Celle qui parle - Alicia Jaraba Abellán - Bamboo

[Cooltrane]

Message précédent :
excellente interview (je viens de la lire) - et j'avais prévu une relecture cet été (période de disette de sortie)

Pour bien faire la différence, il faudrait que je lise plus sur le personnage (les deux BD proposées en-dessous, par ex)

Faut dire que mon année au Mexique durant les 80's (dont 6 mois de vacances) n'avait donné l'occasion de visiter pas mal de sites (j'ai une faiblesse pour les Toltèques - et les Olmèques de la région Tasco/Oaxaca et leurs têtes colossales), mais je n'ai pas retenu le souvenir de La Malincha (pourtant j'ai dû au moins en entendre parler). C'est d'autant plus étrange que j'avais entendu parler de la Llorona (autre "légende féminine" de l'Amérique Centrale) et que je ne l'ai pas oubliée, celle-là

Je reste avec la même impression de Sunderclock, où l'on ressent un peu le besoin d'en faire une icône féministe (la Péné doit en être verte de rage et jalousie ) - parce que c'est dans l'ère et l'air du temps.

J'aime bien aussi (mieux?) la couve espagnole.

[Sunderclock]

Effectivement ce point peut sembler problèmatique.
On a abordé la question avec elle, as-tu lu l'interview ?

Oui, c'est même grâce à cette interview que je l'ai découverte et achetée

Au-delà des maladresses, même si j'ai beaucoup détaillé ce qui ne m'allait pas, ça reste une bonne bd. Peut-être que c'est surtout un premier album (prometteur) et que je suis assez intolérant sur les inexactitudes historiques alors que la plupart des gens n'y accordent que peu d'importance.

[nexus4]

C'est aussi ce qui m'a un peu gêné rétrospectivement, parceque pendant la lecture j'étais a fond dans le livre. Mais en le refermant je me suis dit que la volonté de l'autrice de s'approprier le personnage, avec la meilleure volonté, pour en faire une icone féministe moderne risquait au final d'avoir aussi peu de lien avec la réalité historique que le Pocahontas de Disney. Ou par chez nous le d'Artagnan de Dumas.

Par contre j'ai vraiment aimé la parabole de la parole comme levier de pouvoir. D'où le titre.

[Marion N]

Au Mexique, Malinche est le plus souvent vue comme une traitresse qui a vendu les peuples indigènes aux conquérants. Toutefois, certains la voient comme la fondatrice d'une culture métissée, voire comme une "sauveuse".

Dans l'album, il y a quelques imperfections historiques et Cortés a l'air presque "gentil". Cela manque aussi un peu de contextualisation par rapport aux réalités espagnoles et à ce que les conquistadors ont déjà accompli dans les Caraïbes (sans oublier que la Conquête des Amériques se fait dans la continuité de la Reconquista contre les musulmans). En revanche, le contexte géo-politique de la région est plutôt bien restitué.

Je suis assez d'accord sur le côté un peu surfait/artificiel du discours féministe qui ne cadre pas forcément avec l'époque (ni le contexte). Ce qu'on sait, c'est que Malinche a été l'interprète et la maîtresse de Cortés (auquel elle a donné un fils) avant d'être mariée à un compagnon du conquistador.

Mais, dans cet album, comme Nexus, c'est toute la mise en scène autour de l'usage des langues qui m'a paru le plus intéressant. Et aussi de ne pas tomber dans le cliché de la Malinche volontairement manipulatrice et calculatrice (rien ne prouve clairement qu'elle l'ait été).

[zxcvbnm]

Acheté aujourd'hui. Pas encore lu. On verra ce que ça donne mais j'aime bien le style graphique

[Casou]

Cette bd semble avoir de nombreuses qualités, mais pas un indispensable pour autant on dirait.. On me la propose à l'échange, d'où mon interrogation. Je ne suis pas sûr d'aimer le dessin et à vous lire, quelques défauts : discours féministe plaqué, quelques approximations historiques..

[Spike_Spiegel]

L'histoire de la Malinche est très peu documentée, donc il y a une part volontaire de fiction, romanisation plus que d'approximations.

[nexus4]

Je pense que vous vous trompez d'optique. Ce n'est pas une biographie de la Malinche, c'est un livre sur le pouvoir de la parole. La Malinche n'est que le vecteur de l'histoire, pas le sujet.

Je mets un extrait de la postface :

[Casou]

Pour ma part, je ne l'ai pas lu, mais les approximations relevées par certains concernaient surtout la figure de Cortés et le traitement du personnage je crois, mais rien qui ne doit entraver le plaisir de la lecture j'imagine.

[Cooltrane]

Le bouquin Art Of Andreas m'ayant encouragé à rouvrir certaines de ses œuvres moins monumentales, celui-ci parle aussi de La Malinche (c'est d'ailleurs elle sur la couve)

[Le gris]

Une nouvelle édition, dite : "édition augmentée, édition limitée" pour la fin août.

[Spike_Spiegel]

Tout ce que je déteste... Et après les éditeurs se demandent pourquoi on n'achète plus de suite...

[nexus4]

Pour ceux qui ont apprécié, la miss sort un nouvelle album pour un récit beaucoup plus contemporain :



Peut-on vivre à deux quand on ne sait pas vivre avec soi ?
Ulysse et Aimée, un couple dans la trentaine, voyagent vers le sud de l'Espagne dans leur van aménagé, pour faire de la plongée au Cabo de Gata. Plan idéal pour l'été ? Pas vraiment... car le couple traverse une mauvaise passe. Après une année difficile, Ulysse a besoin de vivre de nouvelles aventures, mais aussi de se redécouvrir lui-même, notamment à travers la plongée qu'il voit comme une thérapie. De son côté, Aimée, qui a travaillé d'arrache-pied sur sa thèse toute l'année, culpabilise de ne pas avoir été assez présente pour son compagnon. Elle accepte alors ce voyage en van, taisant ses phobies et appréhensions. Mais plus le couple se rapproche de Cabo de Gata, plus les tensions et les angoisses l'emportent.

Un road-movie intimiste qui parle de la peur de sortir de sa zone de confort et de l'inertie d'une longue relation de couple qui ne sait plus où elle va...

[nexus4]

Nouvelle couv pour Celle qui parle. Edition augmentée d'un dossier avec les recherches graphiques et historiques de l'autrice.

[superboy]

J'ai vu ça en librairie. Ce bouquin a si bien marché que ça que bamboo le réédite ?

Tant mieux en tout cas, très bonne lecture.