Que reste-t-il de nos rêves ? - Yumi Sudō

[Bolt]

Diptyque d'une autrice jamais traduite en France, publié ces prochains jours par Atelier Akatombo.

Kyoko est à l’automne de sa vie.

Elle peine parfois à reconnaître les siens. Pourtant, un jour, quelqu’un dont elle se souvient parfaitement lui rend visite. Il s’agit de Mitsu, avec laquelle Kiyoko a vécu une histoire d’amour. Juste après la guerre, lorsqu’elles étaient adolescentes, cette passion a failli leur faire commettre l’irréparable.

La tragédie et les aléas de l’existence les auront certes séparées – malgré des rencontres épisodiques –, mais la magie du récit permettra de remonter le temps jusqu’à ces instants où elles n’envisageaient pas de vivre l’une sans l’autre.

Un récit touchant et délicat, qui nous éclaire quant à la situation des femmes dans la structure sociale et économique du Japon.

Plus d'infos chez l'éditeur.

[Gaston68]

Pour suivre...

[euh... si vous le dites]

J'ai été vraiment emballé par ces deux volumes.
Kiyoko a 85 ans et elle sombre peu à peu dans la sénilité. Son amie Mitsu lui rend visite une dernière fois avant ce qui ressemble bien à l'oubli définitif.
C'est l'objet du premier chapitre et c'est déjà touchant.
Le reste de l'oeuvre va nous emmener à rebours à divers moments de la relation entre Kiyoko et Mitsu, une relation faite de beaux moments mais aussi de regrets, de rendez-vous manqués, de contraintes sociales parfois étouffantes,... jusqu'à l'adolescence et ces sentiments d'absolu dans l'immédiate après-guerre.
Pas de grand suspens ou de grandes révélations au bout du flashback, juste deux trajectoires qui ne sont jamais parvenues à pleinement se rejoindre.
C'est un récit plein de subtilité et de délicatesse
Une vraie belle réussite, d'autant plus qu'elle n'était pour moi aucunement attendue (autrice inconnue chez nous, éditeur "confidentiel").
Je recommande chaudement.

[HervB]

J'ai acheté les deux tomes il y a une semaine car il parait que tout le tirage a été placé et que le tome 1 est en rupture (en attendant les retours librairies qui se feront en masse, je n'en doute malheureusement pas). Il faut que je m'y mette. Mais l'impression numérique me rebute pas mal, ça moire de partout, argl ! Heureusement que c'est du josei et qu'il n'y a pas trop de trames...

[Bolt]

euh a bien résumé le diptyque. J'ai aussi apprécié le développement "à l'envers" des personnalités de Kiyoko et Mitsu, trouvant leurs comportements toujours très justes. Une excellente lecture pour moi également.

[ubr84]

J'ai suivi vos avis élogieux.

Je suis pour ma part un peu resté en dehors. Je ne nie pas les qualités que vous décrivez mais j'ai trouvé le récit "à l'envers" du temps sans grand intérêt (pourquoi ce choix ?) Cela crée un faux suspens sur des tout petits enjeux (comme le doigt en moins de l'héroïne).

Et j'ai eu beaucoup de mal avec les dialogues peu incarnés (même si c'est la personnalité des deux filles d'être un peu mal dans leur vie, un peu en retrait, elle laisse un peu le lecteur en dehors comme le reste des personnages de leurs vies).

Sur le découpage l'autrice m'a complètement perdu à certains moments avec des transitions brutales d'une scène à l'autre.

Bof bof pour moi

[tom pouce]

Un peu du même avis que ubr84.
C'est avec difficulté que j'ai parcouru cette histoire.
Pire, je me suis largement emmerdé embêté pendant cette lecture.

[Bolt]

@ubr84 et tom pouce: Nan mais je ne vous en veux pas, je sais que nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes concernant les mangas

[euh... si vous le dites]

Je suis pour ma part un peu resté en dehors. Je ne nie pas les qualités que vous décrivez mais j'ai trouvé le récit "à l'envers" du temps sans grand intérêt (pourquoi ce choix ?) Cela crée un faux suspens sur des tout petits enjeux (comme le doigt en moins de l'héroïne).

S'il y a bien une chose que je n'ai pas cherché à la lecture de ce manga, c'est un quelconque suspense, qu'ils soit faux ou pas.
Ce n'est pas le ressort sur lequel fonctionne le manga.
J'aime bien l'idée du récit à rebours parce qu'il se termine sur l'adolescence où tout se joue mais, pour elles, rien n'a jamais pu se faire. Ce "tout se joue" incandescent mais qui ne pourra jamais se concrétiser est tamisé par les évènements contés à rebours.
Moi, j'ai trouvé ça très touchant.

Et j'ai eu beaucoup de mal avec les dialogues peu incarnés (même si c'est la personnalité des deux filles d'être un peu mal dans leur vie, un peu en retrait, elle laisse un peu le lecteur en dehors comme le reste des personnages de leurs vies).

Ca ne m'a pas frappé.
Ceci dit, je pense que c'est un sentiment qui doit pas mal dépendre de l'implication du lecteur.
Moi, j'ai été embarqué dès le premier chapitre et à partir de là, je n'ai pas eu de problèmes avec les dialogues.
Peut-être qu'il y a une retenue très japonaise (et pourtant assez peu présente dans de nombreux manga où tout est exacerbé) qui me touche. Less is more.

[ubr84]

Ce "tout se joue" incandescent mais qui ne pourra jamais se concrétiser est tamisé par les évènements contés à rebours.
Moi, j'ai trouvé ça très touchant.
(...)
Peut-être qu'il y a une retenue très japonaise (et pourtant assez peu présente dans de nombreux manga où tout est exacerbé) qui me touche. Less is more.

Tu as parfaitement raison, et cela m'avait touché dans
Je trouve que l'ambiance et les personnages un peu taiseux est similaire même si les deux récits sont trèèèès différents.

Là cela n'a pas fonctionné pour moi, pas grave. Ça m'empêchera pas de suivre vos prochains conseils similaires, avec plus ou moins de bonheur

[tom pouce]

Mauvaise herbe est d'un tout autre calibre.
Ce fut un très agréable moment de lecture.

[HervB]

Mauvaise herbe est d'un tout autre calibre.

Oui, et surtout, le propos n'est pas du tout le même.

J'avais fait une bullechronique du tome 2 il y a un mois et demi :

Kiyoko et Mitsu ont fait connaissance lors de leur dernière année de collège, peu après-guerre. La première venait de Tokyo alors que la seconde était la fille d'une famille du coin. Leur amitié s'est rapidement transformé en amour... un amour interdit ! D'ailleurs, leurs vies ont bifurqué rapidement, l'une n'ayant pas fait les mêmes choix que l'autre. Cela ne les a pas empêchées de se voir à intervalles plus ou moins réguliers. Malheureusement, Kiyoko, à l'aube de sa vie, est frappée de sénilité : elle prend sa petit-fille pour sa fille, oublie de plus en plus les événements qui rythment son quotidien et vit de plus en plus dans le passé. Ses souvenirs remontent petit à petit le temps, jusqu'à ce jour funeste où elles ont failli mourir toutes les deux. C'est ainsi que nous pouvons suivre à rebours l'histoire de Kiyoko et Mitsu...

Ce diptyque a été créé entre 2018 et 2019 par Yumi Sudô, une mangaka très discrète qui officie principalement dans le magazine de mangas à destination des jeunes femmes, Feel Young. Elle y expose la difficulté d'être une jeune fille puis une femme au Japon durant les années d'après-guerre, jusqu’aux années 1980. En utilisant une chronologie inversée, en faisant des bons en arrière de moins en moins longs, l'autrice nous narre la relation d'amitié, qui aurait pu être amoureuse en une autre époque, entre deux femmes qui ont fait des choix de vie différents. Racontée sur un ton dramatique mais sans exagération et avec un grand réalisme, l'histoire de Kiyoko et Mitsu ne peut que nous toucher au plus profond de nous-même.

La lecture du second tome est plus prenante car il y a plus de passion que dans le premier opus. En effet, après une mise en contexte un peu imparfaite, les quatre chapitres suivant sont plutôt démonstratifs sur la difficulté d'être une femme, que l'on décide de rester célibataire ou que l'on choisisse de fonder une famille. Heureusement, comme déjà dit, les cinq derniers chapitres développent la tragédie que vont vivre les deux jeunes filles. Yumi Sudô remonte ainsi le temps de façon subtile et réaliste, sans en faire trop. Bien entendu, la fin est un véritable crève-cœur, et il faut penser à avoir des mouchoirs à portée de main. Pourtant, nul pathos mais une dure réalité... Dommage que cette excellente œuvre soit quelque peu gâchée par une réalisation indigne des standards actuels entre un lettrage catastrophique et une impression numérique qui bouche toutes les trames et dégradés.