J'achève la lecture de l'album , et en le refermant je me retrouve dans l'état d'esprit qui fut le mien à la lecture il y a une trentaine d'années du roman de Manchette.
Les codes graphiques de Tardi sont en phase avec la minutie descriptive de Manchette , il ne manque pas un de ces détails ralentisseurs d'action ni aucun mouvement accélérateur d'intrigue , du grand art !
Manchette l'entomologiste épinglait sur sa page ses personnages , il y avait là toute l'influence d'un Laborit mêlé au comportementalisme le plus dépouillé . C'est précisemment cette approche behavioriste que Tardi a transposée ,y compris les dialogues tirés du roman . Manchette avait l'avantage de laisser libre cours à notre imagination pour parachever ses descriptions de paysages urbains et de pavillons isolés dans la forêt , Tardi , bande dessinée oblige , ne nous laisse aucun espace dans ce domaine puisque tout est représenté , jusqu'au moindre pavé mouillé sous la lumière electrique. Un tour de force dont il est coutumier mais que je ne me lasse pas d'admirer . Je ne me souviens plus si Manchette citait les affaires Mesrine et Ranucci , comme le fait Tardi , mais ces références densifient l'atmosphère noire qui plane sur ce récit .
Sur la " morale " de l'histoire , je reste persuadé que Jean Patrick Manchette , à la génération duquel , comme Jacques Tardi , j'appartiens , s'est souvenu d'une chanson de Charles Trenet , " Le grand café "...