de superboy » 30/11/2018 12:01
Acheté et lu.
Du côté fabrication, c'est vraiment de la belle ouvrage. Doki doki a mis les petits plats dans les grands avec tout ce que décrit geoff, plus une qualité de papier supérieure à l'édition régulière et des suppléments du genre recherches graphiques et interview qui devraient se poursuivre dans les volumes suivants. Ils ont même conservé les couvertures de la première publication à l'intérieur.
Pour le prix, assez problématique à mon sens, c'est effectivement la couverture cartonnée qui le fait exploser. Je trouve ce choix incompréhensible quand on sait que la seule autre édition de ce type, la version Deluxe de Hikaru No Go, est une catastrophe industrielle. A l'époque, tonkam voyait cette réédition d'un de leurs titres phares, avec un prix surgonflé, comme de l'argent facile et une bouffée d'oxygène dans une période très difficile pour l'éditeur. Mais cette décision de taper dans l'ultra premium a créé un boulet qui n'a fait que précipiter un peu plus sa disparition, absorbé définitivement par delcourt. Je me souvient que les gars de tonkam étaient vraiment tombés des nues tant la dichotomie entre leurs attentes et les ventes avait été forte.
Maintenant, étant donné que la série se poursuit - certes à un rythme ralenti - et qu'il y a eu réimpression des premiers tomes, je suppose que cette édition a su trouver une forme d'équilibre financier, mais quoi qu'il en soit, ça n'a rien d'une réussite.
Pour en revenir à Sun Ken Rock, ce premier volume double de 400 pages me laisse circonspect. Je l'ai acheté après avoir découvert Boichi récemment avec Origin, qui démarre sur les chapeaux de roues et qui est tout de suite prenant. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du titre qui l'a rendu célèbre. C'est un de ces mangas qui "commence vraiment au tome ??, mais après c'est génial". Pour cela j'ai l'habitude, et je peux être patient.
Ce qui me gêne plus, c'est la narration confuse et le découpage de l'action, pour l'instant. Dans un manga de baston sur fond de guerre des gangs, ça fait tâche, quand même. Le trait est déjà sûr et précis, pas de souci là-dessus. Mais malgré quelques pleines pages qui en jettent, sa mise en scène manque de punch je trouve, ce qui nuit au dynamisme des combats.
Quand je compare à Origin, je vois la courbe de progression vertigineuse de l'auteur, et je sais que ça va finir par arriver. Mais si j'avais découvert la série lors de sa première parution, pas sûr que j'aurais continué.
Car là où le bât blesse vraiment, c'est au niveau du scénario. D'une part, les enjeux de l'intrigue sont toujours inexistant, bien que sous-jacent, ce qui rend la lecture assez lourde avec une suite d'affrontement à l'intérêt microscopique racontés en pilote automatique afin d'établir les personnages et la situation. A la limite, ça peut encore passer, on sait que les mangas au long court commencent souvent piano.
Là où je pardonne moins facilement, c'est sur l'écriture des personnages secondaires. Boichi n'arrive pas à leur donner de relief et ne les utilise que comme outils narratifs pour fixer des enjeux totalement artificiels, cela en se servant de procédés que je trouve dégueulasses. Je pense avant tout au traitement que subissent les personnages féminins. C'est bien simple, sur quatre femmes présentes, trois se font violer, dont deux de manière très graphique - la troisième, qui n'apparait qu'en flashback dans cinq cases à tout casser, réussit à se faire violer hors champs. Alors je ne suis pas opposé à ce type d'histoire, ni au fan service en général, mais le systématisme dont l'auteur fait preuve en douze chapitre a réussi à m'écœurer, à ma grande surprise.
J'y vois les plâtres de début de série qu'un auteur manquant de maîtrise doit fatalement essuyer, et je reste confiant, vu la réussite qu'est actuellement Origin. Mais clairement, et même s'il est évident qu'il ne se départira jamais de ses personnages féminins hypersexualisés - tant mieux, ai-je envie de dire - sa formule requiert un rééquilibrage dans le dosage, car pour l'instant, son histoire accomplit la gageure d'être trop plate et trop outrancière à la fois. C'est dommage car à priori, c'est le genre de cocktail que je descend comme du petit lait.