de anaxarque » 17/04/2012 10:27
Mitsuhisa Kuji fut un des assistants de Miura, un bon point. On m’a vendu ce livre, comme, je cite, "une histoire oppressante, de type historique, se déroulant dans une fin de moyen-âge lugubre, à la frontière des cantons suisses, des royaumes et principautés italiennes, de la France et de l’Autriche, alors au bord de la guerre générale, peuplée de personnages charismatiques et de salauds innommables, aux destins tragique".
Je me suis donc laissé tenter.
J’avais déjà apprécié, sur les conseils de mon libraire, toujours chez Ki-oon, Arms Peddler, une bonne et malsaine histoire de Dark Fantasy avec nécromants, monstres et antihéros névrosés tout à fait recommandable pour les amateurs du genre.
Mais revenons à nos moutons et à nos bouquetins alpins : pour ce qui est des destins tragiques, mon brave libraire avait raison, l’espérance de vie dans la citadelle de Wolfsmund est brève, très brève. Malgré des efforts méritoires (déguisement, mensonge, faux-papiers), les rebelles en fuites, les espions pressés ou des messagers ne peuvent passer par la forteresse et finissent tous abominablement assassinés, une fois démasqués, par Wolfstram, le gardien à qui rien n’échappe.
Mon premier problème, vient de cette trame et de cette fin identique à chaque récit : (il y en a trois dans ce tome) franchement, voir des voyageurs qui tentent de passer la frontière, démasqués, poursuivis, torturés, tués et Cie., suivant un processus immuable cela lasse très vite, il fallait faire intervenir au plus tôt la contrepartie héroïque de Wolfstram pour que l'on puisse être intrigués par cette histoire dont le "background" avait un potentiel certain.
L'autre souci vient de ce gardien de la forteresse, Wolfstram donc : son sourire imperturbable, sa gueule d’ange et son sadisme calculateur constant font trop penser à un Griffith aux cheveux bruns ; certes le mangaka a travaillé avec Miura, de là à copier ses tics visuels et narratifs !
Qui plus est, la facilité avec laquelle il demasque les fuyards est quasi-surnaturelle, à croire qu'il lit les pensées ou voit l'avenir. Ceci risque de provoquer une contradiction grave dans ce manga se voulant "historique", car introduire du fantastique le fait basculer dans de l'Héroïc Fantasy, ce qui n'a rien de mal en soi, mais il fait savoir ce que l'on veut faire, là, on a le désagréable sentiment que l'auteur ne sait pas vraiement où il va.
Enfin, le dessin de Kuji est quand même plus que perfectible. Que d’angles atroces ! Que d’absences de décors en arrière plan, alors que l'histoire se passe dans les Alpes ! Que de maladresses dans les expressions faciales qui restent figées en dépit du bon sens !
J’ignore si ce manga peut s’améliorer pas la suite.
A en croire certains participants, comme Miura dans Berserk, l'auteur prendrait de plus en plus d'assurance dans sa structuration narrative et dans son trait.
Mais, au vu de ce tome, je n’ai pas vraiment envie de le savoir : navré, je trouve qu'il y a déjà assez de bons manga à suivre comme cela. Je passe donc.
"On Friday night, a comedian died in New York. Someone threw him out a window and when he hit the sidewalk his head was driven up into his stomach. Nobody cares. Nobody cares but me. " Roarshach's Journal, 13/10/1985.