
Je trouve ça surprenant : Derib a une longue carrière derrière lui, commencée schtroumpfement aux côtés de Peyo dans les années 60, poursuivie avec Rosy pour les aventures d'Attila, et a selon moi créé l'une des séries les plus marquantes de la franco-belge (ou belgo-française comme il l'appelle lui-même, assez justement) avec la saga Buddy Longway.
Je fais partie de ceux (j'avais l'âge...) qui ont découvert le jeune trappeur à son arrivée dans un hors-série de Tintin, et j'ai tout de suite eu le sentiment de lire quelque chose de nouveau, ce qui s'est confirmé au fil des albums -- quelques années plus tard le Jonathan de Cosey m'a fait le même effet (en plus barré, disons, mais le même parfum de jamais-lu)...
Certes avec le temps les Buddy Longway se lisaient de plus en plus vite, mais c'était clairement un choix artistique, et la profondeur du propos ne manquait jamais. Derib s'est en outre offert le luxe de mener le destin de son héros jusqu'au bout de la piste (imité en cela par Cosey puisque ce dernier a lui aussi bouclé la boucle pour son personnage).
Accessoirement je trouve que derib est le meilleur dessinateur de conifères ex-aequo avec Hermann : chez l'un comme l'autre, l'encre des album sent bon la résine !
Perso je ne l'ai pas suivi dans la saga Yakari (j'ai jamais eu l'âge...

Outre qu'il a créé avec Greg une épopée que je relis toujours avec plaisir avec Go West, et pour Achille Talon magazine une aimable fantaisie où je ne l'attendais pas, les Ahlàlàààs, Derib a également collaboré avec Christian Godard.
Par ailleurs il n'a pas hésité à se lancer dans des projets à long terme, en témoigne Red Road ; et loin de se contenter de ses succès éditoriaux, il s'est coltiné des sujets sociétaux pas évidents avec "Jo", "Pour toi Sandra", "Dérapages", dont pour ma part je trouve qu'il les a très correctement traités.
En relisant sa fiche dans la BEL je constate que je n'ai même pas cité toutes ses publications (j'avoue ne pas l'avoir suivi non plus dans ses albums consacrés à divers vaches et chevaux, et j'en passe). Il s'est même fendu d'un vade me cum de l'auteur de BD.
Quand je pense à Derib j'ai l'image d'un auteur dont la BD constitue une passion de toujours et qui a utilisé ce moyen d'expression dans des directions auxquelles peu de ses confrères se sont aventurés.
Derib me semble un auteur discret qui ne fait pas parler de lui (pour ce que j'en sais) mais je crois que sa carrière mérite bien qu'on lui consacre un topic, et pour mieux faire sa connaissance je me permets de recommander une monographie ainsi que des sortes de mémoires :
Derib, c'est bien -- lisez-en !
