"Les enfants du 20e siècle" aurait pu être une traduction suffisamment classe et tout aussi accrocheuse. Enfin bon je dis ça je dis rien.
On s'en rend peut-être moins compte à la lecture des mangas, mais ceux qui sont familiers des animes (peut-être plus encore en v.o. sous-titrée je pense) en font régulièrement l'expérience, en particulier sur des séries fantastique ou de SF. Comme dit plus haut par Kiluuna, les Japonais doivent trouver que l'anglais "ça fait classe". Du coup dès qu'il s'agit de (sur)vendre un peu ou de mettre en valeur n'importe quel concept, hop, ils basculent dans une langue de Shakespeare prononcée avec un accent qui fait mal aux oreilles (mais fait du bien à l'ego, car on se dit qu'il est impossible que qui que ce soit, même chez nous petits
froggies, prononce l'anglais plus mal que ça). Ainsi de la "death note" que trouve le héros de la série du même nom, ou du "ghost" des robots dans
Ghost in the Shell.
À noter tout de même qu'il ne faut pas tout mettre sur le dos de ces braves Nippons. Qui dit traduction (en français) dit choix de traduction. La pratique d'ajouter un "titre international" en anglais au titre original ne concerne pas que le Japon et pas que le manga. C'est par exemple une pratique courante dans tout le cinéma asiatique. Or, la majorité des films asiatiques qui sortent en salles en France, me semble-t-il, le font sous un titre traduit en français. Donc pourquoi pas les mangas ? Quant à leur contenu, il revient à chaque traducteur de s'interroger sur le fait qu'il "aplanisse" tout en français ou qu'il conserve ces bizarres inserts d'anglais au milieu des dialogues. Pour revenir à l'exemple du "ghost", on peut juger que le garder en anglais fait passer pour le lecteur hexagonal la même touche d' "étrangeté" sensible au lecteur de l'archipel... mais il est tout aussi défendable de juger qu'une traduction par "âme" ou "esprit" clarifierait les enjeux et ne serait en rien préjudiciable au succès de la chose ("L'âme dans la coquille", ça ferait d'ailleurs un joli titre).
Enfin, on peut aussi penser au cas du génial
Lone Wolf and Cub pour laquelle Panini avait choisi de s'appuyer sur la version U.S., la série étant assez culte outre-Atlantique mais à peu près inconnue des lecteurs français. Donc titre en anglais, reprise des couvertures anglaises (les premières étant dessinées par Frank Miller), mais aussi onomatopées anglaises, et surnom du héros apparaissant en anglais, ce qui faisait sacrément tache au milieu d'une BD hyper-documentée sise dans un Japon du 17e siècle très réaliste. Face aux récriminations des fans, ce dernier point a évolué au cours de la publication française de la série et petit à petit on est passé dans les dialogues de "Lone Wolf and Cub" à l'horrible barbarisme "Lone Wolf et Cub" puis enfin à une présence dominante du pseudonyme du héros, OGAMI Itto, qui se fait appeler OKAMI Kozure, et de sa traduction littérale : le loup solitaire et son petit. Un long combat... mais qui pour le coup n'est aucunement le fait des auteurs originaux (qui n'avaient pas eu recours à l'anglais), mais uniquement de choix de traduction locaux.