de Guy Georgou » 04/12/2013 20:31
en lien avec l'actualité de l'auteure, je vous propose d'ouvrir un sujet dédié à son oeuvre, laquelle ne devrait pas en rester là, vu qu'elle est en encore jeune, et ceci malgré qu'elle ne torche pas ses livres à la cadence d'un S....r, loin de là.
Grâce à Acte sud bd, j'ai découvert avec beaucoup d'enthousiasme Rutu Modan, d'abord dans le recueil Short dont elle se détachait avec Gipi, puis dans son premier livre Energie bloquée, recueil d'histoires courtes.
Ca reste pour moi ce qu'elle a fait de mieux. Le dessin, alors, n'est pas juste illustratif, un moyen de raconter une histoire. Il se suffit à lui même. Expérimental, il est beau. La différence avec Exit wound et La propriété est énorme. Il y a deux Rutu Modan, celle d'une époque clairement underground ; puis celle des romans graphique et de l'oeuvre de commande, plus lisse, moins rock'n roll. C'est Exit punk attitude.
Dans Exit wound elle se discipline toute seule et met en place son style grand public d'auteure adulte... Elle adopte cette ligne claire relativement fade, sans ombre, toute dévouée à la lisibilité de la narration. Exit wound m'a déçu et laissé plutôt sceptique sur la suite, même si, phase de transition oblige, il ne pouvait pas être terrible non plus.
La propriété, sa nouvelle BD, est bien plus maitrisée. Graphiquement dans la continuité d'Exit wound, son mix ligne claire-dessin semi réaliste tient la distance, à défaut d'emballer totalement. Il persiste des maladresses qui se voit dans des cadrages imparfaits qui rendent des séquences un peu confuses, surtout dans le premier tiers du livre. Quand elle est inspirée, la comédie dramatique de Rutu Modan est très inventive, bluffante avec une économie de moyen remarquable. Et l'histoire a un attrait éxotique évident. Les personnages, notamment la grand-mère, ont un capital sympathie qui est fluctuant. L'auteure se joue des stéréotypes sur les juifs en allant à leur encontre. Elle est légitime pour pointer du doigt l'hystérie autour du crime d'antisémitisme, très sensible en Pologne apparemment. Après, est-elle préoccuppée plus que ça par la côte de popularité d'Israel... en faisant au bout du compte une BD qui se finit bien et où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, pas sans défaut mais attachant.