Parfois, en lisant mes BDs, je me demande pourquoi est-ce que telle ou telle histoire est fabuleuse avec ce support qu'est la BD et ne pourrait pas être transcrite dans un autre medium ? Et inversement, pourquoi telle ou telle histoire est bonne ou simplement sympa mais au final, le support BD ne la transcende pas ?
Bref, qu'est qui fait que le support BD est meilleur qu'un autre support (cinéma/télé, roman, voire même jeux vidéos) pour décrire une histoire ?
Autrefois, on pouvait dire que la seule limite aux décors/actions d'une BD était l'imagination de l'auteur/dessinateur. Il me semble que ce n'est plus vrai aujourd'hui avec la performance des effets spéciaux au cinéma. Bon, ça reste moins cher, mais ça en jette certainement moins qu'un décor plein écran dans une salle cinéma. Dans un roman, il n'y a pas de limites non plus, sauf l'imagination du lecteur.
Les dialogues peuvent être un point fort d'une BD, comme chez Lupano dans Les Vieux Fourneaux ou dans Ma Révérence ou encore chez Ayrolles dans De Cape et de Crocs. Mais le cinéma n'est pas en reste (écoutez les dialogues de Audiard) et les romans non plus. Bref, c'est pas typique au medium BD. Sauf, peut-être pour de Cape et de Crocs, où j'aurai, je pense, du mal à concevoir ces dialogues en dehors d'une BD.
Il reste que sur la BD, on peut s'attarder sur les dialogues et les lire et relire pour bien en apprécier la saveur. Ce qui n'est pas le cas au cinéma (au nombre de dialogues dans un film, beaucoup passent à la trappe finalement). Mais les romans peuvent aussi se savourer.
Je trouve que la BD est transcendée par le storyboard. C'est l'essence même de ce medium. Là dedans, je vois Ayrolles/Maïorana comme du fabuleux (oui vous allez dire que je fais une fixette sur Ayrolles, mais bon, il le vaut bien, non). Garulfo et D sont vraiment bons, avec des enchaînements de cases exceptionnelles. Par exemple, la première page du dernier tome de Garulfo avec la descente dans le décor pour arriver à la dernière case sur l'apparition de la sorcière dans le reflet de la cabane dans l'eau (cabane qui apparaît dans la 1ère ou 2ème case de cette même page), est tout simplement magique !!!!
La BD permet aussi de facilement revenir en arrière durant la lecture pour retrouver telle ou telle scène, tel ou tel dialogue. Ce qui est difficile voire impossible en film ou en roman (ouais, retrouvez tel détail dans les 872 pages du roman et qui se trouve d'ailleurs à la page 10, que vous avez lu il y a bien plus d'une semaine). Bon, après faut aussi que l'histoire se prête à ce genre de retours. On peut donc éventuellement complexifier une histoire pour une BD sans que le lecteur soit trop perdu.
Pour retranscrire des scènes d'action, il me semble quand même que le cinéma est un cran au-dessus, de même pour créer des émotions comme la peur et le suspense chez le spectateur (l'image, la bande-son, le fait de ne pas pouvoir jeter un oeil indiscret sur la prochaine case). Même si mes lectures de Yiu et Yiu Premières Missions m'ont fait l'effet d'un choc (dans le bon sens) à l'époque de ce côté là (mais il y avait aussi tout l'univers qui m'ont fortement plu et plein d'autres choses aussi). Mais voilà, c'est un bon exemple. Est-ce que ces BDs, via le cinéma, ne serait pas transcendée ? Est-ce que le cinéma ne donnerait pas plus de "force" à ces histoires ?
Les romans permettent de bien entrer dans la psychologie et les émotions des personnages via la description des lieux vus par les personnages ou encore les pensées des personnages. La BD doit se concentrer sur les dialogues pour exprimer cela. C'est beaucoup plus restrictif et difficile. Les émotions passent aussi par les expressions des visages. Mais est-ce qu'une seule case de BD est aussi forte qu'un plan sur un acteur ? Les mangas ou les comics qui peuvent se permettre de nombreuses pages pour leur histoire peuvent se rapprocher de plans séquences du cinéma et exprimer des émotions.
Et vous, vous en pensez quoi ? Dans quoi est-ce que le support BD est meilleur qu'un autre ? Dans quoi est-ce que le support BD est moins bon qu'un autre ?
