andram a écrit:Je n'ai pas les chiffres des suicides (et autres traumatismes) provoqués par le harcèlement scolaire. Mais c'est assez impressionnant.
Si Sarah vise à souligner ce drame, l'idée d'un camp où la "faiblesse" (comme la race) est promise à destruction est aussi violente que l'intention de certains jeunes, aidés/alliés/soutenus par d'autres, voire par quelques adultes qui ferment les yeux.
L'allégorie totalitaire, outre son emploi récurrent, me semble plus politique, plus diluée dans la condamnation d'un système. Il faut de l'éclat, un peu de provoc peut-être, pour sensibiliser le lecteur à un phénomène de société bien réel et qui ne se cantonne pas à l'école.
C'est étrange car quand j'étais plus jeune, au lycée, j'avais connus cette "dépressive attitude", comme cette jeune auteure je ne me sentais plus compris par la société, par les miens, et le lycée me semblait devenir un camp d'incarcération, une tôle de standardisation qui tuait ma personnalité, mon intérieur profond, des sentiments que je considérais profondément encrés dans une chaine d'histoire humaine ancienne et intemporelle, un système social qui devenait pour moi quelque chose d'abjecte, une créature infernale et sauvage à laquelle j'aspirais à échapper pour rester "Moi", ce Moi qui n'aspirait à connaître autrui et faire avec lui un bout de chemin amicale, créant ou rejoignant une société humaine, ouverte et tolérante. J'avais un ami, dont la mère malade, le rendait instable, ce qui est compréhensible. Sachant que j'étais quelqu'un avec qui on pouvait communiquer, il s'était confié à moi, il voulait se trancher les veines...A l'heure où nous changions de classe, j'ai accourue au bureau de la CPE, je lui ai dit qu'un de mes camarades de classe se sentais pas bien, qu'il pleurait et menaçait de se couper les veines, un cutter dans la trousse. Elle a demandé son nom, la classe...puis ce pauvre enfant on l'a plus revu de la matinée. Par la suite j'ai su qu'il avait été pris en charge par l'infirmerie. Je ne sais pas si mon intervention a sauvé ce pauvre gamin, mais les jours suivant il était revenu, plus timoré que jamais mais il a tenu le coup. De temps en temps je revois l'homme, il tient le café-bar de son père. On se dit bonjour... Ce qu'il faut c'est finalement "résister". La vie est un combat. Un combat de longue haleine. Parfois on se trouve à combattre contre soi, contre le conformisme auquel la Fac, le lycée, l'école nous ont "déterminé"... Cette période de l'adolescence, sensible, fragile mais terriblement humaine, pleine d’espoirs, nos parents l'on également éprouvé, ces braves du baby-boomers qui se sont retrouvés à protester contre une fuite en avant de la sociétés ultralibérale, protester et manifester contre des "despotes" américains partant en guerre, qui faisaient massacrer à l'agent orange de pauvres paysans au Vietnam. On prenait également conscience du massacre de la nature et des bébés phoques dans l'arctique. On se sentait mal dans notre peau car la société elle même était en train de se travestir, de se suicider, irrévocablement. Aujourd'hui nous revivons ces dérives sectaires qui sous le feu de l'endoctrinement de masse nous mènent à l'apocalypse, prend en otage la société et envoi au bucher notre vie, notre petit jardin secret soudain violentée, nous croyons protéger jalousement la petite flamme sacrée qu'il y a en nous, ce petit trésor d’humanité cachée au fin fond de notre for intérieur, et voilà que nous découvrons que ces barbares nous arrachent l'étincelle du fin fond de notre être.
On sent que les choses vont mal, une partie d'entre nous se voient exclure et montrés du doigt, calomnié et mis au ban de la société, même les grands de ce monde fourbent leurs armes et nous promettent un massacre barbare. Nos camarades que nous rencontrons tous les jours sont des cibles idéales mais ceux qui sont à l'autre bout du monde ne s'en sortirons pas également, on fera un banquet de leurs os et festoierons sur l'autel de leur culture. Du moins c'est à ce suicide annoncé que l'on ne veut côtoyer. Les enfants d'Israël ont été massacrés dans l'enfer nazi, aujourd'hui ce sont les enfants des survivants de l’holocauste qui massacrent les enfants palestiniens, demain c'est peut-être Trump qui fera détruire la vie de centaines de milliers de gens non conforme à ses convictions. Le feu sacré qui nous tiens en vie se trouve pris dans une tempêtes de sentiments égarés, on sent défaillir notre humanité et entre la nausée que nous inspire notre repositionnement lugubre, nous rêvons que ces jeunes "différents" soient intégrés et fusionnent avec nous, hormis la société sauvage et libérale nous entraîne avec elle dans un dessein sanguinaire, une terrible nuit noire qui nous verra plonger au sein du maelstrom, causant une rupture entre nos pulsions intérieures, celles de vie et celles de mort, une rupture atroce et d'une ignominie sans limite, on saura alors que malgré notre profond humanisme nous n'aurons pas échappé au suicide intime et collectif.
Nous avons peur de la nuit, une nuit signe du néant !
Comme dans l'enfer de Dante, ce petit cercle de lumière qui subsiste même au fin fond de l'enfer, sera et restera notre seule bouée de sauvetage, un cercle qu'il convient de sceller dans une roche sacrée, à laquelle nous nous maintiendrons enchaîner pour échapper aux flots de l'enfer...
En tout cas bon courage à cette jeune auteure.