La grosse difficulté de cette question est qu'un enfant n'est pas l'autre. Personnellement, j'ai été très jeune en contact avec les BD. Je ne parlerai pas de l'album de
Coke en Stock où, à deux ou trois ans, j'ai fait des gribouillages indélébiles avec un crayon jaune et gras. Mais avant que je ne sache lire, ma mère avait enregistré sur un enregistreur à grosses bandes comme on en avait à l'époque le texte de
Tintin au Tibet, avec quelques effets sonores comme le bruit du gong ou un son de trompe. Et je réécoutais cela régulièrement en feuilletant la BD. De cette expérience, je ne garde absolument pas le souvenir qu'il y aurait eu des passages de cet album qui m'aurait complètement échappés et que je n'aurais compris que bien des années plus tard. On pourra d'ailleurs peut-être conclure que je n'ai toujours rien compris.
Un peu avant 8 ans, mes parents m'ont offert mon premier Ric Hochet.
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J'en avais lu quelques pages dans un recueil du journal
Tintin chez des voisins et j'avais été tout à fait fasciné par cette histoire. Comme pour
Tintin au Tibet, j'ai lu l'album sans avoir ensuite l'impression que je n'aurais pas tout compris.
A l'inverse, mon fils qui va bientôt avoir 8 ans lui aussi commence seulement à lire les albums de Tintin, Lucky Luke et Astérix qu'il peut feuilleter (et endommager
) depuis son plus jeune âge. Il feuilletait d'ailleurs indifféremment Tintin, Lucky Luke, Astérix, Valérian, Blueberry, Broussaille, les albums de Vink, Natacha, le Décalogue ou des exemplaires du journal Spirou (j'ai par contre déplacé les albums de Bourgeon dans le haut de ma bibliothèque pour qu'il n'en fasse pas une lecture quotidienne).
Son rapport avec la BD est donc très différent de celui que je pouvais avoir. Il y a à cela plusieurs explications. J'avais personnellement un grand frère de 3 ans mon aîné qui très jeune s'est mis à dessiner lui-même des BD dont j'étais au départ le principal voire l'unique lecteur. Cette situation m'a sans doute amené à m'intéresser à des BD qui n'étaient peut-être pas vraiment de mon âge. Le fait de lire les BD dans le journal Tintin plutôt que dans des albums a également joué pour m'amener à m'intéresser à diverses histoires (je me souviens toutefois que je n'aimais pas du tout les premières pages de Bernard Prince que j'avais pu voir mais qu'ensuite c'était devenu une de mes séries préférées). Il faut également ajouter à cela l'absence d'une véritable concurrence de la télévision, car à l'époque la plage horaire des programmes visibles par les enfants était assez réduite.
Par conséquent, s'il me fallait aujourd'hui écrire un scénario pour une tranche d'âge bien définie, je serais bien en peine de savoir précisément comment l'écrire et me permettrais bien des libertés par rapport à un tel cahier des charges comme je l'ai fait en écrivant le scénario des
Secrets du Marquis.
PS : Certains adultes ont eu du mal à comprendre la fin des
Secrets du Marquis.