de anaxarque » 08/06/2011 10:28
Supergod est pour moi une relative déception.
Warren Ellis, même en forme moyenne, reste un très bon scénariste. Le dessin est certes magnifique, mais quand on lit, à propos sur la quatrième de couverture «" on retrouve le Warren Ellis de Planetary" », je suis méfiant.
Supergod est le troisième volet de la satire super-héroïque de l’ami Ellis, publiée initialement outre-atlantique chez Avatar Press.
Ellis, suite à Planetary, à Authority et au savoureux NEXTWAVE Agents de la H. A. I. N. E, démolit dans cette " trilogie", avec une certaine obstination, le mythe super-héroïque.
-Dans "Black Summer" on voyait les héros perdre les pédales et tenter de contrôler le monde, (thème qu’il aborda de manière plus subtile dans NewUniversal et plus amusante dans Authority).
-Dans "No Hero" on se rendait compte que les Héros n’étaient finalement que des imposteurs dont les pouvoirs provenaient de la consommation de drogues (comme dans The Boys de Ennis) et qu’il était grand temps de faire le ménage…
- Dans "Supergod", les gouvernements décident de créer des surhommes, inspirés de la mythologie, en customisant, avec les technologies de pointe, des volontaires qui doivent, en théorie, leur servir d’armes suprêmes : en Inde on crée Krishna, au Pakistan Maitreya, en Iran Perun, etc.…
Mais, rien ne se passera comme prévu, suivant l’adage le pouvoir absolu corrompt absolument , les Dieux crées par l’homme, à son image, vont vite vouloir le dominer, l’asservir où carrément le supprimer…De même, ils se combattent à mort pour le pouvoir ultime et leurs guerres ravagent complètement notre planète.
Le dessin de Gastonny est magnifique.
On retrouve la qualité des dialogues, le cynisme, le ton sarcastique et la cruauté d’Ellis, ils sont portés par son narrateur, un des scientifiques qui créa un dieu. Il n’a plus toute sa tête et raconte, dans un récit aussi embrouillé que son esprit, comment le monde en est arrivé là.
Comme pour les deux autres volets de cette "trilogie", l’hémoglobine coule à flot, les gens meurent dans des souffrances terribles, les villes s’effondrent, les combats sont anthologiques, etc.
Cependant, j'éprouve le sentiment génant d’avoir vu et lu de telles choses dans Authority, puis Planetary : A savoir des surhommes crées par l’homme qui décident de prendre les choses en mains et de dominer leurs géniteurs, pour le meilleur et le pire.
Cette œuvre est pour moi mineure dans la production d’Ellis. La thématique des hommes qui créent des "dieux" et puis s’en mordent les doigts, on voit cela depuis le Frankenstein de Shelley !
Il n’en demeure pas moins que l’on passe un moment sympathique à lire cette BD, mais, elle n’a rien d’inoubliable. Dommage.
"On Friday night, a comedian died in New York. Someone threw him out a window and when he hit the sidewalk his head was driven up into his stomach. Nobody cares. Nobody cares but me. " Roarshach's Journal, 13/10/1985.