de anaxarque » 11/07/2018 16:47
Après avoir enfin retrouvé mon identifiant, me voici de retour.
Black Monday Murders compte pour l'heure huit numéros regroupés en deux tomes.
Officiellement, le numéro 8 marque la fin du second arc narratif, mais rien n'est paru depuis, et disons que l'histoire pourrait se clore ainsi. Après, comme d'autres l'ont mentionné, Hickman est un auteur très lent, car perfectionniste, et il peut tout à fait y revenir.
La lecture de cet opus peut déconcerter, car elle alterne des longues plages écrites présentant de "vrais faux" documents très travaillés et des passages de BD plus classiques. De plus, il passe souvent d'un époque à l'autre, ce qui ne facilite pas la compréhension immédiate.
Mais, si on sait s'accrocher, le résultat en vaut la chandelle.
Hickman demeure un auteur exigeant, et on peut affirmer sans se tromper qu'il adore jouer avec le concept de complot et les sociétés secrètes : rappelons-nous de son run sur "Fantastic Four" puis "Avengers" où l'association des Reed Richards du multivers puis le regroupement des personnes auto-proclamées les plus malignes de l'univers Marvel conduisaient ce dernier au désastre.
J'insiste sur ce point : il joue avec le concept de complot. Il n'y croit pas une seconde, mais pousse sa logique à l'extrême afin de faire douter même l'esprit le plus cartésien.
Dans Black Monday Murders, l'auteur nous fait "découvrir" que les diverses crises économiques du XXème siècle seraient en vérité des manœuvres calculées par certains magnats de la bourse inféodés pour le meilleur et le pire au "Dieu de ce Monde" Mammon, qui apprécie autant le sang que l'or.
Hickman va même plus loin en citant le nom de sociétés et de personnes existantes, tout en y mêlant ses propres inventions.
Dans tous les cas, l'auteur parvient à nous troubler.
La personnalité des membres des familles liées à Mammon qui s'entre-déchirent, le comportement du policier amateur de vaudou, le professeur cloitré qui a découvert trop de choses sur les amis de Mammon, tout mène à un sentiment, très agréable, de malaise : ainsi, des critiques américains ont fait part de leurs réserves et de leur gène quand Hickman citait ou représentait des personnages réels en leur attribuant un influence démoniaque au sens propre
Où est la réalité, quand commence la fiction voire l'élucubration ?
Hickman joue avec nos nerfs dans ce thriller économique qui fait passer les publicitaires de Mad Men, et les avocats de Suits pour des petits joueurs.
Sincèrement, il serait dommage de passer à coté de cette série atypique, mais excellente.
"On Friday night, a comedian died in New York. Someone threw him out a window and when he hit the sidewalk his head was driven up into his stomach. Nobody cares. Nobody cares but me. " Roarshach's Journal, 13/10/1985.