Bonjour à tous ! Je me permets d'ouvrir un nouveau sujet à propos d'une BD que je viens de découvrir. C'est un bon exemple je pense, de ce que j’appellerais BD alternative. Sous tous les aspects. Et un exemple en direct !
Je pars du postulat qu'une bd indépendante c'est une bd autonome dans ses moyens de production. Quelque soit la taille de l'éditeur, cela reste intrinsèquement le même type de structure - qui a son mot à dire sur le livre
. Je pense donc qu'il n'y a de BD alternative que celle d'auteur.
La BD alternative propose un regard personnel d'un auteur sans aucune intervention extérieure sur le travail du médium. C'est ce qui multiplie certainement le champ des possibles, et qui fait que c'est alternatif. En résumé, pour moi la différence ne se situe pas qu'en surface mais en profondeur, au mode de production même, d'où découle un contenu différent.
C'est une auto-édition, donc un boulot vraiment indépendant. Et ça se voit.
Je vais étayer le propos en détaillant le prototype. C'est un one shot de western en 96 pages. A petit tirage.
Alors déjà le titre est relativement long, plus long que la moyenne en tout cas et ce n'est pas anodin. Il semble déjà vouloir dire quelque chose à lui seul. On pourrait dire que ce n'est pas vendeur et qu'en regardant ma bédéthèque, la tendance dans les titres, c'est plutôt court. Une bd de genre donc qui s'adresse à un public moins large, disons plus restreint que les traditionnelles versions qu'on trouve facilement dans le commerce.
Ensuite le format est de 96 pages. Soit le double du standard de 48.
A la lecture des premières planches on devine pourquoi la pagination est plus conséquente. Le ton n'est pas commun, si je puis dire. L'approche narrative semble aussi plus « moderne », presque cinématographique.
Vous pouvez avoir une vue d'ensemble, les premières planches sont en preview et on peut comprendre la démarche pour la conception.
http://fr.ulule.com/goutte-or/C'est la première fois que je pré-commande une bd alternative. Et c'est la premières fois aussi que j'en vois l'intérêt. J'ai toujours associé ça à de l'amateurisme – à tort. C'est quand même un sujet d'époque. Je pense que cela va se démocratiser à terme parce qu'il y a plein d'avantages. Les petits tirages évitent le gaspillage qu'est la mise au pilon. Et le contenu des livres est plus diversifié. Chaque bd peut trouver son lectorat à cette échelle.
Le gros désavantage par contre c'est que ce sont des livres souvent dans l'ombre, parfois tellement que les potentiels intéressés n'en entendront jamais parler, silence qui remet en cause l'existence même d'un paquet de bd. Et il y aurait certainement une chose à faire dans le domaine de la « com ».
Avec cet exemple, on voit que pour une bd indépendante comme celle-ci, il faut mille lecteurs environ, sans doute un peu plus. Ce qui est peu et beaucoup à la fois.
Les planches originales sont toutes disponibles et relativement accessibles en comparaison de celles des « blogbuster » dans les galeries, et c'est bien ça aussi. C'est alternatif dans l'acte d'achat, dans le rapport lecteurs/auteur. J'imagine que recevoir un livre qu'on a pré-commandé et financé par la même occasion des mois plus tôt ajoute une saveur particulière.
Je trouve ce genre de chose plutôt sympa, et pour le coup réellement alternatif.
Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas, mais qu'est-ce que vous en pensez de ce genre d'exemple ? Aussi bien au niveau du financement, de la démarche, etc... C'est intéressant non ?