LEAUTAUD a écrit:Par volume de parutions j'entends effectivement nombre de titres différents parus ( pas le nombre d'albums vendus)
Et le lectorat de bande dessinée est extrèmement différencié ( on dénombre , comme tu le rappelles ,quelques centaines de milliers de lecteurs pour le dernier Titeuf , quelques milliers pour le King of necropolis de Zezelj , et quelques centaines pour une réédition confidentielle d'un classique oublié ,mais cela fait bien trois titres parus )
L'importance de l'offre ( le nombre d'albums parus), hors chiffres de ventes, reste un élément concret pour mesurer l'extension du champ culturel propre à la bande dessinée ( y compris les grosses daubes , partie prenante de ce champ culturel).
Hm, c'est là qu'il serait intéressant de croiser le nombre de parutions avec les tirages. Cela donnerait une meilleure idée de la véritable surproduction, en estimant de manière plus réaliste la "charge" pour le réseau de distribution/commercialisation.
Je m'explique: si 50 micro-éditeurs publient chacun trois livres, tirés à 1000 exemplaires (ce qui n'est pas irréaliste), cela représente une "charge" pour la distribution de 150 000 ouvrages. En face, Flammarion (7e groupe d'édition au nombre de sorties selon Gilles Ratier) avec ses 150 nouveautés tirées à 10 000 exemplaires en moyenne (pour faire une côte mal taillée, estimation à la louche) représente pour l'année une "charge" de 1,5 million d'ouvrages.
On voit tout de suite comment, à volume de sorties égal (150 nouveautés dans chaque cas), la "charge" sur le réseau de distribution/commercialisation, soit la fameuse "surproduction", n'a strictement rien à voir entre les petits éditeurs et les gros. Dans l'exemple schématique ci-dessus, les micros éditeurs représentent 50% des sorties (ce qui est énorme), mais tout juste 9% des exemplaires présents en rayon.
(c'est ce que l'on appelle la
distribution numérique [DN], à peu de choses près -- à opposer à la distribution en valeur [DV] qui prend en compte les prix. cf.
ici)
Bref - si l'on étend ce raisonnement à l'ensemble des éditeurs, on se rend compte très rapidement que les micro-éditeurs peuvent sortir autant de titres qu'ils veulent, leur contribution à la surproduction ambiante restera marginale. Tous les livres (objets commerciaux) ne sont pas égaux entre eux, loin s'en faut.