Je ne me lasse pas de Moebius, parce que ça doit être un peu ma madeleine.
Mais je suis scié et franchement admiratif devant le riche apport de Graton au medium BD. Ce mec, ne l'oublions pas, est un prolo (au sens noble du terme, c'est-à-dire un ouvrier des chantiers navals ; rien ne le prédestinait au dessin ni à la narration. Je suis épaté par sa clarté et son aisance à être un excellent pédagogue. Moi, je n'y entends rien en courses automobiles ou de motos. Mais avec lui, c'est du nanan. Tout y est expliqué clairement, au bon moment.
Sans parler des codes graphiques qu'il a quasiment mis au point pour de nombreux successeurs et imitateurs.
Alors, certes, il est arrivé au bon moment et a fait les bonnes rencontres quand il le fallait : Charlier à l'agence Troisfontaine qui lui a mis le pied à l'étrier, Goscinny qui bossait aussi pour Troisfontaine avant d'être viré (entraînant le départ de Charlier, Uderzo et quelques autres par solidarité) et de se retrouver au Lombard. Graton, lui avait déjà rejoint l'écurie de Raymond Leblanc et ça a tout de suite gazé (c'est le cas de le dire, pour des histoires de moteurs fonctionnant aux hydrocarbures). Mais les rencontres qui servent de tremplin n'enlèvent rien à sa capacité de travail qui ont fait de lui un dessinateur et un scénariste talentueux.
Pour dire deux mots de ce tome 3, après un rapide survol (pas encore lu) :
- point positif, qui pourrait par ailleurs rendre le bouquin recherché s'il n'est pas réimprimé (comme le Oncle Paul chez Dupuis qui est proposé au prix de l'or) : c'est la reproduction des planches "work in progress" d'un récit totalement inédit de Julie Wood. Le décoriste et le dessinateur des motos étaient des dessinateurs de grand talent. C'est le départ du dernier qui semble avoir mis un terme à la série, même si le perso de Julie Wood s'est retrouvé faire quelques apparitions dans la série Michel Vaillant (dont je me contente des vingt ou vingt-quatre premiers tomes, les meilleurs selon les vieux fans.).
- point négatif : pourquoi n'avoir pas incorporé dans cet album l'autre récit mettant en scène Julie Wood au Paul Ricard ? Huit planches de plus, ça pouvait se caser sans problème. Au pire, il suffisait de réduire d'une page ou deux le dossier qui consiste en un intéressant (mais pas indispensable dans sa totalité au point de primer sur un récit ayant toute sa place dans l'intégrale) témoignage du pilote belge Didier de Radiguès.
Je ne regrette pas mon achat, malgré cette petite déception (frustration).