J'adotre la chronique de celui-ci
Charlotte, pulpeuse rousse italienne à la poitrine opulente, vit en colocation avec Aline, une jolie brune à la poitrine opulente, et Mei Li, une adorable chinoise à la poitrine opulente. Las, les pauvrettes mettent accidentellement le feu à leur appartement et se retrouvent à demi-nues dans les rues marseillaises. Par chance, Charlotte se rappelle que son richissime papa, baron de la mafia napolitaine, possède justement une immense villa inoccupée près des calanques. Ouf, nos héroïnes sont désormais tirées d'affaire et vont pouvoir vivre selon leur plan : profiter au maximum de leur jeunesse, de leur beauté et de leur goût pour les galipettes.
S'ensuit une sombre machination policière pour coincer le père de la nymphette, où l'on croisera une fine gargotière interlope et une magistrate rouée - pas de panique, les jambes de deux mètres de long et les décolletés proches de l'explosion sont de rigueur -, ainsi que divers mâles affolés, marlous de bas étage, pompiers volontaires, flics ripoux, tous faire-valoir des trois grâces. De ce scénario aussi léger qu'un frou-frou de dentelle, rien de saillant n'émerge, ni les dialogues indigents, ni l'histoire abracadabrantesque, ni hélas - et c'est bien le plus dramatique aspect de cette aventure - la moindre grivoiserie un tant soit peu émoustillante pour le cochon qui sommeille chez le lecteur.
L'érotisme tiède qui s'égraine au fil des pages rappellera aux plus nostalgiques les téléfilms soft à la pornographie naphtalinisée des années 80, sans talent, sans originalité, sans transgression. Le dessin plutôt impersonnel et sans relief de Cucca, bien que remplissant parfaitement sa fonction narrative et assorti d'une mise en page dynamique et rythmée, ne parvient absolument pas à redresser la situation, son trait cartoonesque étant finalement peu adapté aux scènes supposément "hot".
Ni les parties fines, ni le récit qui leur sert de prétexte, ni même la vaine tentative de jouer du folklore marseillais - cette vieille imposture voulant que les plus sordides faits se teintent de pateline jovialité dès qu'on s'approche de la Canebière - ne parviennent à éveiller le moindre intérêt pour ce malheureux ratage.
O. Boussin
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)