Alors, alors, à mon tour de venir répondre un peu à tout ça :
- Le titre "Ukronia" abandonné : Oui, dommage aussi... Ou pas. En fait, j'avais eu le temps de m'y habituer à ce titre puisque le projet a été signé à l'origine dès... 2005 (oui, il a connu moult vicissitudes, rachat de Dupuis, changement d'éditeurs et de dessinateur, etc.). Je trouvais également important, comme le souligne Gill d'utiliser le mot "Uchronie", ou un de ses dérivés, pour bien indiquer précisément de quoi il s'agissait : non pas du steampunk ou un monde vaguement dérivé de notre histoire mais bel et bien imaginer des aventures au sein d'une histoire qui dérive "logiquement" à partir d'un point précis. Exemple dans le T1 donc : Colomb meurt en débarquant en Amérique. Que se passe t-il si ce continent n'est pas découvert par les Européens dès 1492 ?
- Sauf que. Entre 2005 et aujourd'hui, plusieurs séries ont été éditées utilisant ce même vocable. Uchronia (un seul tome chez Bamboo, je crois, et qui n'est pas une uchronie en l'occurrence mais bon), "Uchronie(s)" de Corbeyran, etc. . Stéphane Duval a d'ailleurs lui aussi choisi pour sa série "Le Jour J" de s'éloigner du vocabulaire purement uchronique et ce n'est sûrement pas un hasard. Cerise sur le gâteau empoisonné, on s'est rendu compte qu'un jeu vidéo s'appelant "Ukronia" avait également existé et pouvait nous embêter pour tout ce qui était nom de domaine internet ou autre. Bref, il fallait changer.
- Et là, on a tout essayé en vain, en sachant que nombre de titres étaient déjà pris, notamment à connotation "militaire" (La patrouille du temps par exemple, cité par Gill et que je n'ai toujours pas lu, honte sur moi). Car je voulais, si possible, inclure cette notion militaire car il s'agit bien d'une guerre du temps entre mes agents ukroniens et des "Manipulateurs" (nommés ainsi pour le moment, faute d'en savoir plus sur leur origine et leurs objectifs exacts). C'est même une lutte à mort, une dérivation historique trop importante risquant de faire disparaître la civilisation future à laquelle appartiennent nos héros-agents. On peut rapprocher ça de l'atmosphère propre à Battlestar Galactica par exemple où, là aussi, nous avons un vaisseau-monde, dernier espoir de l'Humanité en proie à une lutte implacable pour sa survie. Je rappelle juste quand même que j'ai bâti tout cet univers entre 2003 et 2005, date à laquelle je ne connaissais pas du tout cette série TV, évidemment. Mais pour l'avoir vu depuis, je retrouve nombre de choses que je rêve de mettre en place, notamment toute la vie quotidienne à bord de l'Agence Ukronia, faite aussi d'amours, d'amitiés, de rancoeurs, de jalousies mais aussi de lutte pour le pouvoir politique, etc.
Tout ça sera développé en filigrane, par petites touches, épisodes après épisodes.
- Bref, on avait fini par s'arrêter, pour la parution dans Spirou, sur "Agence Temporelle U.K.R.O.N.I.A.", faute de mieux. Mais, chez Dupuis, on persistait à se dire qu'il y avait risque de confusion avec d'autres titres. Et, brusquement, un membre de l'équipe éditoriale a eu cette idée de "Brigades du Temps" que nous étions persuadés d'avoir déjà testé... Et finalement non. Et, on s'est dit que là, ça le faisait très bien aussi : hommage à celles du Tigre, connotation militaire que je recherchais, titre jamais utilisé, etc. . Ceci dit, on va garder le logo de l'Agence Ukronia, qui devrait être présent en 4è de couv' et surtout au sein des récits puisque l'Agence dont font partie nos héros, garde ce nom.
- Enfin, comme le souligne encore avec justesse Gill (qui a décidément tout compris), c'est un titre aisément et immédiatement compréhensible par le grand public, au contraire d'Ukronia ou uchronie, connus plutôt d'une minorité fan de SF (faites un sondage rapide autour de vous et vous verrez). Dont acte et choix des "Brigades du Temps".
- Pour "1492, rien de nouveau", encore une fois Gill a mis le doigt sur les bonnes raisons (décidément...) : il y a le clin d'oeil au roman bien sûr mais surtout, c'est un titre à double-tranchant : oui, vu que Colomb n'a pas ramené la nouvelle de sa découverte, il n'y a toujours "Rien de nouveau à l'Ouest". Sauf que ce simple fait suffit justement à être un truc énormément "nouveau à l'Ouest"... Donc, perso, ce titre est là depuis le départ, soit 2005, et je n'en aurais changé pour rien au monde !
Pour moi, c'est exactement l'esprit de la série : mi-parodique et truffé de références historiques (militaires, culturelles ou autre) et, dans le même temps, tourné vers l'aventure et une autre façon de découvrir l'Histoire. Là aussi, il faut mettre le titre en rapport avec la couverture, tout de même très dynamique et montrant des navires voguant toutes voiles déployées vers la découverte de quelque chose, alors même qu'on affirme qu'il n'y a rien de nouveau.
- Enfin, chaque aventure en dyptique, c'est également ce qu'avance Gill : le premier tome de chaque récit mettra systématiquement en scène le moment où l'Histoire dérive, le développement de son background/contexte, des enjeux de cette dérivation, etc. Le tout assaisonné de la vie quotidienne au sein de l'Agence. Et le 2è tome sera lui plutôt consacré aux conséquences de cette dérivation (exemple pour le premier récit : les Aztèques ont découverts la navigation à voile et que vont-ils en faire ?...) et la course contre la montre de nos héros/agents pour ramener l'Histoire dans le "droit chemin" avant qu'il ne soit trop tard...
Voilà, voilà, vous en savez maintenant un peu (beaucoup) plus. Et je m'aperçois que je pourrais encore parler des heures de cet univers que nous sommes partis pour animer avec l'ami Bruno, jusqu'à ce que mort s'ensuive, je l'espère... Ce qui n'est pas, en soi, une mauvaise nouvelle...
Des bises à tous,
Kris.