Dans une tribune, je ne sais plus quel journaliste avait laissé entendre que des livres comme
Pilules Bleues ou
Persépolis devaient beaucoup de leur succès et de leur réussite dans les festival et palmarès en tous genres à leur sujet. Si, d'un côté, il n'est sans doute pas faux d'affirmer qu'un livre qui traite d'un sujet "différent" attirera au départ plus l'attention et sera plus facilment remarqué qu'un album au sujet plus pass-partout, ce serait méprisant de penser qu'ils n'ont été primé que pour cela. Ces livres ont les qualités nécessaires pour justifier qu'ils aient été primé. L'ont-ils été "à la place" d'autres livres, d'aussi grande qualité dans leur genre ? Peut-être, mais on en revient au problème du choix d'un jury, toujours humain et toujours mauvais, par définition (on a autant hué la palme de Pialat que celle de Tarantino, pour des raisons complètement opposées, et la palme des frères Coen leur a été offerte sur un plateau, tant le style de Barton Fink ne pouvait que plaire à Polanski, président du jury, alors que beaucoup auraient vu la belle noiseuse sacrée... c'est très bien expliqué dans les bonus du dvd... mais cela n'enlève rien à la qualité de ce film qui est une belle palme, comme l'aurait été la belle noiseuse).
Cela dit, qui n'a pas vu un certain opportunisme à décerner le grand prix à Guy Delisle l'an dernier ? Son livre était agréable, mais n'était pas transcendant et loin d'être son meilleur. Mais il traite d'Israël, sujet un peu bateau.
Sur la qualité même du livre, si un sujet suffaisait à faire un bon livre, ce serait tellement plus simple
Un livre reste un objet complexe et les meilleures intentions du monde sur le sujet le plus touchant du monde ne garantit pas un grand livre. Je vais le faire des amis, mais Taniguchi a commis quelques histoires qui traitent de sujets bien jolis, mignons, touchants et tout le toutim qui ne sont que d'infames guimauves qui collent aux dents. Et on passe pour un sans-coeur quand on affirme que, non, cette touchante histoire d'un chien qui meurt, dans la neige, en protégeant un bébé du froid et des loups qui le menacent, et qui rend son dernier souffle, alors que le bébé, sur le point d'être sauvé, le regarde dans les yeux avec une intensité qui laisse deviner la reconnaissance éternelle de ce petit bout pour l'animal. Je suis un monstre