Il est rare que je l'affirme mais voici un ouvrage qui prend aux tripes : à l'évidence, tout s'y prête : outre le récit méthodique des événements, on a vraiment l'impression de relire la puissance de
Germinal (toute proportion gardée), exprimée par le 9ème art. Certains séquences sont hallucinantes, que ce soit le désastre en lui-même, l'indigence des secours, l'aveuglement cynique de la direction ou l'évocation du désespoir des familles abandonnées sans ressources.
Et puis, au détour d'une page, voici venir subitement la liste des 1099 victimes de Courrières dans les fosses 2, 3 et 4. Une liste sans fin de la tragédie, où le dessin (faussement "rond") noir et sépia de Loyer redevient aussi dur que ces roches et ces gaz devenus fatals.
Quand l'émotion vient et affleure tel la veine charbonneuse, la lecture, sans citer Jaurès, se refait
Humanité...
Un grand et bel album, peut-être même l'un des premiers indispensables de ce début d'année.