La nature, surtout dans sa version forêt vierge, n'est pas un terrain de jeux lumineux et accueillant. C'est au premier abord, pour les héros citadins de Safari Lune de Miel et leur guide aguerri, un repaire grouillant de créatures hostiles et de plantes toxiques que les brochures touristiques oublient en général de mentionner : araignées cyclopes, mille-pattes géants, anémones de terre, singes télépathes et autres insectes intrusifs. Même les paysages traversés par notre couple d'amoureux et leur guide sont déroutants, avec leurs anomalies spatio-temporelles ou leur construction digne d'un géomètre maniaque fan de M.C. Escher. Les aventures qui attendent nos personnages, entre action bien virile et séquences hallucinatoires, sont prétextes à décrire, en une élégante trichromie verte, une nature fantasmagorique qui se révélera être bien plus qu'un simple décor. Face à cet environnement déroutant, chaque membre du trio d'explorateurs-touristes réagira à sa façon, évoluant vers une acceptation mystique tendance New Age ou, au contraire, campant sur ses positions de citadin exigeant. Jardin d'enfant, Jardin d'Eden, ou monstrueux Jardin des Délices Boschien, chacun verra la nature avec des yeux nouveaux.
Alors attention, c'est assez (très!) décalé, voire expérimental, mais c'est particulièrement délirant et ça fait du bien de sortir des sentiers battus un peu non...?