après 12 ans d'activité éditoriale, Vide Cocagne va arrêter de sortir des livres en librairies fin 2022.
Un petit mot d'explication d'un des membres fondateurs :
Nous aurions sans doute dû nous appeler les éditions 2022 !
Oui, la maison d’édition Vide Cocagne s’arrête à la fin de l'année pour ne demeurer qu’une association locale nantaise, s’occupant de bande dessinée autrement, sans ambition éditoriale particulière, nous verrons bien comment nous évoluerons, ce que nous ferons. Sans regret, avec fierté.
Mission accomplie !
Quand Thierry et moi avons créé Vide Cocagne en 2003, nous avions l’intention d’en faire un laboratoire qui nous permettrait de découvrir le métier d’auteur et d’éditeur, nous voulions développer notre art, chacun de notre côté mais ensemble, en se serrant les coudes, en s’associant.
De notre point de vue, c’est donc une réussite, Thierry est un illustrateur et auteur de livres jeunesse reconnu, je suis l’auteur BD que je rêvais d’être ; des auteurs comme tous les autres, débordés, à flux tendus, se battant pour vivre de leur travail et pour qui, suivre la création de livres et gérer une maison d’édition avec une belle ambition devenait tout simplement impossible.
D’autres nous ont rejoint en cours de route dans cette aventure associative, je pense principalement à Émile et Thomas qui développent maintenant la Maison et le Festival Fumetti, deux projets initialement impulsés par Vide Cocagne : des institutions en passe de devenir des acteurs essentiels dans le paysage de la bande dessinée française. Merci également à Terreur Graphique qui a intégré l’équipe en créant la revue puis la collection « Alimentation Générale ». Merci à eux pour leur aventure Vide Cocagne.
Aujourd’hui, Mariane qui portait à bouts de bras l’association avec un grand mérite et une belle énergie a légitimement envie d’autres aventures professionnelles : nous la remercions d’avoir porté le rocher de Sisyphe/Vide Cocagne, aussi bien et aussi longtemps – pourtant qu’il était lourd à rouler ce rocher - et nous lui souhaitons une belle route. Merci à toi, Mariane !
Merci aux bénévoles qui ont un jour soutenu Vide Cocagne dans notre délire, impossible de citer tous ceux qui nous ont aidé de près ou de loin : mais un petit merci plus particulier à l’indéfectible président Stefan. Et des remerciements affectueux à Mathias et Vegas.
Merci à tous les auteurs et autrices qui nous ont fait confiance. Nous avons essayé de défendre au mieux vos livres, nous n’aurons pas tout réussi mais nous aurons essayé. Notre catalogue est varié, joyeux, risqué, ambitieux, nous sommes fiers de tous ces beaux ouvrages et espérons qu’ils revivront ailleurs, d’une manière ou d’une autre.
Enfin, évidemment, merci à tous ceux qui nous ont soutenus et qui ont défendu nos livres, diffuseurs, journalistes, libraires, festivals ; merci surtout surtout surtout à tous ceux qui ont acheté, lu et aimé nos livres. Merci à toi lecteur, lectrice, mon amour !
Partir un jour.
Aujourd’hui, avec le départ de Mariane, nous avons pesé le pour et le contre : continuer, chercher quelqu’un d’autre ? Ou s’arrêter ? Nous avons choisi d’arrêter.
Depuis un moment le système de la chaîne du livre, qui nous impose un rythme de parution élevé (pas de nouveauté, pas de rentrée d’argent), nous pesait. Nous voulions faire les choses plus simplement, plus librement, plus en accord aussi avec nos pensées, comme quand nous avons commencé avec des fanzines.
Nous sommes avant tout des auteurs qui jouions à l’éditeur par amour des livres, mais les livres ont besoin d’un éditeur à temps plein, un éditeur qui mouille la chemise, qui va au front ! En tant qu’auteurs, nous avons maintenant des exigences, que nous peinions fortement à mettre en place en tant qu’éditeur ; ça devenait là encore trop compliqué d’avoir la double casquette. Sans regret donc, avec même un peu de soulagement tant la tâche est devenue ardue.
J’en profite pour saluer nos collègues éditeurs indépendants à la Don Quichotte qui continuent le combat pour éditer de beaux livres. Plus particulièrement les éditeurs nantais bien sûr mais surtout les 6 Pieds Sous Terre pour leur soutien en festival ! J’invite au passage mes collègues auteurs à se pencher un peu plus sur les conditions d’édition d’un livre indépendant, ça n’est pas de tout repos non plus !
Tel le phœnix ?
Ce n’est pas la première fois Vide Cocagne fait sa mue, c’est même dans sa nature : aussi nous ne fermons rien, nous laissons la porte ouverte, nous laissons l’association se reposer un peu et nous verrons bien ce que l’avenir lui réserve.
Fabien Grolleau
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