cicerobuck a écrit:Un truc que je n'ai vu personne souligner : chaque numéro à une couverture qui reprend une pochette d'un classique des années 90 grunge/punk-rock/noise.
J'aime beaucoup Lemire, mais ayant grandi à cette époque et écouté cette musique, assisté à beaucoup de concerts, etc, j'ai un peu peur que ce soit trop "proche" de moi. J'ai donc pour l'instant fait l'impasse, en attendnat de voir si c'est vraiment un classique en devenir ou pas. Mais j'avoue que le concept me mets un peu mal à l'aise...
Je ne sais pas si c'est un classique en devenir mais je viens de lire les 14 numéros et j'ai beaucoup aimé.
J'avais aussi peur que ça soit trop "proche" de moi.
J'ai aussi grandi à cette époque, écouté cette musique avec l'intensité que l'on peut y mettre à l'adolescence (plutôt jeune adulte en fait, mais bon). Mais surtout, comme les protagonistes de Royal City, j'ai aussi grandi dans le trou du cul du monde, dans un endroit paumé essentiellement structuré par la présence d'une usine qui constitue le seul horizon pour une bonne partie des jeunes. Ca et l'alcool et la drogue. Heureusement, il y avait la musique et les bouquins. Grandi donc avec l'envie de quitter tout ça au plus vite, même si on ne quitte jamais complètement l'endroit où l'on a grandi.
J'ai trouvé que Lemire touchait avec beaucoup de justesse ce que ça fait d'être un adolescent un peu isolé dans un tel environnement.
Ca m'a beaucoup touché et ça a remué plein de choses en moi.
Après, sur le plan de la saga familiale aux multiples points de vue, on pourra dire que certains aspects manquent de développement mais je pense que, même si Lemire aurait pu s'étendre sur beaucoup plus de numéros, l'essentiel est là.
Lemire est sans doute aussi une fois de plus un peu trop gentil avec ses personnages, ça manque un peu de tranchant et d'âpreté, ok c'est vrai, mais un peu de bienveillance parfois ça fait quand même du bien.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"