de herve26 » 30/09/2013 20:14
J'ai attendu que les éditions canalbd sortent enfin ce tirage de luxe pour me plonger dans cette aventure.
Il s'agit là certainement de l'un des albums les plus intelligents et remarquables qu'il m'est été donné de lire en cette rentrée.
Explorant les failles de Victor Hugo (son désespoir après la mort de Léopoldine, son goût des séances de spiritisme, son aversion contre l'Empire), Esther Gil nous propose un scénario finement ciselé, très éloigné d'une biographie classique. En effet, c'est une véritable énigme policière que l'on suit tout au long de ces 93 pages, énigme policière ponctuée d’événements et d'autant de personnages qui alimenteront l’œuvre de l'écrivain. On y croise en effet,Gavroche, Vidocq (qui deviendra Javert sous la plume de Victor Hugo) mais nous assistons également à la célèbre scène de fuite dans les égouts de Paris que l'on retrouvera dans "les Misérables" mais aussi en toile de fond, nous découvrons l'histoire de John Charles Tapner, dont s'inspirera Victor Hugo pour son pamphlet "le dernier jour d'un condamné à mort". Et l'auteur ose même une explication assez personnelle du port de la barbe par le Poète.
Cet album s'inscrit dans la droite ligne du combat de Victor Hugo contre Napoléon III, avec un empereur plus vrai que nature sous les traits de Laurent Paturaud.
Car la force de cet album réside sans doute dans les magnifiques planches de Laurent Paturaud, aussi à l'aise pour nous décrire la cour de l'Empereur, que les bas fonds de Paris.Mais il excelle dans les personnages, surtout les personnages féminins, qui sont de toutes beautés sous ses pinceaux. Il suffit pour s'en convaincre de vous plonger dans la cahier d'esquisses, qui est presque trop court!
Pour les amateurs, je vous conseille les éditions canalbd qui proposent un dossier historique (en plus des esquisses) reprenant les personnages et événements présents dans cet album.
Bien sûr, vous ne pouvez refermer ce livre sans découvrir ce poème que tout les écoliers ont appris, sous un autre angle:
"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends
...."
"Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux" Chateaubriand