Eva Müller et la mort, c'est toute une histoire. Une histoire qui commence dès sa plus tendre enfance, dans un petit village au fin fond de l'Allemagne des années 80. Elle raconte sa première angoisse, et en filigrane sa peur du lendemain, où chaque lieu, instrument, maladie est potentiellement mortelle.
Dans un article consacré à l'artiste sur un site danois (merci google trad), elle évoque son enfance sans issue de secours si ce n'est la pratique du dessin, son métier de travailleuse sociale comme seul débouché professionnel, puis son arrivée à Hambourg où elle prend part à la communauté punk hardcore locale, et pour laquelle elle dessinera flyers, affiches et pochettes de disques. Ses amis la poussent à postuler à l'université d'Hambourg où
Anke Feuchtenberger (publiée naguère à L'Association) et
Birgit Weyhe et (publiée en France chez
Cambourakis) la prennent sous leur aile. En résulte le projet d'études
Sterben ist echt das Letzte qui sera publié en 2017 avant de trouver son chemin dans les librairies francophones cette année.
Armée de ses 3 crayons de couleurs, Eva Müller chasse le blanc par ses hachures discrètes et sculpte des visages à l'air maladif. Elle aime s'échapper de temps à autres du classique gaufrier pour s'amuser de morbides icônes chrétiennes. Se libérant du carcan de la biographie linéaire, l'autrice parle de son (non-)quotidien sous le spectre de la faucheuse, s'imagine en future vieille punk à chiens aux dents pourries, fait un aparté sur le sokushinbutsu, ou encore donne la parole à son frère.
Et c'est en multipliant les points de vue qu'Eva Müller désacralise son angoisse, elle s'amuse de la perception des autres sur le sujet, peut-être constate-t'elle que la mort rapproche les vivants et qu'elle pourra faire la paix avec elle.
