Depuis le temps que je l’attendais, ce tome 2 de SUPREME.DELCOURT nous a fait patienter pendant à peu près 7 ans. Je ne sais pas si c’est le phénomène autour de l’auteur (qui a forcément fait parler de lui depuis WATCHMEN et la polémique autour de FILLES PERDUES) qui a enclenché la publication de cette suite, mais en attendant, on ne peut que s’en féliciter. Même maquette, même format, aucun problème, ca rentre parfaitement dans la bibliothèque pour les plus pointilleux d’entre nous. En étant méchant, j’irai même jusqu’à dire que WATCHMEN LE FILM n’a eu pour seul intérêt que de pouvoir faire sortir ce tome 2.
Pour la peine, j’ai pris du temps pour relire le tome 1 dont je ne me souvenais plus très bien et pour pouvoir attaquer ce TOME 2 dans les meilleures conditions.
Le premier TOME est tout bonnement excellent et prend toute sa valeur au vu des productions de ses dernières années. En effet, on sent, aussi bien chez MARVEL que chez DC une envie de retour en arrière, de revenir à des références des années 50/60 , comme l’ont prouvé ALL STAR SUPERMAN, les fameux THE TWELVE ou encore CAPTAIN AMERICA chez MARVEL. Et pourtant ALAN MOORE les a tous enterré dix ans plus tôt avec son SUPREME dessiné par ROB LIEFELD et IAN CHURCHILL, je pense surtout au ALL STAR SUPERMAN de GRANT MORRISON qui perd nettement de sa superbe après la lecture de SUPREME – L’AGE D’OR. EN effet, le principe est le même, renouer avec l’esprit des années 50 , ne pas faire de ce récit un récit rétro, mais remettre au goût du jour le merveilleux de ces années là, ou monstres improbables se fondaient dans des histoires surréalistes. MOORE essaye donc de retranscrire cet aspect dans les années 90, et il y réussit parfaitement. Il faut dire que ce SUPREME, allégorie pas du tout cachée de SUPERMAN lui permet de faire beaucoup plus de choses qu’avec le personnage original de l’homme d’acier , dans la mesure où il a tout a créer. (Reconnaissons d’ailleurs que MOORE a écrit l’une des meilleures histoires de SUPERMAN dans WHATEVER HAPPENED TO THE MAN OF TOMORROW, qui voguait un peu sur les mêmes eaux. ).
Il n’a pas a se soucier du passé avec ce SUPREME ; création de ROB LIFIELD sans odeur ni saveur, et va pouvoir se permettre de lui inventer un passé, à l’aide de flash back dessinées de manière un peu rétro par un de ses acolytes de toujours, RICK VEITCH. Le principe est simple, LIEFELD demande à MOORE de reprendre SUPREME au numéro 41 et ce dernier accepte s’il peut faire table rase des 40 numéros précédents, redéfinir complètement ses origines pour en faire ce qu’il désire, ne trouvant pas la série très bonne (et pour cause, elle était scénarisée pare LIEFELD et VALENTINO). Et tout s’étale immédiatement sous nos yeux, formant une majestueuse tapisserie dans laquelle chaque petit flash back a son importance dans le présent, en dehors du fait de permettre à MOORE de jouer sur les références et les idées joyeusement farfelues de l’époque. Et dieu sait qu’il va en introduire des idées , ne serait-ce que dans le premier épisode de la série où il nous crée en deux trois pages une rencontre entre les SUPREME des années 50 et le nouveau SUPREME plus musclé que jamais sus le crayon de JOE BENNETT. D’entrée on est dans de la mise en abyme intelligemment distillée, le SUPREMIUM (sorte de KRYPTONITE) étant un métal assez puissant pour « redéfinir » une nouvelle version de SUPRME tous les dix/quinze ans. Toutes les versions des anciens SUPREME se retrouvent dans les limbes où ils vivent en attendant le suivant. On a une souris suprême, un cheval SUPREME , etc….
D’entrée, MOORE déplace le niveau de lecture de deux ou trois crans, introduisant non seulement une nostalgie rétro, mais aussi une réflexion sur le médium (comme à son habitude d’ailleurs). Le premier TOME est particulièrement réussi car non seulement il nous fait vivre les pérégrinations de ce nouveau SUPREME en complète redéfinition, mais nous livre des petits bijoux d’histoire au ton très 50’s dans les flash backs, quasiment tous dessinées par RICK VEITCH qui tiennent parfaitement la route. Pour le reste, ce sont quand même des dessinateurs du studio IMAGE des années 90, donc il ne faut pas s’attendre à grand chose de bien, si ce n’est l’arrivée tardive et timide de CHRIS SPROUSE qui fait encore franchir un palier dans la narration.
Au vu de l’exceptionnel TOME 1 ; j’attendais beaucoup du tome 2 , et j’ai été un peu plus déçu au départ. En effet, les quatre ou cinq premiers épisodes sont assez faible en comparaison des autres. Il faut dire qu’on es passé de IMAGE à EXTREME STUDIOS , complètement dirigés par LIEFELD , et le passage avec les CLINTON où l’attaque des super criminels est le moins réussi (c’est pourtant celui qui est le mieux dessiné). SUPREME revient alors dans une mini série appelée THE RETURN où MOORE renoue avec les aspects méta textuels des débuts, livrant de très bonnes choses, notamment avec un épisode consacré à DARIUS DAX , le méchant numéro 1 de la série qui nous prouve que toute son histoire était prévue dés l’arrivée de MOORE aux manettes. La fin est assez terrible, SUPREME rencontrant même JACK KIRBY dans le monde des idées. Le volume se termine assez abruptement, mais je pense que c’est à cause de la faillite de la compagnie de LIEFELD et ilo manque un petit quelque chose (d’ailleurs il paraît que deux numéros écrits par MOORE pour clore la série n’ont pas vu le jour ! ) , c’est un peu dommage, mais il n’y a pas de souci de compréhension et on a une vraie fin. Bref, ces deux volumes de SUPREME sont à ranger assez haut dans votre collection, surtout si vous avez apprécié le ALL STAR SUPERMAN qui est une redite finalement assez légère de ce SUPREME !
Critique réalisé par Doop sur
Buzzcomics .
Et je rajoute tout simplement que c'est du très bon Moore , vivement conseillé !