Yoshizaku Yazuhiko est surtout connu pour son travail dans l'animation, et notamment sur la saga Gundam. Mais il a aussi dessiné des mangas, dont il a ensuite parfois signé l'adaptation animée, comme pour Arion ou Venus wars.
En France, nous avons eu plusieurs de ses mangas :
2 séries courtes parues chez Tonkam, intégralement en couleurs et épuisées.
Une série plus longue (24 tomes, que je n'ai pas lues) et qui va être bientôt rééditée par Vega.
Et 2 séries plus courtes éditées par Naban : Venus wars, un manga de SF dont le premier tome ne devrait plus trop tarder ; et Arion, un manga présentant en 3 volumes présentant une vision assez particulière de la mythologie grecques :
C'est de ce dernier que je vais parler puisque je viens d'acheter et de lire le premier tome. Un petit mot sur l'édition d'abord. Elle est de qualité, avec un grand format (plus grand que pour les éditions deluxe habituelles), des illustrations en couleur au début (pas de pages couleur dans le manga lui-même : choix de l'éditeur ou absence dans l'édition normale ? Je ne sais pas) et surtout une interview intéressante de l'auteur et des fiches de personnage à la fin du volume. Le volume est un pavé de 400 pages mais, du fait de la narration de l'auteur (on a de nombreuses pages sans dialogues), se lit assez vite
J'avais vu le film édité chez Kaze il y a longtemps et n'en avais gardé que de vagues (et pas très bons) souvenirs, avec l'impression d'un jeu de massacres destiné à éliminer tous les dieux grecs et une vision sombre et pas très raccord avec ce qu'on nous propose d'habitude sur la mythologie (Saint Seiya par exemple).
Le second point est confirmé par la lecture du manga et les raisons en sont bien expliquées par Yoshizaku Yasuhiko dans l'interview de fin de volume : il voulait montrer une vision plus sombre de la mythologie. Elle ne repose d'ailleurs pas sur rien : la rivalité Poséidon-Zeus se retrouve par exemple à certains moments ; les travers très humains des dieux sont aussi une des caractéristiques de la mythologie grecque, même si on ne les retrouve pas tous tels quels. Zeus apparaît ici comme paranoïaque et pas loin d'être sénile, l'Hadès comploteur est plus un classique des oeuvres modernes (l'Hercule de Disney, la Justice league de Timm...) que de la mythologie. L'alliance entre Athéna et Arès est aussi un élément original tant les deux s'opposent en général violemment, directement ou par l'intermédiaire de héros. En revanche, l'Apollon pervers et égocentrique, l'Athéna orgueilleuse, l'Héphaïstos rejeté sont plus proches de leur version mythologique, avec des défauts ou éléments sombres davantage mis en avant que leurs points positifs.
Je suis plus âgé que lorsque j'ai découvert le film, ça m'a probablement aidé à plus apprécier le manga. Les touches d'humour incongrus et anachroniques très tezukiennes ont certainement aussi joué en apportant un peu de légèreté à un univers très sombre (comme dans certains passages de Bouddha ou de Phénix), rempli de complots et de guerres. On suit un Arion, plus ou moins passif selon les situations, qui va se trouver confronté à différents dieux et à leurs manipulations et pris dans leurs conflits. Ca donne l'impression qu'il est parfois ballotté par le destin et souvent manipulé par les divinités (surtout au début) mais il sait se montrer aussi actif, plus que dans mes souvenirs du film, par exemple lorsqu'il choisit de rejoindre son père. Ca contribue à rendre l'histoire prenante et à donner envie de savoir ce qu'il va advenir des différents personnages, divins ou humains.