que les auteurs aient decide de continuer cette serie, j'espere que la suite de cet album paraitra dans un delai court qu'il ne le fut pour les deux premiers titres, 9 mois seulement. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud.
Je recommande chaudement si vous voulez vous distraire intelligemment. C'est passionnant et vous ne le lacherez pas avant la fin.
"Schtroumpfer, voilà ma devise!" Peyo