* * * Ciné-Club 115 : Les Climats (Bilge Ceylan 06) * * *

[jolan]

Message précédent :
La Calda Vita (La Vie ardente) – Florestano VANCINI – 1964

C'est dommage, il y avait de belles choses, quelques bonnes idées, un semblant de début de bonne histoire. Mais c'est au final totalement loupé. Tout s'effondre en chemin, et c'est dommage parce que ça aurait pu donner un bon film de badinage à la Rohmer. Bon, il y aurait trop de choses à dire, puisque c'est décevant sur tout le long. Je vais faire rapide.

J'aime bien l'idée de base, le séjour dans l'île, le fait qu'ils mentent sur le propriétaire de la maison, le cadre idyllique, qui prête à la romance, à des histoires sentimentales entre les trois adolescents. Mais dès le début, on voit le jeune amoureux timide (Perrin), et l'abruti psychotique (Fabrizio Capucci, le premier mari de Spaak), englués dans leur stratagème idiot pour coucher avec la jeune Sergia (Spaak), qui est réduite à un corps/objet. Super. J'aime beaucoup la tendresse de la première nuit entre les deux jeunes cousin/cousine.

Puis on s'égare un peu dans la longue séquence de la jeune Sergia qui fuit un requin et se retrouve échouée sur un rocher, avec tous les plans idiots pour éviter de nous la montrer nue, alors que bon, il y avait beaucoup plus naturel à faire. Séquence idiote, comme après sur le bateau avec le propriétaire de la maison. Ce qui agace le plus, ce sont tous les éléments enfantins et adolescents idiots qui parsèment le film en fait. Montrer l'adolescence, ses affres sentimentaux, ses errances, ses erreurs, sa bêtise (et il y en aura), ses échecs, sa fragilité, c'est charmant, et le film aura quelques moments charmants. Mais quand ça se répercute sur la réalisation, et sur des scènes mal écrites, c'est dommage. Paradoxalement, à la fin, après le mariage de sa sœur sur la place pluvieuse qui domine la ville, quand le vieux beau lui avoue l'aimer et vouloir l'épouser, le côté dialogues d'adultes ne vaudra guère mieux.

Bon, le sommet est atteint évidemment avec la scène d'amour entre la belle adolescente et le vieux beau, qui est à contre-courant de ce que semblait signifier le film et l'histoire entre les deux jeunes cousin/cousine. Et ensuite, avec la disparition et le suicide du jeune ami torturé et psychopathe, on atteint le degré ultime du scénario qui se perd totalement pour rompre totalement le charme de ce qui était jusqu'ici une comédie malhabile, mais passable. Malhabile, parce que sur chaque scène j'aurais aimé partir dans une autre direction, celle que j'attendais bien sûr, plus simplement sentimentale. Sur d'autres dialogues. Bref, la tournure que prend le film me surprend constamment, mais en mal.

J'aime bien la petite séquence finale, avec le générique et la chansons chantée en italien par Spaak. Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser aux films de Sautet à venir. Bon, j'ai critiqué le film, mais il va de soi que Catherine Spaak y est magnifique, souvent naturelle et mature. Je me demande pourquoi Sautet n'a jamais pensé à elle pour jouer dans ses films. Trop connotée films légers et comédies italiennes ratées de sa carrière au tournant des années 70 sans doute.

1,5/6

(Dommage aussi de devoir se fader le film avec la post-synchronisation pourrie, et non la version française, avec les vraies voix des deux acteurs français - en plus les sous-titres traduits automatiquement de l'anglais sont bien nazes)

[Aleksi]

Pour une 91, je suis partant en attendant le thème (film primé à Venise ?)

[jolan]

Allez, fais-nous une liste de films "lionisés"

[Aleksi]

Une petite liste :

Manon - Clouzot 1959
Rashomon - Kurosawa 1951
Jeux interdits - Clément 1952
L'Année dernière à Marienbad - Resnais 1961
L'Enfance d'Ivan - Tarkovski 1962
Sandra - Visconti 1965
Belle de jour - Bunuel 1967
Gloria - Cassavetes 1980
Atlantic City - Malle 1980

Je me suis arrêté à 1980 mais vous pouvez regarder ce qui suit et en proposer d'autres, sinon on s'arrête là dessus et on vote comme d'habiture, 3, 2, 1 point.

[jolan]

"Sandra" on l'a vu au début du Ciné-Club (séance 5)

Bon, pour moi :

3 = L'Enfance d'Ivan - Tarkovski 1962
2 = Belle de jour - Bunuel 1967
1 = Rashomon - Kurosawa 1951

[jolan]

Je crois que nous connaissons le thème de la future séance hommage 92

@Sergent : toujours partant pour les séances 90 et 90 bis, ou je ferme les deux sessions (après avoir posté mon avis sur le deuxième film) ?

[Olaf Le Bou]

Je crois que nous connaissons le thème de la future séance hommage 92

Alain Tanner

[sergent latrique]

Je crois que nous connaissons le thème de la future séance hommage 92

@Sergent : toujours partant pour les séances 90 et 90 bis, ou je ferme les deux sessions (après avoir posté mon avis sur le deuxième film) ?

Il me reste à poster la critique de la vita calda (demain normalement, j'aurai un peu de temps)
Pour la 90 bis, je suis preneur du film.
Mon vote pour la 91 des lions

3 Manon - Clouzot 1959
2 Rashomon - Kurosawa 1951
1 Belle de jour - Bunuel 1967

Pour la 92, il y aura du choix...

[jolan]

Ok, je t'envoie le film cette nuit

Manon - Clouzot 1959 3
Rashomon - Kurosawa 1951 3
Jeux interdits - Clément 1952
L'Année dernière à Marienbad - Resnais 1961
L'Enfance d'Ivan - Tarkovski 1962 3
Sandra - Visconti 1965
Belle de jour - Bunuel 1967 3
Gloria - Cassavetes 1980
Atlantic City - Malle 1980

[sergent latrique]

Egalité parfaite ! et on évite le Resnais, j'avoue que je ne me sentais pas le revoir
Le film qui en promet des caisses (regardez sa bande annonce) et au bout du compte un ennui profond, très profond pour ma part, c'est du moins le souvenir que j'en garde.

[sergent latrique]

La Vie ardente 1964 (La calda vita) F.Vancini

Film qui commence par une fête nocturne et va se focaliser ensuite sur la destinée de Sergia (incarnée par la délicieuse Catherine Spaak), jeune fille de 18 ans de milieu aisé et de ses deux chevaliers servants (Freddy, Jacques Perrin, Max, F.Capuzzi, que je ne me rappelle pas avoir vu), au cours d'une escapade sur une ile quasi déserte près de la côte.
Il y a le ciel, le soleil, la mer et ces jeunes gens émoustillés par le goût de la transgression, passer outre les autorisations familiales ou celles du propriétaire de la maison qu'ils squattent, les mensonges qu'ils s'inventent et
bien évidemment le trio amoureux.
Tout cela commence plutôt bien, dans un contexte idéal qui pourrait nous rappeler de beaux souvenirs à la plage avec des amis et les premiers émois amoureux.
Sergia hésite entre les deux prétendants et semble jeter son dévolu sur Freddy pour la nuit. Cependant, le lendemain on apprend qu'il ne s'est rien passé et la belle à la faveur d'une baignade dans le plus simple appareil (elle a l'habitude de bronzer nue, c'est le petit côté érotique du film) est repêchée par un riche homme d'age mûr qui se trouve être le propriétaire
de la maison sur la plage.
A partir de cette scène de bronzage et de sauvetage, je trouve que le film tourne à la petite comédie d'été vaguement érotique sans grand intérêt jusqu'au drame final, qui arrive trop tard et vient un peu comme une conclusion brutale, enfin, presque une conclusion car le film se poursuit sur une dernière scène de départ (mariage de sa soeur et départ pour un travail à l'étranger). L'ensemble finit par manquer de cohérence.

Je confirme que les sous-titres sont vraiment tout pourris, changent les prénoms, le sens des paroles. C'est assez énervant.

Catherine Spaak est super mimi comme d'habitude, pour le reste, rien d'extraordinaire, la plage et le sable, c'est beau mais ça ne comble pas tout.
Ma note 2/6

[Aleksi]

Ok, je t'envoie le film cette nuit

Manon - Clouzot 1959 3
Rashomon - Kurosawa 1951 3
Jeux interdits - Clément 1952
L'Année dernière à Marienbad - Resnais 1961
L'Enfance d'Ivan - Tarkovski 1962 3
Sandra - Visconti 1965
Belle de jour - Bunuel 1967 3
Gloria - Cassavetes 1980
Atlantic City - Malle 1980

Du coup y a plus d'égalité parfaite

Rashomon 3
Gloria 2
Belle de jour 1

[jolan]

Ok, apparemment ce sera le Kurosawa.

Sergent et moi on finit la séance 90 bis d'ici la fin de semaine.

Ce qui laisse le temps à d'éventuels autres participants de voter.

Et on enchaine aussitôt

* * *

Séance 90 hommage à Spaak/Perrin: "La Calda Vita" (Vancini 64) = 1,75

[jolan]

Ok, pas d'autres votes.

Je vous envoie le Kurosawa par MP dans la nuit

[Aleksi]

Rashomon : 4,5/6
Kurosawa, j'en ai vraiment pas vu beaucoup, mes lacunes sont grandes, c'est pour ça que j'étais content de le voir dans la liste des lions vénitiens.

Un récit quelque peu ambitieux, mêlant 3 temporalités, le récit présent sous cette pluie diluvienne lorsque se retrouvent nos 3 premiers protagonistes, dont le bûcheron et le bonze qui nous mènent par leur récit dans deux antériorités, le récit du crime commis par le bandit, puis plus proche du présent, leur témoignage lors du procès du bandit (dont on ne connaitra jamais la sanction qu'il subira). 3 temporalités avec lesquelles jonglent brillamment le cinéaste (même si les passages du procès sont les moins intéressants pour moi). Les cadrages sont très travaillés à chaque fois, ça fait plaisir de voir de vrais tableaux composés.
La musique, j'ai lu sur wikipedia par la suite qu'elle avait été inspirée du Boléro de Ravel, chose que j'avais noté dans un coin de ma tête, comme quoi ce morceau me poursuivra toujours (je l'ai bossé de mes 8 à 12 ans et j'y reviens souvent)
Le casting fait très bien le job, même si l'exagération et l'hystérie est au programme de nombreux personnages (le bandit bien sûr un peu fou qui permet justement à Mifune d'être fantasque, mais aussi la jeune femme - ce qui peut se comprendre, mais je n'aimais pas son jeu et le vagabond lui aussi : soit plus de la moitié du cast, il nous reste le mari et le bonze sobres tout deux, fort heureusement)
Le récit se trouve aussi ambitieux dans le fait qu'on revit plusieurs fois la même séquence selon le point de vue du narrateur, sur ce point on peut reprocher, peut-être, une trop proche similarité que ce soit dans la prise de vue ou le jeu des acteurs.
Dans les derniers reproches, quelques longueurs (notamment quand le bucheron part couper du bois au début ou le "combat" final).
La femme, certes pas très jolie à mes yeux (ça n'engage que moi, hein, ses sourcils...) n'a vraiment pas le beau rôle dans cette histoire. Punaise

[jolan]

Ca vous dirait de prolonger la séance avec "Outrage", le remake de Martin Ritt ?

[Aleksi]

Pourquoi pas !

[jolan]

Bon, du coup j'en profite pour coller mon petit avis sur la 90 bis.

La Parmigiana – Antonio PIETRANGELI – 1963

Je vois que Ettore Scola a participé à l'écriture, et il est vrai que pour certaines scènes on croirait voir l'un de ses films (le personnage de la tante, filmée en gros plan pendant qu'elle mange en parlant – et ce serait de lui le clochard qui assomme un pigeon que ça ne m'étonnerait pas). Il y a quelques moments loufoques et drôlatiques.

Mais globalement je n'ai pas trop aimé ce film. On est dans la comédie douce amère, mais on n'est aussi un peu nulle part. On suit la jeune Dora, qui éveille les sens et réveille tous les hommes sur son passage (Catherine Spaak est toujours aussi craquante, d'ailleurs elle m'a fait penser à la Marie de Jim dans « Une nuit à Rome » avec sa frange), pour se jouer d'eux. Elle suit son chemin, ou plutôt le leur, au hasard des rencontres, elle se laisse embarquer par l'un puis par l'autre. Catherine Spaak incarne encore un personnage d'adolescente/jeune femme, libre et ancré dans son époque, au début des années 60, entre légèreté et gravité. Mais tout cela manque singulièrement de romantisme pour me séduire. Et le seul romantisme évoqué est bien trop niais.

Mais surtout, l'histoire ne va nulle part. On papillonne avec elle, sans savoir dans quelle direction, dans quel but, et ça m'a un peu dérouté, même si on sait bien qu'elle échoue à la fin chez sa tante, avec sa perruque noire. Puis toute l'histoire finale avec le brigadier Pantano totalement idiot, ça dure trop longtemps et ça ne sert à rien. D'autres séquences lors de son passage à Rome avec le photographe eussent été de meilleur aloi selon moi. Ou une toute autre histoire, en fait. De tous les films vus avec Spaak, c'est en fait celui que j'ai vu hors ciné-club, « Les Adolescentes », qui est le plus à mon goût, le plus abouti. De très loin.

Sinon, côté réalisation, j'ai bien aimé les enchaînements entre les époques (les flashbacks) avec les mouvements de caméra sur des fonds noirs, ou même un piano (ils ont quand même trimbalé un piano sur un bord de plage pour deux secondes, chapeau)

1,5/6

[jolan]

Comme je me suis lancé dans la filmographie de Kurosawa, que je veux découvrir dans l'ordre, il me reste encore deux films (nous avions vu "L'Ange ivre" ici-même) avant de voir "Rashomon" (que j'ai déjà vu il y a longtemps, tout comme le remake)

J'ai pu ainsi constater que "Un Merveilleux dimanche" était le premier vrai film où la réalisation était travaillée et maîtrisée.
Le premier film de Kurosawa que j'ai pris plaisir à regarder, même si il y avait déjà une nette amélioration avec le précédent "Je ne regrette rien de ma jeunesse".

J'arrive donc bientôt avec mon petit avis.
D'ici là Sergent nous aura peut-être rejoints.
Et je vous envoie un lien pour le Martin Ritt

[jolan]

Ah non, encore deux films en fait, "Scandale" étant sorti en 1950 aussi, mais avant "Rashōmon".

"Duel silencieux" beau petit drame pluvieux et neigeux.

[jolan]

Plus qu'un.

"Chien enragé", bof, on est redescendu de quelques crans.

* * *

@Sergent : tu n'as toujours pas goûté à la "parmesane" ? Pourtant un petit Spaak ça se déguste sans trop de difficultés.