1) La création de bandes dessinées assistée par ordinateur est en hausse. Pensez-vous que c'est un premier pas pour que ces œuvres restent dans leur support numérique, de la création à la vente ?
Évidemment puisqu'on nous propose maintenant des BD numérisées! Cela, dit, pour être plus expansif: Je pense que... je pense donc je suis. Et si je suis l'évolution actuelle, elle va vers l'amplification du phénomène numérique et l'usage en masse des NTIC, dont la BD papier ne fait pas partie, du moins je crois. Je crois aussi en d'autres choses, mais là n'est pas le cœur du problème que nous nous posons actuellement. Par contre, il y a des choses en lesquelles je ne crois plus, comme le père Noël, mais c'est encore autre chose, si on admet que le père Noël est une chose et pas une personne. Bien sûr, vous me direz que le père Noël, c'est quelqu'un, mais d'un autre côté, c'est avant tout une invention de Coca-Cola importée chez nous. Un e invention est une idée, donc pas vraiment une chose non plus... enfin, au départ c'est une idée, parce qu'après, il faut qu'elle se matérialise, sinon, cela devient une utopie, un rêve, une divagation (alors, que la majorité de la population sait parfaitement que l'on dit "vacation" et non pas "vagation", mais passons). D'abord, la BD est-elle une œuvre? Et bien, à mon humble avis (le seul à être humble chez moi, au point que je me demande vraiment si cet avis émane bien de moi), toutes ne le sont pas. Pas au sens chefs-d'œuvre, pour le moins. Si l'on considère une œuvre comme un ouvrage, une construction faite de main d'homme, c'est déjà plus simple: la plupart des BD sont faites de main d'homme. J'ai rencontré quelques exceptions qui étaient faites avec les pieds, mais la plupart ont une vie fugace, ce qui pourrait nous faire dire que l'ouvrage du pied est fugace, quand celui de la main est plus persistant. Cela ne nous pousse pas bien loin dans la réflexion, car la contradiction arrive vite: pour tenir debout, l'ouvrage est bien plus stable lorsqu'on emploie ses pieds que lorsqu'on emploie ses mains. D'où la constatation souvent faite qu'une BD ne tient pas debout: selon certains c'est le scénario, pour d'autres le dessin, pour d'autres encore le découpage, et pour les derniers, un peu des quatre à la fois. Et, chaque jour, nous faisons ce constat: il est bien difficile de faire tenir une BD debout toute seule. A moins de l'entrouvrir, mais alors ça, ce n'est pas possible avec le numérique: un fichier numérique est ouvert ou fermé, mais je n'ai pas connaissance de fichier "entrouvert". La BD numérique est donc vouée à ne pas tenir de bout de façon pérenne. Et comme de toute façon, la BD est majoritairement faite avec les mains, ainsi que nous venons de le voir, les pas manuels sont très durs. Je ne pense donc pas que la numérisation assistant la création de BD soit un premier pas vers l'utilisation totale et intemporelle du numérique pour ces œuvres, de leur création à leur diffusion. Sauf, évidemment, pour les BD faites avec les pieds, dans ce cas-là, le pas est bien plus aisé. Et, comme par hasard, la BD ayant envahi le numérique sans en partir, c'est majoritairement la BD des blogs, et, en voyant beaucoup d'entre eux, on se dit qu'on aurait fait aussi bien avec les pieds en se cachant les yeux (tant pour le scénario que pour le dessin). De là à trouver un quelconque lien de cause à effet, il n'y a qu'un pas que je ne franchirais pas d'un doigt, et encore moins sur la pointe des pieds.
2) Y a-t-il, pour vous, une différence entre bande dessinée électronique et numérique ? Électronique se rapporte bien évidemment au mot "électron", particule élémentaire de l'atome qui est composé, comme chacun sait, d'un noyau composé d'un ou plusieurs positons et parfois d'un ou plusieurs neutrons (mais pas toujours, lorsque le neutron, refusant de prendre parti, ne vient pas occuper le noyau de l'atome (atome veut dire: "qui ne peut être coupé", en grec)) et d'un ou plusieurs électrons (enfin, parfois, il n'y a pas d'électron non plus, on est en face d'un ion H+) qui forment une couronne autour. Enfin, plutôt des orbitales complexes. On peut savoir, grâce un grand savant qui nous a appris une belle équation, quelques informations sur cet(/ces) électron(s): soit on connaît leur trajet mais non leur position, soit c'est l'inverse. Ce qui est tout le contraire des BD!: soit je sais où elles sont dans ma bibliothèque et je connais alors le trajet qu'elles emprunteront (soit statique dans un référentiel galiléen terrestre, soit un mouvement que je vais leur transmettre pour aller de l'étal à mon fauteuil, où en tout autre lieu que j'aurai choisi), soit je ne sais pas où elles sont (et, généralement, elles ne sont pas dans ma bibliothèque), et il m'est alors impossible de prévoir leur mouvement. Une BD, pour moi, ne peut donc être électronique (heureusement, parce que les jeux électroniques de mon enfance, ben c'était souvent de sacrées merdes!)!
Par contre, une BD qui numérote ses pages, ses planches, ses cases, ses bulles, est tout à fait dans un système numérique classique (décimal). Une BD est donc bien plus numérique qu'électronique (ce qu'elle ne peut pas être, nous l'avons vu!). Mon seul regret est de n'avoir encore vu une BD en un autre système que le décimal. A quand une BD en base 47, ou une BD en hexadécimal? Marc-Antoine Matthieu le fera sans doute un jour. Une dernière remarque: mon avant-dernière assertion est fausse!
Vous auriez pu me le dire plus tôt, ou me le faire remarquer en criant du fond de la salle, mais la plupart des BD sont en base "46+2": dès quels ont atteint le nombre "46+2", on rajoute +1 au numéro du tome, et on repart à zéro dans la numérotation des pages. Ainsi, Pour un nombre de pages compris entre (n-1)46+2 et n46+2, on définit n le numéro du tome! Si, si, si! Avec n compris entre 0 et l'infini positif, n étant un entier naturel non nul, donc.3) En tant qu'auteur, pensez-vous que publier une bande dessinée numériquement serait un suicide financier ?
Je ne suis pas auteur au sens BD du terme. Je suis auteur de nombreux forfaits, de plein de choses dont je préfère garder le secret et de quelques-unes que j'accepte orgueilleusement de partager avec le reste de mes congénères, mais pas de BD à publier. Cela dit, s'il advenait que je devinsse tel que précisé dans l'intitulé de la question, mieux vaudrait que ma production soit publiée numériquement plutôt qu'elle le soit "matériellement" ou sous les deux-formats sus-cités. Ben ouais les gars, faut qu'j'vous mette au jus, j'suis une grosse quiche en dessin. Alors, en numérique, ça peut faire le buzz, ça peut avoir un geek-impact, mais sur papier, quedal! On m'accusera d'avoir gâcher le papier et le WWF me fera des procès qu'ils auront gagné avant même toute délibération du jury! Et de toute façon, je ne pourrais pas vendre de planches papiers. Alors autant que de pauvres crédules dépensent 3,99€ dans ma production publiée numériquement, en la recommandant involontairement à tout leur carnet d'adresse (merci les spyware et autres programmes sympathiques qu'il faudra alors ajouter au fichier BD), plutôt que voir mon bouquin finir au pilon, et moi avec mes avances sur droit qui n'aurait plus que mes pages en papier pour essuyer mes larmes (que tout ceux qui pensaient à essuyer autre chose sortent d'ici, grossiers personnages!). Je conclurai donc en préférant la publication numérique, seule capable avec le loto (et pour une probabilité de réalisation équivalente ou très proche) de me faire remporter le jackpot.
4) La bande dessinée papier coûte cher, plus qu'il y a 20 ans. Quel est l'impact, selon vous, à cette hausse du prix sur le public de la bd ?L'inflation fait que les prix augmentent depuis 20 ans. Et ce pour tout, ma bonne dame! Même le carambar est passé de 10 centimes de franc à 50 centimes d'euro! Près de 30 fois son prix initial (à moins de confondre anciens francs et anciens nouveaux francs, auquel cas le pris s'en retrouverait divisé par plus de 3), ce qui est loin d'être négligeable. La BD est aujourd'hui à 15 euro le grand format, soit, grosso-modo 100 balles ou 10 sacs. Et je ne pense pas que la BD ait un jour été vendue à 3 francs (nouveaux mais vieux), ce qui reviendrait maintenant à 45 centimes, mais plutôt le septuple, soit une vingtaine de francs. Tout cela à condition de parler des albums cartonnés proches de ceux actuellement en vente chez nos libraires, et pas des amas de pages collés entre eux avec une couverture dite souple, à 3 francs 6 sous. Donc, la hausse du prix de la BD est, comparativement, bien moindre que celle du carambar, ce qui laisse à penser que l'amateur de BD est un nanti comparativement au sal mioche aux dents cariées, qui lui a perdu beaucoup de son pouvoir d'achat ainsi que de son pouvoir de nuisance odontologique autogène(et que dire du dentiste!).
Mais, finalement, l'impact majeur de cette hausse du prix de la BD pour le public acheteur (surtout pour l'acheteur habituel), c'est que ce dernier se prend désormais pour un bourgeois riche de biens terrestres intangibles ayant une grande valeur, et ça lui fait prendre un melon monstrueux! En plus, tel un bourgeois gentilhomme, ce salaud d'acheteur est alors persuadé d'être un des rares initiés ayant pleinement accès à la haute culture, et il se tient fièrement au courant de tous les potins du monde des phylactères, prêt à jurer sur le BDM qu'on lui a certifié à la remise des prix d'Angoulême que Hergé avait prévu un nouveau Tintin ayant des aventures se déroulant en terre lisboète.
Finalement, l'impact de cette augmentation du tarif des BD, c'est bien la culture, la culture maraichère même, puisque chaque acheteur cultive désormais précieusement, et avec persévérance, son melon.
5) Quel est votre opinion sur le développement de la bd sur des outils comme l'iPhone ou l'iPad ?Qu'il ira de paire avec le développement des micros lunettes à grossissement adaptable, à moins que les prochaines technologies de lunettes ou de lentilles 3D rendent caduc le problème de la taille de l'écran. Parce que franchement, s'il faut se taper les détails d'un Peynet format timbre-poste, on n'a pas fini de favoriser les myopies dues aux facteurs environnementaux! Par contre, un Snoopy ou toute autre forme de BD humoristique en 1 strip, ça passe très bien au format "matériel-apple pour geek que tout le monde achète pour avoir l'air dans le vent". D'ailleurs, ces BD étaient déjà diffusées dans des journaux sur papier à cornet de frite, donc on peut bien les exposer sur un support riquiqui, les dessins n'ont souffriront pas plus que quand ils apparaissent en transparence avec la rubrique nécrologique de la page d'après (la BD, tout comme la rubrique sus-nommée, sont souvent dans les dernières pages du journal, celles qui vous amènent vers le programme TV pour anencéphales chroniques et les prévisions météorologiques de l'avant veille au soir).
6) Seriez-vous plutôt un partisan d'un site comme "Ave!Comics" (qui vend directement des albums numériques) ou d'un site comme "Izneo" (qui prône, plutôt, la location d'albums) ? Chacun ayant leur point de vue propre sur le respect des œuvres et des auteurs.Ave!Comics, c'est en quelque sorte un hommage au personnage "Comix", héros inconnu de Goscinny et d'Uderzo (à moins que ce soit le petit nom que donne dans l'intimé la belle Falbala à son cher et tendre promis). Salut donc à toi, Tragicomix le bien gaulé! Izneo doit plutôt être extrait d'un trait d'esprit de morpheus à l'attention de Trinity, lorsqu'au regard interrogateur de cette dernière, le grand barraqué répond par un "He's Neo" du plus bel effet, accompagnant l'entrée en scène du jeune élu. Mais, cette réplique, bien que culte dans certains milieux autorisés, n'a aucun rapport avec la bande dessinée!
Par patriotisme, j'achèterai donc l'album entier, de façon à pouvoir le relire plusieurs fois. Mais seulement si c'est un bon album. Cela dit, les bons albums, j'aime sentir l'odeur de leur encre et toucher la douce trame de leur papier. Je n'achèterai donc pas de bon album numérique (ou alors si, mais pour acheter l'album papier après, donc autant louer l'album seulement quelques jours) mais peut-être des mauvais, de ceux qu'on fait avec les pieds pour que les gens ne les lisent qu'une seule fois, aux toilettes assis sur le trône (toujours cette expansion encéphalique des bédéphiles et bédévores qui tiennent à se prendre, chacun dans son petit coin, pour le maître du monde siégeant!) ou dans leur baignoire les tétons affleurant la surface, Adéle point, pardon, à tel point qu'on ne peut encore y mener des objets numériques, de peur de faire une Claude François, ou, pire encore, de perdre par hydraulyse les contacts facebook accumulés dans son Iphone tout neuf!
Ne reste alors plus que le train, où des albums pourraient ainsi être loués sur la durée du trajet (sans surplus en cas de panne, grève ou retard), sur format numérique, de façon à ne pas profiter des reliefs de graisse et de mayonnaise du locataire auquel on succède (ou d'un prédécesseur antérieur, les prédécesseurs postérieurs étant fort rares car il faut pour cela entrer dans une pièce en marchant à reculons, tout en étant pourvu d'un galbe glutéal fort convexe. Encore n'est-ce là qu'un postérieur prédécesseur, et non l'inverse). Mais, ce système de location avait cours un temps pour les DVD, il semble aujourd'hui abandonné. Le truc qui a le vent en poupe, c'est la télé à la demande (dite VOD) ainsi que la musique gratuite si l'on regarde une pub (pour les "anciens", une réclame) (et oui, les soldes d'été approchant, cela fait deux trucs au lieu d'un! Approchez, approchez!). Ce dernier concept n'étant pas encore étendu aux films ni aux albums, tant de musique que de BD. A voir, donc. "Wait and see" comme diraient Phillip et Francis, où "Weight-Watchers" comme dirait Tamara, l'été approchant.
7) Quel est votre opinion sur la journée de mobilisation des auteurs, qui a eu lieu le 5 mai 2010, au sujet de leurs droits numériques ?Que je n'étais pas au courant, mais que, de toute façon, être mobilisés la veille de la Sainte Prudence et surtout 3 jours avant l'armistice, c'est certes mieux que de rester chez soi, mais ça n'a rien de très glorieux ni de très héroïque. C'est vraiment un truc pour dire "j'y étais moi aussi"! Un combat fini d'avance!
D'ailleurs, j'écris juste 3 lignes, histoire de dire "j'y ai répondu moi aussi, et j'ai pas attendu d'être appelé le 18 juin!"
8) Quel est votre opinion personnel au sujet de l'évolution de cette bande dessinée numérique ?Opinion étant un mot féminin, je répondrai que la BD numérique passe par une sublimation du support papier: il faut que la BD numérique prouve qu'elle peut apporter un plus par rapport à son alter ego, en maîtrisant parfaitement les outils de la bande dessinée classique et en ajoutant une petite touche supplémentaire (musique d'ambiance, 3D, interview de l'auteur, possibilité de voir le dessinateur en action sur chaque page, payer un abonnement pour avoir en primeur, page par page, le tome suivant, selon l'avancée de l'artiste et plus vite que dans Spirou, etc.). Mais, pour cela, il faudra sublimer le support papier et ses coquilles, notamment les fautes d'orthographe, de grammaire, de lettrage, etc. La BD numérique peut aussi permettre à son auteur d'apporter ses corrections plus tard s'il le souhaite sur son travail (Ainsi, nous aurions tous actuellement chez nous "l'Île Noire version 7.4", "Tintin au pays de l'Or noir 3.1" et "Tintin et l'Oreille cassée 2.20.100"). Sinon, ben, ce sera un peu comme monéo, le minidisc, la disquette 3 pouces et demi ou le string en fil barbelé: des idées intéressantes mais éphémères, au succès bref.
9) Les blog bd vont-ils s'accroître sur la toile, poussés par ce "futur numérique" ?T'as bien de la chance que j'ai encore de la patience, parce que vu l'heure, j'aurai plutôt tendance à rejoindre mon pieu. Mais bon, la question a une réponse tellement évidente que la voilà: OUI!
Bien sur, avec la baisse du prix de base d'une tablette graphique, avec l'augmentation du nombre de fils à papa surs de s'y connaître en ce qu'ils savent maîtriser de près ou de loin, les blogs vont se multiplier. Le blog, c'est de l'auto-édition (en filant des sous gratos au mec qui a créé la plateforme, bien sur), donc n'importe qui peut le faire s'il se juge assez intelligent pour. Et chacun ne pouvant juger de ce qu'il est doté qu'avec cette même dotation propre en matière grise, chacun se trouve en avoir suffisamment (oui, ça, ce n'est pas de moi, donc si vous n'avez pas compris, demandez à Coluche, il synthétise ma pensée sur ce coup-là). Donc, chacun se pense le droit de publier sur internet ce qu'il veut, donc d'affreux blogs d'ignobles scribouillards (certains n'étant jamais lus) et, heureusement d'autres qui sont de véritables merveilles (je ne cite pas celui-là, dont je ne suis absolument pas l'auteur:
http://flobd.canalblog.com/) et encore moins celui-ci qui m'a, dans sa dernière news, fait dresser les cheveux sur le crâne:
http://www.fpeynet.com/blog/index.php) mais qui n'ont parfois pas l'affluence qui leur est due (ainsi, beaucoup de gens passent à côté de quelque chose) ou qui, au vu de la production, pourrait se tourner vers eux si une diffusion plus ample de l'information existait. Et puis, comme tout media nouveau, l'internet est amené à se développer, pour le pire et le meilleur, et ce, jusqu'à ce qu'il soit supplanté par une nouveauté alors plus attirante. C'est la dure loi de l'évolution (adieu les crieurs publics, les pigeons voyageurs, les informations au cinéma, les messageries roses du minitel, les yaourts "Bio" de Danone et le club Dorothée...)
Voilà mes réponses, qui sont celles d'une heure et d'un jour et qui auraient certainement étaient différentes à un autre moment. A toi d'en faire ce que tu veux!