de pibiri » 27/11/2015 16:10
Ça c'est une remarque constructive. J’apprécie. Merci.
Voila le synopsis. L'histoire compte de 190 pages. Je la donne à lire sans souci. Mais pour eviter de faire perdre du temps et d'en perdre, je préfère voir des planches avant. Bonne lecture
Synopsis:
L’officier du RAID Lucio Novi accepte une mission de protection confiée par un service de sécurité d’Etat. Il met le pied dans un engrenage qui le mènera à une étrange congrégation « d’immortels » qui dirige le Monde depuis des siècles. Alors qu’il parvient à sauver les participants à la conférence d’un attentat, il est blessé et plonge dans le coma.
Dans un tout autre univers qui aurait vu la victoire de l’Allemagne Nazi au terme de la seconde Guerre Mondiale, le chirurgien Hermès Désenfants commence à ressentir les expériences de son double Lucio. Ça vie en sera bouleversée, pourchassé par la Gestapo et accueilli par une organisation terroriste espérant renverser la nouvelle caste dictatrice de ce monde.
Le scénario nous plonge dans ces deux univers, notre 21ème siècle et son double uchronique où Paris serait devenu une métropole à deux vitesses, partagée entre une société collaboratrice aisée et les favelas d’une population oubliée par le progrès.
Fort des connaissances de son double Lucio dans le coma, Hermès se convaincra-t-il de sa folie ou acceptera-t-il son rôle en comprenant la connections de ces deux univers ?
Note d’intention
Time Shift est une histoire d’action et science-fiction qui base son intrigue sur les paradoxes temporels. Comme dans certaines œuvres narratives d’Enki Bilal, l’histoire imagine l’interaction des religions et de la croyance avec une société moderne et développée. C'est un voyage entre la folie et la révélation, la croyance et le rationalisme. L’histoire est basée sur l’interprétation d’un passage ambigu des évangiles (Luc 22 : 10,16) qui depuis le temps de Joachim de Flore (XII siècle) fut interprété comme une allégorie temporelle astrologique. Le philosophe contextualisait ces mots avec l’apocalypse, et prédisait l’événement de l’âge de l’esprit et l’arrivée d’un nouveau messie avec le début de l’âge de l’aquarium. En fait, il y a des nombreuses religions qui encore aujourd’hui attendent le retour du fils de Dieu, même si le sujet est souvent évité. Chez les catholiques, cela s’appelle la parousie, le retour du fils de Dieu qui reviendrait, monté son cheval blanc dans le sang des ennemis pour juger les morts et les vivants (Apocalypse 19 : 11-16).
Le film traite de ce retour du messie. Une histoire d’action et de science-fiction qui oppose science et religion, deux concepts depuis toujours ennemis, et se prend la liberté de jongler avec des concepts comme la prédestination, la prophétie, Dieu, etc. De façon cohérente avec la bible, le messie doit accepter son rôle de guerrier, la volonté de Dieu est accomplie avec la révolution et le sang, les apôtres ne nécessitent guère d’épreuves et basent leur foi sur le ressenti.
Dans une époque où la science a dépouillé la religion du charme mystérieux de l’inexplicable, le chemin emprunté par un Messie contemporain ne pouvait pas être linéaire. Dans les évangiles on raconte que, une fois reçu le Saint-Esprit pendant le baptême, le Christ reçut la révélation et se rendit 40 jours dans le désert à méditer. J’imagine que le fait de se découvrir le fils de Dieu doit donner une sensation vertigineuse, ce qu’il y a de plus proche à la folie. Peut-être même que dans cette errance dans le désert, le Christ doutait de sa propre santé d’esprit, en se croyant irrémédiablement fou. De manière similaire, notre héros doute, hésite pendant toute l’intrigue entre la folie, et l’acceptation du rôle comme sauveur du monde, au point de se perdre dans le désert de la solitude et devenir un clochard. Ce ne sera que dans la résolution de l’histoire qu’il accepte son rôle.
Aujourd’hui, 2014, les religions font de nouveau la Une des médias et, même dans un pays résolument laïc tel que la France, elles rebondissent et s’imposent dans la discussion publique. Le futur fait peur, est incertain. La science est vue avec des sentiments contrastants de méfiance et d’espoir. Souvent idolâtrée par certains, elle est aussi vue comme la cause de la destruction du monde par d’autres. Le film se contextualise donc parfaitement dans la réalité d’aujourd’hui, plonge ses racines dans l’histoire européenne du XX siècle, et se nourrit des nouvelles superstitions contemporaines : les théories du complot mondial.
BONNE LECTURE