Quel fan de "Donjon" n'a jamais rêvé de connaître les origines de la saga ? Dans un album grand format, découvrez les coulisses de la création d'une épopée d'héroïc fantasy qui séduit des hordes de lecteurs depuis 25 ans.
Comment la saga "Donjon" a vu le jour ? Pourquoi un kyste aux fesses a définitivement scellé son incroyable destin ? Découvrez les réponses à ces questions et bien plus encore dans cet album exceptionnel incluant les storyboards originels des premiers tomes de la série, des recherches graphiques inédites et les échanges épistolaires de ses deux créateurs, Joann Sfar et Lewis Trondheim.
DOUBLE PREVIEW : Donjon Monsters de Gatignol et Donjon de Boulet (en plus des tauliers
Papsukal a hérité d'un immense château de la part d'un magicien, Blaise Pilozzi. Mais il ignore que ce cadeau a une contrepartie... jusqu'au jour où il se réveille loin de chez lui, couvert de vomi. Il comprend alors que le sorcier profite de son sommeil pour prendre possession de son corps. Décidé à mettre fin à cette cohabitation, Papsukal part en quête d'une solution magique.
LA PREVIEW du David B. :
Qu'est-il arrivé au Gardien devenu squelette ? Entre « Zénith » et « Crépuscule », Lewis Trondheim, Joann Sfar et David B. nous entraînent dans un monde cauchemardesque et fascinant.
Le Gardien se réveille sous terre, cadavre parmi les cadavres, au côté de l'amour de sa vie, Alexandra. Il est maître de ses pensées mais pas de ses mouvements ni de sa mémoire, qui semble lui faire défaut. Où sont-ils ? Pourquoi une voix qui ressemble étrangement à celle de Marvin les obligent à la suivre ? Et pourquoi doivent-ils attaquer Herbert ?
Double preview !! +
Pour reconquérir le Donjon tombé aux mains de Guillaume de la Cour, le plan est simple : Marvin, Isis et Herbert doivent trouver du fugus purit et l'utiliser pour déloger les occupants actuels de la forteresse. Mais est-ce vraiment le plan du Gardien ? Nos héros vont devoir lutter contre tous pour sauver le Donjon. Et en parallèle, Marvin réussira-t-il son Tong Deum de fiançailles ?
Syd, l'auteur de cet excellent et très complet 1er post, ne venant plus sur le forum depuis 2011, je reprends les modifs utiles à apporter en tête de topic.
L'ORDRE DE LECTURE :
Par ordre de sorties des albums : https://www.senscritique.com/liste/Saga ... 12#page-1/
Wikipédia a écrit:Lire des albums de Donjon par ordre de parution permet de suivre la construction de l'univers de Donjon dans l'ordre où les auteurs l'ont créé. Pour pouvoir comprendre toutes les références, clins d’œil, etc. aux autres albums publiés préalablement.
Par ordre chronologique : se référer au classement des albums allant de l'an -400 à +200 à la base, et pour l'instant de -99 à +111 : https://www.senscritique.com/liste/Donj ... 67#page-1/
Wikipédia a écrit:Lire les tomes par ordre chronologique du Donjon permet de suivre l'évolution du Donjon et celle des personnages et de comprendre les différentes implications entre les époques.
Par série :
Donjon Potron Minet : les origines
Donjon Zenith : l'apogée de l'histoire
Donjon Crépuscule : la fin
Donjon Monsters : série parallèle qui s'articule non pas sur l'intrigue générale mais autour des personnages
Donjon Parade : reprend indépendamment des aventures de quelques-uns des personnages, aventures bonus en quelques sorte
Wikipédia a écrit:Lire les tomes par séries permet de s'habituer au style de narration et du style du dessin qui diffèrent d'une série à l'autre et de ne pas perdre le fil des aventures du héros.
Ou bien par l'ordre proposé par zemartinus
Ordre qui semble ne pas manquer d'intérêt (cf. page 165 de ce même sujet) : https://www.bdgest.com/forum/fan-de-don ... l#p3738733
Meuzobuga a écrit:Sinon, pour la première fois je le lis dans l'ordre suggéré par zemartinus .
Et il est excellent : mêlant ordre de parution et court de l'histoire.
L'ordre chronologique normal est bien, l'ordre de parution est compliqué à suivre mais intéressant, là Zemartinus en liant les deux trouve le meilleur des deux.
D'autres infos sur DONJON sur la page Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Donjon_(b ... sin%C3%A9e)
Salut,
Voici un petit travail fourni à l'université de Liège lors d'un séminaire de "problématique de la bande dessinée". Je me suis dit que ça serait bête de ne pas en faire profiter les camarades de BD-gest.
Bonne lecture!
Syd
PRESENTATION DE LA SERIE «DONJON»
INTRODUCTION
L’Oubapo et la bande-dessinée alternative
A la fin des années 80, suite à la disparition de la plupart des revues de bande dessinée, la majorité des auteurs se retrouvent sans support de prépublication. La profusion de périodiques des années antérieures laisse brusquement place à un dépeuplement des magazines de bande dessinée et entraîne une sorte de marasme artistique. Les éditeurs prennent un minimum de risque en publiant principalement des auteurs consacrés, des valeurs sûres. On assiste donc à une multiplication de séries à caractère classique, calquées sur le succès des précédentes. Inutile de préciser que cette politique éditoriale laisse peu de place à la création artistique et à la recherche de nouveaux critères esthétiques. La contrainte économique, plus imposante, pousse les éditeurs à chercher la garantie du succès dans des formules éprouvées et fiables. Dès lors, de nombreux jeunes auteurs ayant pour ambition de proposer d’autres choix stylistiques ou narratifs rencontrent le refus de la plupart des grands éditeurs. Pour exprimer leur talent, ces auteurs se tournent alors vers des petites maisons d’éditions ou encore, prennent personnellement en charge leur publication.
L’Association est l’une de ces maisons née, en 1990, de la collaboration de six jeunes auteurs dont aucun éditeur ne voulait. Cet éditeur alternatif réunit rapidement une série d’artistes, souvent amis, qui initient ensemble une démarche esthétique nouvelle : l’Oubapo. Faisant référence à l’Oulipo, l’Oubapo -OUvroir de BAnde dessinée Potentielle- se fonde, comme son pendant littéraire, sur l’utilisation de contraintes formelles. Ainsi, une série d’expériences originales voient le jour : BD de format cubique, BD dont un nombre extravagant de pages est imposé à un récit improvisé, planches reproduisant le même dessin mais variant le contenu des bulles, BD collectives, exercices de réduction, de substitution iconique, de dérivation, etc.
Du point de vue du contenu, les auteurs laissent place à l’anecdotique, à l’autobiographique ou au récit subjectif. Ce qui ne les empêche pas de revisiter certains genres classiques. Mais le ton reste impertinent et d’un réalisme croustillant. Le style graphique, quant à lui, se veut d’avantage synthétique et iconique que proche de la reproduction réaliste. Les cadrages et mises en page sont rarement novateurs, sauf si les contraintes formelles de l’Oubapo l’imposent, et l’on assiste souvent à un retour de la mise en page en «gaufrier». Ainsi, les productions les plus répandues de la bande dessinée alternative masquent souvent leur contenu novateur sous une apparence classique.
Lewis Trondheim
Parmi les six fondateurs de l’Association, on trouve Lewis Trondheim (Laurent Chabosy de son vrai nom), qui marque l’Oubapo par l’une de ses premières créations : Lapinot et les carottes de Patagonie (1992). Durant les années 90, l’auteur publie une soixantaine de bandes dessinées signées tantôt comme auteur unique, tantôt comme collaborateur au scénario ou au dessin. Une production féconde due au coup de patte rapide de Trondheim. Son style animalier unique et synthétique lui attire rapidement l’admiration de son lectorat et les éloges de ses collègues. Sa nature d’auteur prolifique lui permet de publier des albums en marge des productions hermétiques de l’Oubapo. C’est ainsi que la série des Formidables aventures de Lapinot, initiée à l’Association, sera poursuivie chez Dargaud et bientôt suivie par Les formidables aventures sans Lapinot. Ces «aventures», qui n’en sont pas vraiment, traversent les clichés de la bande dessinée, les renversent et les rétablissent à l’aide d’une série de personnages, d’anti-héros, dont les préoccupations existentielles les rapprochent d’avantage au lecteur qu’à des héros inaccessibles comme Tintin ou Blueberry.
Trondheim se concentre d’avantage sur les intentions et les traits de caractères de ses personnages que sur la mise au point d’une perspective ou la reproduction fidèle d’une automobile. Afin de masquer certaines imperfections graphiques, le dessinateur utilise d’ailleurs un pinceau épais pour ses premières planches. Il n’est pas rare d’observer le rejet, voire le dégoût, du lectorat de séries à tendance plus classique, manifesté devant ces bandes «mal dessinées». Enfin, malgré une esthétique faussement naïve, les albums de Trondheim s’adressent généralement à un public averti. En témoigne Approximativement (1995), BD autobiographique caustique qui illustre de manière brillante les recherches de la bande dessinée alternative.
Avec un sens du dialogue, une maîtrise du gag et un dessin intelligent, Trondheim a véritablement apporté une fraîcheur propice à la bande dessinée contemporaine.
Joann Sfar
Joann Sfar commence à publier chez Guy Delcourt, en tant que scénariste pour la série Troll. En parallèle, il collabore à l’Association et à divers éditeurs avant de se voir confier, à nouveau chez Delcourt, le dessin de Pétrus Barbygère (1996), scénarisé par Pierre Dubois. Cette aventure en deux tomes va ancrer Sfar à un univers nourri d’un imaginaire hétéroclite, bariolé, qu’il affectionne particulièrement. Avec ce ton singulièrement familier et proche du quotidien qui le caractérise, Sfar revisite les genres : fantastique de la fin du XIXe (Le Professeur Bell), mythologie égyptienne (La fille du professeur), histoires de vampires (Petit Vampire, Grand Vampire), légende arthurienne (Merlin), croyances et culture juives (Le Petit Monde du Golem, Le Chat du rabbin, Les Olives noires), péplum (Socrate, le demi-chien), etc. Plus encore que Trondheim, sa production est incroyablement féconde : environs quatre-vingt albums en une dizaine d’années.
Avec des dialogues rudimentaires mais remarquablement vifs et directs, avec ses histoires rocambolesques mais non dépourvues d’interrogations essentielles, Sfar impose sa griffe de dessinateur et de scénariste brillant. L’humour côtoie des accents sensibles et la critique sociale n’est jamais loin face à ces personnages qui, d’Héraclès au professeur Bell, rappellent à l’homme ses préoccupations essentielles.
DONJON
Naissance de la série et principes de base
En 1998, Joann Sfar et Lewis Trondheim, qui se connaissent depuis plusieurs années, entament une série médiévale fantastique humoristique intitulée Donjon. Le premier album, publié chez Delcourt et ayant pour titre Cœur de canard, relate les mésaventures d’Herbert le canard. Ce personnage central était à l’origine un personnage de Trondheim qu’il avait imaginé pour un jeu-vidéo. Il a été le déclic des deux auteurs pour imaginer cet hommage humoristique des jeux de rôles et de l’héroïc fantasy. Le centre de l’histoire est le Donjon : une titanesque forteresse regorgeant de passages, de trésors et de monstres, destinée à appâter les aventuriers en quête de gloire et de fortune.
Le deuxième tome est publié la même année et c’est alors que germe, dans l’esprit des auteurs, l’idée ahurissante d’organiser une série titanesque construite autour du Donjon et de ses protagonistes. La série se compose de différentes périodes chronologiques dont le cycle central, baptisé Donjon Zénith, est celui entamé par Cœur de canard. Ainsi paraissent en 1999, à quelques mois d’intervalle, les premiers albums des cycles Donjon Crépuscule, dessiné par Sfar, puis Donjon Potron-Minet, dessiné par Christophe Blain. Le principe original de faire s’entrecroiser des séries n’est peut-être pas nouveau mais il trouve son paroxysme avec la série Donjon. En effet, la numérotation des albums prévoit, logiquement, une série de minimum 300 tomes. Les auteurs sont conscients qu’il s’agit plus d’une gageure partie d’un délire et s’amusent de ce concept démesuré :
«Ainsi que Lewis et moi l'avons beaucoup répété, et contrairement aux apparences, le but poursuivi n'est pas de multiplier les albums comme d'autres les pains. Le fait d'annoncer cent albums de chaque série permet de suggérer l'éloignement dans le temps entre les divers événements décrits, c'est tout. Si un jour nous parvenions à boucler la boucle, ça serait un miracle, mais on préfère se concentrer sur le fait d'écrire de bonnes histoires» (Joann Sfar).
«On nous a souvent demandé si on allait vraiment faire ces 300 albums. Au début, on disait non. Maintenant, on se dit pourquoi pas ?» (Lewis Trondheim).
Trondheim et Sfar ne se contentent pas des trois époques et d’autres séries naissent rapidement : Donjon Parade, dessinée par Manu Larcenet et Donjon Monsters employant un dessinateur différent pour chaque tome. La première se situe entre le tome 1 et 2 de Donjon Zénith et relate des aventures humoristiques vécues par Herbert le canard et son ami Marvin le dragon. La seconde est plus ambitieuse et consacre chacun de ses tomes à un personnage secondaire de la série à travers toutes les époques du Donjon. Le risque, bien entendu, est de multiplier les invraisemblances avec des albums publiés dans le désordre mais sensés être construits sur une ligne chronologique harmonieuse. Les deux auteurs-scénaristes s’en sortent néanmoins parfaitement dans les 21 volumes publiés à ce jour et les anicroches sont minimes et invisibles pour un lecteur qui n’est pas pinailleur. Le regard croisé de Sfar et Trondheim leur permet déjà d’éviter les errements. Leur méthode d'écriture est identique d’un album à l’autre. Des embryons d’idées personnelles à la mise en forme finale, la conception de chaque tome est le fruit d’une collaboration rapprochée. Enfin, plusieurs signes aident aussi à identifier une série par rapport à une autre. Nous tenterons de les repérer dans une approche plus détaillée des différentes séries.
Influences et références
L’univers du Donjon, situé sur la planète imaginaire de Terra Amata, possède sa propre géographie et sa propre histoire, toutes deux constituées et enrichies au fil des parutions d’albums. Si Sfar et Trondheim y ont apporté quantités d’éléments tirés de leur imaginaire, il ne faut pas négliger les nombreuses sources qui ont inspiré la série.
Par son titre, Donjon fait déjà ouvertement référence au jeu de rôle Donjons et Dragons. Et, dans le sillage de ce jeu, c’est une multitude de renvois au médiéval fantastique, à l’héroïc fantasy et même aux jeux vidéos, que l’on s’amuse à retrouver dans les pages de la série. Y sont illustrés des personnages, des décors, des situations voire des dialogues qui sont des références à peine dissimulées : magiciens, dragons, barbares, auberges mal famées, sociétés secrètes, justiciers masqués, puissants objets magiques, quêtes inaccessibles sont autant d’ingrédients savamment distillés dans ce cycle multiforme.
Donjon Zénith
«L’époque Zénith raconte l’apogée du Donjon»
C’est par cette phrase que le cycle Donjon Zénith est présenté à ses lecteurs. A chaque série correspond le style graphique d’un dessinateur et un ton particulier. Dans cette période, dessinée par Trondheim, nous sommes plongés à travers un univers médiéval fantastique conventionnel. Le Donjon est au faîte de sa gloire :
«Le Donjon, c’est plus de mille morts par mois. C’est une entreprise florissante. On arrive vêtu de sa plus belle armure, arborant tout un fatras d’armes précieuses et d’objets magiques en croyant être un héros. On massacrouille vaguement un ou deux monstres. Et puis les adversaires se faisant de plus en plus forts, fatalement, on finit par se faire tuer. Et l’or que l’on a volé dans les premières salles s’amoncelle dans les suivantes, ainsi que les armes et les breloques que l’on a amenées avec soi.»
Le Donjon est donc une entreprise. Comme toute entreprise, elle possède son patron, le Gardien, son règlement et ses employés. Parmi ces derniers, on trouve Herbert le canard. Personnage pleutre, vague aristocrate d’un duché lointain, qui va rapidement être entraîné dans diverses aventures dont il ne contrôle que très mal le déroulement. Dès la première histoire, Herbert se retrouve attaché malgré lui à l’Épée du Destin et à la Ceinture du Destin adjointe au Fourreau rétif, un objet magique lié au destin de Terra Amata. Marvin, un dragon végétarien, est un des autres employés du Donjon. Homme de main du Gardien et ami d’Herbert, Marvin est un rude combattant à l’âme sensible. On observe également divers personnages du Donjon plus ou moins secondaires comme un gardien des monstres, un gestionnaire des dépenses, un nécromant et un magicien responsable, entre-autres, de l’entretient des boules de cristaux (les téléphones mobiles du Donjon).
Cette série, riche d’un humour décalé qui revisite les codes de l’héroïc fantasy, présente donc les épopées rocambolesques d’Herbert et de Marvin qui vont amener progressivement la transformation radicale que l’on découvre dans Donjon Crépuscule.
Donjon Crépuscule
«L’époque Crépuscule relate la fin du Donjon»
Cette fin donne à la série Crépuscule un ton tragique et sombre bien éloigné des aventures enjouées de l’époque précédente. La planète de Terra Amata s’est arrêté de tourner et les survivants habitent une mince bande de terre où se rencontrent le jour et la nuit entre deux faces : l’une composée d’un désert brûlant, l’autre d’un froid absolu. L’humour présent dans ce cycle est noir, voire carrément glauque. Le Donjon est devenu la Forteresse Noire de la Géhenne, une armée d’oppresseurs sous les ordres du tyrannique Grand Khan. Nous suivons le périple du Roi Poussière, un aveugle, accompagné d’une chauve-souris, Pipistrelle et d’un lapin rouge agressif, Marvin Rouge. Peu à peu, le lecteur comprend que le Roi Poussière est en fait Marvin le dragon et que le Grand Khan n’est autre qu’Herbert le canard. Marvin et Herbert ne sont donc plus amis. Pire, ils sont en quelque sorte devenus des figures antithétiques : l’une sage (le Roi Poussière), l’autre despotique (le Grand Khan). La cause de ce bouleversement serait liée aux Objets du Destin qui, une fois réunis, ont attiré ce que l’on apprendra être l’Entité sombre.
Le changement entre les deux univers est vertigineux. Cette période, servie par le dessin de Sfar, est probablement la plus complexe de la série. Elle montre un avenir chaotique et peu reluisant dont les causes sont à découvrir ou à imaginer dans les actes passés des personnages. Le vieillissement des décors, de l’ambiance et des personnages est réussi car à la fois inattendu et vraisemblable. On passe d’un monde d’insouciance à un monde littéralement mystique, crépusculaire et pessimiste.
Donjon Potron-Minet
«L’époque Potron-Minet retrace la création du Donjon»
Le personnage central de cette série est Hyacinthe de Cavallère, le futur Gardien du Donjon, dont on suit l’apprentissage dans la ville d’Antipolis aux côtés de son oncle, le comte Florotte. D’autres personnages, compagnons de Hyacinthe, et futurs employés du Donjon apparaissent également. Nous sommes ici dans une période féodale finissante et l’on assiste aux prémisses de l’urbanisation et du capitalisme. Antipolis ressemble à une ville de la renaissance et le tuteur de Hyacinthe est un homme d’affaire ambitieux dépourvu de scrupules. L’esprit courtois et chevaleresque du jeune héros va naturellement le pousser à prendre les armes, parfois même contre son oncle, face aux nombreuses injustices dont il est le témoin. Dans ce monde corrompu où le bon droit ne peut se défendre que masqué, Hyacinthe devient justicier et hérite involontairement du surnom de «La Chemise de la Nuit».
Le Donjon, quant à lui, est encore la résidence du père de Hyacinthe. Situé dans la forêt et composé d’une simple tour, il est peu à peu amélioré et peuplé au hasard des rencontres de la Chemise de la Nuit qui commence par sauver des petits lutins des projets de métro lacustre de son oncle. Les lutins, réfugiés au Donjon, seront les premiers à en développer l’architecture. On assiste donc aux premières transformations qui feront de cette tour grise visible à trois heures de marche quatre tours noires dont la plus haute est visible à dix jours de marche.
Le dessin de Christophe Blain sert merveilleusement le panache taquin de ces aventures de capes et d’épées. Courses sur les toits, combats d’escrimes, amours romantiques sont des thèmes qui, revus par Sfar et Trondheim, émerveillent le lecteur le plus blasé.
Donjon Parade
«Donjon Parade se situe entre le tome 1 et le tome 2 de Zénith. Ce sont des histoires humoristiques avec Herbert et Marvin»
Dessinée par Manu Larcenet, cette «série dans la série» fonctionne comme une sorte d’interlude fait de gags et d’aventures extravagantes. Les histoires sont ici bouclées de manière traditionnelle, avec une narration en trois temps. On assiste à une série de fables allégoriques acides de notre société.
Donjon Monsters
«Donjon Monsters raconte une grande aventure d’un personnage secondaire du Donjon»
Cette série est celle qui compte actuellement le plus de volumes. Chaque tome est attaché à un personnage différent, à une époque différente et est illustré par un dessinateur différent. Ce qui rend l’ensemble inégal, certes, mais jamais décevant. Les histoires s’entrecoupent, les énigmes s’éclaircissent et l’on cerne de mieux en mieux la psychologie des multiples personnages de la série. Comme un puzzle la trame du Donjon se construit peu à peu à l’aide de ces pièces qui, ajoutées l’une à l’autre, forment déjà un ensemble harmonieux.
Donjon Bonus
«Donjon Bonus, c’est des surprises en plus»
Actuellement, Donjon Bonus ne connaît qu’une seule publication : Donjon clefs en main. Il s’agit du jeu de rôle basé sur l’univers de la série dans sa totalité. Il permet de créer et d’incarner un personnage qui évoluera à travers l’une des trois époques. Ce volume offre également un nombre impressionnant d’informations concernant l’univers du Donjon (carte géographique, bestiaire des créatures, etc.) et des personnages qui le peuplent, tout cela avec l’accent humoristique qui caractérise la série. Cette fois, c’est la bande dessinée qui inspire le jeu ; les rôles sont inversés et la boucle est bouclée.
CONCLUSION
L’un des intérêts de ce grand cycle protéiforme, outre la possibilité d’observer l’évolution des personnages et des lieux, est que chaque lecteur pourra se trouver plus d’affinité à travers l’une ou l’autre série. Avec ce ton qui mêle l'aventure à la réflexion et à l'humour, Donjon est un univers offrant richesse et profondeur : tout est cohérent, justifié et construit. Aucun événement, aucun personnage, même le plus secondaire n’est laissé au hasard. Tout est affaire de causes et de conséquences : les actes anodins d’un album se révèlent capitaux dans un autre.
On trouve également de nombreux niveaux de lecture différents parmi lesquels la critique sociale obtient une place de choix : l’auberge des lapins racistes, la corruption d’Antipolis, évolution de la conception de l’amour selon diverses générations, les jeux de pouvoir, les relations patron-salariés, etc.
L’ampleur de la série qui permet, selon Sfar, de sortir des schémas habituels afin de jouer sur la structure du récit, amène une innovation dans la bande dessinée contemporaine. A l’heure ou le succès des séries-feuilletons a souvent étouffé celui des aventures clôturées en un album, Sfar et Trondheim tentent l’expérience du tout pour le tout, poussant à son paroxysme et avec l’ambition d’une recherche artistique, un procédé qui était avant eux simplement commercial.
BIBLIOGRAPHIE
Donjon Zénith – dessin de Lewis Trondheim
Tome 1 : Cœur de canard (1998)
Tome 2 : Le Roi de la bagarre (1998)
Tome 3 : La Princesse des barbares (2000)
Tome 4 : Sortilège et Avatar (2002)
Donjon Crépuscule – dessin de Joann Sfar
Tome 101 : Le Cimetière des dragons (1999)
Tome 102 : Le Volcan des Vaucanson (2001)
Tome 103 : Armaggedon (2002)
Donjon Potron-Minet – dessin de Christophe Blain
Tome –99 : La Chemise de la nuit (1999)
Tome –98 : Un justicier dans l’ennui (2001)
Tome –97 : Une jeunesse qui s’enfuit (2003)
Donjon Parade – dessin de Manu Larcenet
Tome 1 : Un donjon de trop (2000)
Tome 2 : Le Sage du ghetto (2001)
Tome 3 : Le Jour des crapauds (2002)
Donjon Monsters
Tome 1 : Jean-Jean la Terreur – dessin de Mazan (2001) Donjon niveau -4
Tome 2 : Le Géant qui pleure – dessin de Jean-Christophe Menu (2001) Donjon niveau entre 3 et 4
Tome 3 : La Carte majeure – dessin de Andreas (2002) Donjon niveau 103
Tome 4 : Le Noir Seigneur – dessin de Blanquet (2003) Donjon niveau 103
Tome 5 : La Nuit du tombeur – dessin de Vermot-Desroches (2003) Donjon niveau -97
Tome 6 : Du ramdam chez les brasseurs – dessin de Yoann (2003) Donjon niveau 40
Tome 7 : Mon fils le tueur – dessin de Blutch (2003) Donjon niveau -90
Tome 8 : Crève-cœur – dessin de Nine (2004) Donjon niveau -85
Donjon bonus
Clefs en main, le jeu de rôles – textes de Moragues (2001)
SITES WEB
Le site officiel du Donjon (actuellement inaccessible)
http://www.donjonland.com/
Autres sites non officiels du Donjon
http://www.mondonjon.fr.st/
http://www.chez.com/lapinet/donjon/index.html
http://www.pastis.org/lewis/Murmures/Mu ... maire.html
Lewis Trondheim et Joann Sfar
http://lewistrondheim.com/
http://www.pastis.org/joann/
Colaborateurs au Donjon
http://larcenet.free.fr/
http://www.blanquet.com/
http://www.bulledair.com/blain/
http://www.coconino-world.com/sites_aut ... /homme.htm
Oubapo et bande dessinée alternative
http://www.du9.org/
http://gciment.free.fr/
http://www.kkn.com/jochen-gerner/
Sites généralistes
http://www.editionsdelan2.com/
http://www.coconino-world.com/