Olaf Le Bou [dans le fil Vous venez d'acheter...] a écrit:Oncle Hermes a écrit:
longuement feuilleté, puis reposé
C'est joli, mais est-ce consistant ?? Retour please
Il y a les BD dont on attend la sortie (cette année, il y aura le nouveau tome de ceci, le nouveau de cela), et il y a celles qu'on n'attend pas. Je salue la clairvoyance de ceux qui, comme Kactuss ou Brian Addav, espéraient de longue date cet album. Pour moi, j'en ignorais tout, jusqu'à ce que BDGest' m'en offre la Preview.
L'ayant acquis et puis lu aujourd'hui, je ne suis pas bien sûr de pouvoir en parler. D'autres lectures, d'autres visions, me seront sans nul doute nécessaires, pour bien l'appréhender, et pour mieux - encore - l'apprécier. Mais ce qui d'ores et déjà m'apparaît comme certain, c'est que
Yaxin compte à mes yeux parmi les deux ou trois plus beaux albums que j'aie pu lire parmi ceux sortis depuis le début de cette année 2010.
Le scénario effleure, presque sans avoir l'air d'y toucher, les grands thèmes : l'enfance, la mort, et la mémoire, l'oubli, les mythes, et la marche du monde. On pourrait lui reprocher de ne faire qu'effleurer des choses aussi considérables. Il n'en est rien. Il y a une justesse dans cette écriture qui semble naître au confluant des grands chants anciens et des comptines pour enfant, entre poésie bucolique, cosmologique, et
bedtime story. Les vers de Keats placés en épigraphe donnent le ton. Le rythme, l'usage des rimes et des assonances, peuvent faire penser à la superbe adaptation du
Vent dans les saules par Michel Plessix - mais ici transposé dans l'univers des légendes anciennes. On peut avoir l'impression que
Yaxin ne raconte pas vraiment d'histoire. Et qu'il les raconte toutes. On y croise des faunes, des fées qui assurent le cycle des saisons et dont la beauté dévoilée rendrait fou, un géant qui ne vit plus que dans le souvenir de ceux qui l'ont croisé, mais se souvient encore des guerres qu'il a mené, et un vieux magicien, connaissant le secret de toute chose, mais pas les mots qu'il faut pour rassurer l'enfant.
Quant au dessin de Man Arenas, c'est une véritable splendeur. On sent qu'il pourrait vite être taxé d'être plus "illustrateur" que dessinateur de véritable BD. Là encore, je crois qu'il n'en est rien. Car s'il sait régaler nos yeux de magnifiques images, il y aurait aussi beaucoup à dire sur son usage du découpage, qui est souvent étonnant, se jouant librement des formats de la case, de la page, pour mieux nous entraîner dans l'atmosphère étrange, intemporelle et magique, de l'île mythique, et de l'album. On pourrait rester longtemps devant certaines planches, tant pour se régaler de leur beauté que pour analyser leur construction.
Un merveilleux petit miracle.